«Taquine-moi» | Ranmasa

☞ 16 - Ces lumières qui illuminent ton corps

Me voilà, les yeux dans le vide à observer le soleil se cacher lentement derrière les collines proche de l'internat, ressassant les évènements d'il y a deux jours. Nous avons encore échangé un autre baiser et quelque chose me dit que ce ne sera pas le dernier, enfin j'espère. Plus le temps passe et plus je prends conscience des sentiments qui me hantent. L'attirance mais surtout la colère que je ressens envers le rose me met dans tout mes états, à tel point que j'ai l'impression d'en perdre la tête. Qui serait assez fou pour tomber sous le charme de celui qu'on hait le plus ? 

« - Le petit Aitor Cazador est appelé à revenir parmi nous, je répète le petit Aitor Cazador est...

- Ouais ça va, on a compris ! »

Adé, toujours, encore et à jamais lui. Comme la Terre et la Lune, le voilà à tourner autour de moi, avec plusieurs vêtements en main, afin de se préparer pour une soirée à laquelle, dieu merci, je ne suis pas invité. Celui-ci me regarde, une cravate verte fluo dans une main et une bleue avec des poissons dans l'autre, me demandant silencieusement de choisir. Le dilemme entre moche et moche, en fait. S'il veut mon avis il ferait mieux de les jeter à la poubelle avant de rendre l'ensemble de la boîte aveugle. 

Ah oui, ce soir c'est boîte. C'est un boîte autorisée aux mineurs, ne vous inquiétez pas Adé est un thug des bacs à sable mais pas trop quand même. Bref, laissez Aitor Cordula gérer le petit problème de style de notre ami pêcheur.

« - Sinon sans cravate c'est bien non ? Ça t'évitera d'avoir chaud, de la retirer et de la perdre, ce serait dommage non ?

- T'as raison, je laisse tomber la cravate ! »

Voilà ma bonne action de la journée. Maintenant il ferait bien de vite déguerpir d'ici car j'ai un trouple qui n'attend que moi : mon doudou, mon paquet de chips et mon ordi. Des vacances ne sont pas réellement des vacances si on ne passe pas au moins une journée entière à rien faire, même si c'est en quelque sorte mon quotidien. Et alors ? Qui ne rêve pas de vacances éternelles ? 

« - Tu ne te prépares pas ?

- Je suis censé le faire ? »

Ah parce qu'au final j'étais invité, première nouvelle !  Depuis quand on ne prend même plus la peine de me prévenir pour les « activités », maintenant ? Je sais que j'ai tendance à venir même si je suis loin d'en avoir envie mais de là à ce qu'on ne prenne même plus la peine de me poser la question, ça me vexe. Les sentiments de mon pauvre petit coeur comptent-ils si peu dans ce monde de brutes ? Alors que j'allais rétorquer qu'il était hors de question que je mette un pied là-bas, voilà qu'il me coupe et me hurle dessus. 

« - Dépêche, on va être en retard, les gars vont nous attendre ! »

Je crois que mon avis compte pour du beurre...SEND ME HELP !

~~~~~~~~~~~~~

Deux heures. Deux longues heures que je suis assis à cette table collante car Adé s'est trompé sur l'horaire. Deux heures que je le fusille du regard pendant que lui discute tranquillement avec Eugène qui vient d'arriver il y a cinq minutes. Les autres nous ont rejoint entre-temps et ils étaient tous à l'heure. Pas comme d'autres, ne te sens surtout pas visé Adé !

Un long souffle s'échappe de moi. Je regrette de ne pas avoir feint un malaise. Ça m'aurait évité d'entendre cette musique de mauvais goût et de voir tous ces gens danser n'importe comment dans la boîte. C'est si compliqué que ça de danser sans donner l'impression de faire une crise d'épilepsie ? Je vais leur montrer, moi, ce que c'est d'avoir du style !

Je me lève, déterminé à tous les éblouir par mon swag mais mon regard est attiré par l'entrée de la boîte. Il est là. Encore plus éblouissant que d'habitude. Vêtu d'un simple tee-shirt, simple jean, mais on ne voit que lui. Ces lumières qui éclairent son visage lui donnent un air angélique. Me voila prisonnier de son regard. Ces deux perles d'un charme célestin qui ne cessent de briller, plus puissantes que ces lumières artificielles. Un frisson me parcourt le dos.