Chapitre 7

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Le Chef me demande de venir et je m'assoie sur le sol à côté de lui:
Chef: Je ne te connais pas encore et je ne te fais pas encore tout à fait confiance, je vais expliquer mon idée aux membres de la brigade mais je ne veux pas que tu l'écoutes alors va faire un tour quelque part.
Shihiro: Je peux aller ou je veux?
Chef: Non, tu dois rester dans cet immeuble mais tu peux aller n'importe où. N'importe où mais pas ici, juste le temps que je fasse ce que j'ai à faire.
Shihiro: Donc ça veut dire que je peux aller parler au jouet de Feitan? Ou encore monter sur le toit de l'immeuble?
Chef: C'est exactement ce que "n'importe où sauf ici" veut dire, je te félicite.

Mais c'est un petit marrant le Chef dit donc, je vais garder ça dans un coin de ma tête. Je lui souris en le remerciant de me laisser aller parler à Fukuto. Je me dirige vers la nouvelle chambre de mon ancien collègue mais peu avant d'atteindre la porte, un homme gigantesque avec de très longues oreilles m'interpelle de loin et s'approche de moi. Il me demande d'excuser les autres membres de la brigade mais qu'ils se méfient des inconnus alors ils ont tendance à rester sur leurs gardes. Je lui souris, le remercie de m'avoir dit ça et lui demande son nom. Il s'appelle Franklin et alors qu'il commence à me dire quelque chose, le Chef appelle tous les membres de la brigade.

Je le remercie encore une fois et me retourne vers la porte de la pièce où est enfermé Fukuto, j'ouvre la porte et il me regarde, toujours enchaîné à une chaise. Il a un coquard sur l'œil, la lèvre du bas fendue, une trace de brûlure sur la joue et je n'ose pas imaginer son corps. Je m'approche de lui pour enlever le bâillon qu'il a autour de la bouche, son regard est froid et remplit de haine. Je vais m'assoir en face de lui sur le sol puis ramène mes jambes sur mon torse pour les entourer de mes bras. Un étrange sentiment de gêne et de honte m'envahit. Mais qu'est-ce que je fais ici, genre, dans cet immeuble? Avec ces gens? Ce sont des tueurs nés, je n'ai aucun point commun avec eux. Après quelques secondes de silence pesant, je finis par le briser en baissant la tête dans un petit chuchotement:
Shihiro: Je ne pense pas avoir besoin de te demander comment ça se passe, je pense le voir assez bien comme ça.
Fukuro: Qu'est-ce que tu fais là?
Shihiro: En réalité je ne sais pas trop... Je pensais ne pas avoir à m'en faire pour toi, mais maintenant je ne sais pas... Te voir dans cet état me gêne. Je suis pieds et poings liés, je ne sais pas quoi faire. Je risque ma vie, rien qu'en te parlant mais on a aucune chance de s'en sortir vivant si on fuit. Les gens ici sont de vrais tueurs, rien à voir avec moi, et dans ton état je ne pense pas que tu puisses faire grand-chose...
Fukuro: Je te remercie, c'est beaucoup trop aimable de la part de quelqu'un qui à manger un de ses coéquipier la veille et qui a laissé les autres se faire tuer sans état d'âme.

Je me tais alors, morte de honte. Je pense avoir largement assez de remords comme ça pour que quelqu'un m'en rajoute encore:
Shihiro: Je... Je ne sais pas quoi te dire. J'ai essayé de faire ce que j'ai pu pour éviter ça du sens ou je leur avais dit d'attendre mais ils pensaient en avoir pour quoi, 5 minutes à s'occuper d'eux mais comme d'habitude personne ne m'a écouté. Alors tant pis pour eux, je n'ai effectivement rien fait pour les aider, certes, mais même en sachant qu'ils allaient mourir ils ne m'ont pas demandé d'aide. Avant même que je ne comprenne ce qu'il se passe, Inu et la sangsue étaient déjà morts. Qu'ils reposent avec leur fierté. Et Inu savait très bien comme je suis et il n'a jamais exprimé le souhait que je ne "l'absorbe" pas. Je pense même-
Fukuro: Tu rigoles j'espère? Tu as toujours demandé de le manger, à chaque fois que tu le voyais tu lui demandais! Et je ne pense pas qu'ils avaient explicitement besoin de te dire qu'ils avaient besoin d'aide pour que tu les aides.
Shihiro: Je comprends la haine que tu as envers moi mais s'il te plaît arrêtes de me le rappeler, ils sont tous morts en 2 secondes, je te l'ai déjà dit. Je n'avais aucune chance contre eux et tu le sais. Ma seule erreur est de ne pas avoir essayé de fuir quand je le pouvais encore.

