☞ 11 - Non, je boude pas !

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Deux semaines. Ca fait deux semaines que Gabriel m'a embrassé dans les toilettes du bowling. Et ça fait deux semaines que je refuse toutes les sorties que Adé propose sur le groupe, pour éviter un maximum de croiser cet égoïste aux cheveux roses. Après que je sois sorti des toilettes en claquant bien la porte derrière moi, je me suis contenté de récupérer mes affaires sur le banc près de notre piste, et je suis parti sans dire un mot. J'ai entendu Adé me rappeler en gueulant, et Doug a tenté de me retenir pour savoir ce qui n'allait pas, mais je suis parti aussitôt qu'il m'ait lâché. Je ne me sentais pas vraiment d'expliquer ce qu'il s'est passé. Parce que même moi, je ne comprend toujours pas ce qui m'est arrivé ce jour-là. Je ne comprend pas pourquoi je me suis énervé ainsi, mais même quand j'y repense, ça me met en rogne.

Assis sur mon lit, les yeux levés vers mon plafond parsemés d'étoiles (c'est faux bien sûr, y'a juste des taches de moisi), je laisse mon téléphone vibrer à côté de moi, alors que je fulmine intérieurement sur ce qu'il s'est passé. Je sais que je devrais arrêter d'y penser, mais ça ne veux pas me sortir de la tête. Je repense sans arrêt à ce baiser. Mes doigts frôlent mes lèvres en me remémorant la scène. J'ai aimé ce moment. Beaucoup trop, même. Et c'est ça qui me perturbe. Je ne devrais pas l'avoir sans cesse dans ma tête, mais c'est plus fort que moi, il ne veut pas en sortir.

Trois coups à la porte me sortent de mes pensées. Je ne réponds pas. Je veux rester seul avec moi-même, si ce n'est pas trop demandé ! La porte s'ouvre sur la pistache qui me sert d'assistance sociale low-coast, et je soupire. Merci, je me sens écouté et compris Jordan.

« - Ah oui ? Qui est la fabuleuse personne qui arrive à te comprendre ?

-...Putain. Il faut vraiment que je te parles Jordy, rien ne va plus.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive mon sucre d'orge ? »

Je m'étouffe avec ma salive, tandis qu'il s'assied tout naturellement à côté de moi, sur mon lit.  "Mon sucre d'orge", j'ai jamais appelé Victor comme ça, il faudrait vraiment que j'essaie, au moins pour voir sa tête. Oh j'ai encore mieux, je dois dire à Arion de l'appeler comme ça. Je rêve de voir la gueule de Victor si il le fait. Et je sais qu'il le fera, ce gamin est trop con, il croirait vraiment que son petit brun d'amour adore qu'on l'appelle comme ça. En même temps si c'est Arion qui l'appelle comme ça, c'est pas improbable. Bref, je me tourne vers ma pistache préférée pour lui parler, enfin, de mon vrai problème d'élocution, parce que c'est plus possible, un jour je vais vraiment faire une gaffe, si ce n'est qu'elle est déjà faite.

« - Jordy, t'as pas remarqué que je parlais souvent tout seul à voix haute, en ce moment ?

- Ah bon ? Tu le fais pas d'habitude ? »

...Ah. Merci Jordy, ça fait plaisir de voir que je suis con depuis bien longtemps que je ne le pensais, yes. En plus de ça, personne n'a eu l'intelligence de me le dire, sympa. Qui sait le nombre de bourdes que j'ai faites sans le savoir ? En fait, il faut que j'arrête de penser, comme ça plus de risques.

« - Non mais Jordan, encore plus que d'habitude, je veux dire. Tu ne vois pas ?

- Maintenant que tu me le dis...Xav-chou m'a dit que tu te parlais à toi-même il y a un peu plus de deux semaines. C'était le jour où tu es rentré de chez ton ami Adé, vous vouliez préparer un fête ou je ne sais plus trop quoi... Et donc ? Pourquoi tu me demandes ça ?

- Bah...c'est grave, non ? Imagine que je sois au courant d'une information confidentielle du FBI et que sans le vouloir, je la dis à voix haute et qu'il y a quelqu'un à côté de moi à ce moment-là ! Je pourrais finir zigouillé par tous les services secrets américains !

- Sérieusement ? Tu connais une info du FBI ? Et tu ne nous l'as pas dit ? »

...Jordan. T'es con ou tu le fais exprès ? J'ai l'impression de parler à Claude. Au regard émerveillé qu'il me lance, je crois que je vais plutôt opter pour la première option. Il est adorable, mais qu'est-ce qu'il est crédule, mon dieu. Je ne sais pas si je dois vraiment lui dire la vérité ou non, il a l'air fier de savoir que son petit poulain a réussi à infiltrer les documents du FBI...Ouais mais en même temps j'ai pas envie qu'il aille raconter n'importe quoi dans tout l'orphelinat, et surtout que Claude vienne me faire chier avec cette histoire.

«Taquine-moi» | RanmasaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant