« O vous qui avez cru! Quand on appelle à la Salât du jour du Vendredi, accourez à l'invocation d'Allah et laissez tout négoce. Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez!
Puis quand la Salât est achevée, dispersez-vous sur terre et recherchez [quelque effet] de la grâce d'Allah, et invoquez beaucoup Allah afin que vous réussissiez. »
Ce verset, Nafi savait ô combien je me le suis approprié, elle me l'envoyait chaque vendredi avant de me renouveler son amour et attachement.
Ce vendredi, je devais aller à la prière sans même savoir comment allait cette belle et pieuse dame à qui j'ai confié mon cœur.
J'étais nostalgique et très pensif, je retournais revoir nos discussions avec l'espoir de tomber sur un nouveau message venant d'elle, malheureusement pour moi rien y fit. Alors, je me suis mis à relire notre discussion du vendredi passé :-Hello Pa, tu ne vas pas tarder le Jumah aujourd'hui j'espère?
- Chérie Nakamu? Lol non je ne pense pas, j'irai un peu tôt.
- Hum, tu vas prier pour moi, et n'oublie pas d'être attentif au sermon, j'attends mon compte rendu.
J'étais habitué à lui narrer tout le sermon de l'imam, c'était souvent l'objet de nos discussions après la prière.
Elle n'hésitait jamais à me balancer «wa pa imam lumu wahonn si lii » « qu'est ce que l'imam avait dit à ce propos »? quand je faisais des choses contraires à ce que imam disait, avant que je ne lui rétorque
«Boul lall fofou bae » « hey stp épargne moi ça »- Finalement chérie je vais arrêter de partager avec toi le sermon, si ça t'intéresse autant vas-y prier. Lui rétorquais-je.
-Bul deff lolou Pa, tu sais que yayy sama xaritt? Ne fais pas ça Pa,tu es mon ami tu sais?
...J'avoue qu'elle savait que je l'aimais beaucoup et que j'étais très sensible à ces mots.
Je ferma les yeux et me suis mis à revivre nos moments, elle est si romantique, sincère et candide avec un sourire qui me rappelle toujours les «hurul ayni » sans les avoir vu.
Nous avons tous une fois aimé et avons été habitués à des choses qui, après la rupture, nous rappellent toujours cet être aimé.
Vendredi était finalement devenu trop pesant pour moi. Je deviens pensif toute la journée.
Je n'en pouvais plus, il me faut faire quelque chose, mais quoi?
Qu'est-ce que je peux bien faire devant ce silence de cimetière?
Nafi lisait tous mes messages mais ne me répondait pas.
Je me rendais compte que mon orgueil et ma fierté m'avaient quitté depuis belle lurette. Qu'est-ce que je n'étais pas capable de faire pour que cette situation ne perdure?
Je me suis découvert patient, et très tolérant. Mais j'étais convaincu que je devais faire quelque chose.
Pourquoi ne pas aller chez elle?
Mais comment l'avertir sachant qu'elle ne répondait pas à mes messages?
J'ai pensé à plusieurs choses mais doutais toujours de leur efficacité.
Finalement,Je me suis convaincu d'aller chez elle.Il était 14h30, je venais de finir la prière et me dépêchai pour aller voir Nafi, sans l'avertir.
J'ai beaucoup hésité avant de me convaincre de prendre la route qui conduit à la demeure de cette belle dame que je ne comprenais plus depuis quelques temps.
Six mois que nous nous sommes connus, jamais je ne me suis présenté chez elle sans l'avertir.
Comment le prendra t'elle? Était t-elle chez elle? Pourquoi je faisais tout ça, après tout elle n'est pas l'unique femme sur terre?
A cette question, une voix inaudible semblait me répondre, je me suis tû un moment et me suis dit : «Papa, n'exagère pas stp! C'est vrai qu'elle n'était pas l'unique femme au monde, mais elle était, en ce moment précis, la seule qui pouvait te perturber à ce point et te mettre dans cet état. »Un léger sourire était visible sur ma face, et je poursuivis mon chemin. Je ne devais pas être aussi polémique avec moi même.
L'appartement de Nafi n'était pas loin de la grande mosquée de Mermoz où j'ai prié ce jour, il me fallait juste rembobiner à gauche puis à droite à la dernière ruelle avant la VDN pour avoir l'immeuble à ma droite. Nafi habitait au troisième étage; je pouvais m'y rendre les yeux bandés.
Les questions reviennent encore et cette fois-ci je me remets en cause.
Quelque chose me disait que c'était pas une bonne idée, j'ai senti aussitôt une chaire de poules. L'air devenait plus frais à cette heure où la canicule faisait que beaucoup ont choisi de prier chez eux, il faisait extrêmement chaud, moi même j'ai hésité avant de me convaincre d'aller à la mosquée, on ne le dit pas très souvent mais à l'heure de la prière on dirait que la température augmente.
Qui sait?
Peut être c'est pour démotiver certains dont la foi ne tenait que sur un fil de coton.
Mais bon, la croyance est tellement intime qu'il ne faut jamais entrer dans la relation de l'humain et de son créateur.Je monte les escaliers malgré toutes mes questions. C'était toujours difficile de les prendre, je ne comprendrai jamais ces promoteurs immobiliers qui ne pensent presque jamais aux personnes à mobilité réduite ! Comment un tel immeuble peut ne pas disposer d'ascenseur?
Mais bon dans ce pays chacun fait ce que bon lui semble. Déjà que je n'étais pas bien placé pour faire entendre raison à ces milliardaires, je ferais mieux de me trouver un boulot au lieu de tout le temps prêcher le normal.
Ça aussi, ce n'était pas de ma faute. J'ai vraiment fait tout ce qui était de mon ressort, maintenant si dans ce pays, il faut avoir un bras long pour accéder au travail ce n'est non plus pas de ma faute.Je n'imagine pas la galère de ceux qui sont au sixième, à peine arrivé au troisième. Nafi était dans l'appartement 3A, la peur hantait mon esprit, je ne savais pas comment est-ce qu'elle allait se comporter quand elle me verra.
Malgré tout j'appuie sur la sonnerie,
« ting tong »
« Ting tong »
du fond de la maison on pourrait entendre le son, mais je n'entends aucun bruit de chaussures.
Est-ce qu'elle est là? Au moment de me poser cette question j'attends des pas.
C'était Nafi qui marchait comme ça, de mille bruits, j'arriverai à identifier celui des pas de Nafi. Maintenant vous comprenez quand je vous dis que je l'aimais, cette belle dame ?
« Cric cric »
« Cric crac »
La porte s'ouvre je tombe enfin sur ce beau visage qui me rappelle la beauté de la reine de Saba, avec un voile magnifique et la marque de prière sur son front, chapelet à la main, On pouvait facilement deviner qu'elle venait de finir la prière.
Aussitôt qu'elle m'ait vu, elle claqua la porte avec force et tourne la clé à double tour avant que je n'ose poser ma main sur cette dernière.
Oh non, qu'est-ce qu'elle venait de faire là?
Je n'arrivais plus à ordonner les choses dans ma tête, tout était flou et sombre, même mes larmes j'ai pas réussi à les retenir,🙈Felwine Sarr n'avait pas tort d'assimiler l'amour à une blessure dont le goût tient de l'aigre-doux du Maad, un possible jamais complètement réalisé, Un deuil, bref, un écho qui sourd d'une cavité condamné ad vitam aeternam à la béance.
Suis-je entrain de perdre Nafi? Oh non! pas ça seigneur😭😭😭😭😭😭😭😭😭😭
Ps: vos commentaires sont les bienvenus