Il tourne la tête et ne répond rien. La discussion est close pour lui, il ne me répondra plus. Je relève la tête pour plonger mes yeux dans les siens. Même si je comprends son ressentit, je ne peux pas accepter son comportement:
Shihiro: Fukuro, je m'excuse. Je m'excuse sincèrement pour tout ce que je vous ai fait et pour tout ce que je vais faire. Et comprends que je refuse de t'aider, même sans te laisser partir j'aurais pu t'aider à en finir maintenant, mais vu ton comportement je ne pense pas que veuilles de mon aide. Je pense que Feitan sera content de s'occuper de toi à ma place.

Je me lève pour lui remettre son bâillon pendant qu'il me supplie de ne pas le laisser là ou au moins pas en vie, voilà qu'il a retrouvé sa langue. Je sors par la fenêtre pour monter sur le toit de l'immeuble en lui lançant un dernier regard remplit à la fois de remord, de honte et de haine.
Une fois arrivée, je sors mon téléphone pour regarder l'heure, il est 3h du matin et il fait nuit. Je m'allonge sur le bord du toit et regarde le ciel. L'air frais me donne la chair de poule mais j'ai besoin de rester seule un certain temps, j'ai besoin de réfléchir un peu. Je mets mes bras derrière ma tête et m'endors dans la demie secondes qui suit, me laissant emporter par la fatigue.
Je me fais réveille un petit peu plus tard par Sharnalk qui m'appelle de la porte du toit:
Sharnalk: SHIHIRO! SHIHIROOO! LE CHEF T'APPELLE!
Shihiro: D'accord j'arrive, merci.

Je me frotte les yeux avec les mains en m'étirant. Je me redresse et vais voir le Chef à l'étage d'en-dessous. Je m'approche de lui pendant qu'il parle au magicien. Je m'approche d'eux et Hisoka passe encore son bras autour de mes épaules, mais je l'enlève à peine posé dans un geste un peu plus brusque que je ne le veux:
Hisoka: Doucement jeune enfant, tu pourrais te faire mal en réagissant si comme ça.
Shihiro: J'ai 18 ans je te rappelle, je ne suis plus une enfant. Mais merci du conseil, j'essayerai de m'en souvenir.
Hisoka: Tu seras une enfant le temps que tu seras plus jeune que moi, autrement dit pour toujours.
Shihiro: Même s'il ne faut jamais perdre espoir, tu as au moins 25 ans! En admettant que tu meurs dans 5minutes il me faudrait des années pour avoir ton âge.
Hisoka: Ahah, tu me blesses vraiment à dire des choses pareilles, et puis tu serais étonnée de savoir que je n'ai que 21 ans et non pas 25 comme tu le penses.
Shihiro: Ca s'appelle jouer sur les-
Chef: Hisoka, Shihiro, arrêtez de faire les enfants. On a des choses à régler avant de partir demain mais dans tous les cas Hisoka je veux que tu surveilles Shihiro, que tu ne la quittes pas des yeux.
Hisoka: Rien ne saurait me faire plus plaisir, -me fait un clin d'œil- tu verras qu'on ne s'ennuie jamais avec moi.
Shihiro: Bah génial alors, j'ai hâte de voir ça.

Je lui réponds d'un faux air enjoué, je n'ai pas vraiment envie ni besoin d'avoir une baby-sitter mais je ne rajoute rien à ce propos. Hisoka me regarde et me sourit vraiment, il doit avoir une idée derrière la tête parce que je ne l'ai jamais vu sourire comme ça:
Chef: Shihiro tu restes ici pour le moment, je ne connais pas encore toutes tes facultés et je n'ai pas besoin que tu gâches quoi que ce soir par inadvertance.
Shihiro: Je comprends tes raisons mais pourquoi est-ce que je dois rester ici? Je ne peux pas aller faire un tour en ville? Il faudrait que je récupère quelques affaires.
Chef: C'est Hisoka qui s'occupera de toi alors vois avec lui. Mais à l'avenir, je ne veux pas que tu t'opposes à ce que je dis et je tiens d'ailleurs à te préciser que le temps que tu nous aides, tu dois te plier aux règles de la brigade. Alors ne pose pas de question et obéis, je t'en serai reconnaissant.

Une certaine rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant