Chapitre 13

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Le Chef s'approche, décale la lame qui se trouve sur mon ventre avec un de ses doigts et se met entre Nobunaga et moi. Je me fais, encore, attirer à Hisoka mais je ne réagis pas et le laisse se coller contre moi. J'en profite pour reprendre mes esprits et réfléchir à ce que je viens de dire. Qu'est-ce que je peux être stupide d'avoir dit ça, j'ai l'impression de ne pas valoir mieux qu'eux en ayant dit ça:
Chef: Je pense que vos paroles ont dépassées vos pensées, on va tous se calmer et vous allez tous les deux vous présentez des excuses.
Nobunaga: ...
Shihiro: Je suis désolé.

Nobunaga me regarde, son regard est toujours aussi mauvais, je vais devoir m'excuser un peu plus si je veux qu'il me pardonne. Je fais un pas en avant, me décollant d'Hisoka:
Shihiro: Je ne vais pas te mentir en te disant que tous mes mots ont dépassés ma pensé parce que ce n'est pas le cas, je pense en partie tout ce que j'ai dit mais je n'aurais pas due mentionner Uvo, je voulais juste te blesser et tu as réagis à ma provocation. J'ai eu un comportement mesquin, j'en suis vraiment désolée.

Je me suis penchée en avant pour montrer la sincérité de mes excuses. Nobunaga rengaine son sabre mais il ne me prend toujours pas au sérieux si j'en crois son regard. Il demande à Pakunoda de vérifier, elle n'a pas très envie de le faire mais ne voulant pas envenimer la situation, elle le fait sans rechigner:
Pakunoda: Es-tu vraiment désolée pour ton comportement?
Shihiro: Je viens de le dire, je suis désolée.
Pakunoda: Elle le pense, elle est désolée.

Nobunaga s'approche de moi et me tend la main, je fronce les sourcils mais je prends quand même sa main avec méfiance. Il me dit qu'il accepte mes excuses mais aussi que la prochaine fois que je dépasse les limites comme ce que je viens de faire, il me tuera sans hésiter. J'acquisse et essaye de le rassurer en disant que plus jamais je ne dirai ce genre de chose.

Nous nous séparons et le Chef retourne à sa place, je comprends à son regard qu'il veut que je parte le temps qu'il explique son plan. Je vais voir mon ancien collègue en attendant qu'ils finissent.

J'entre dans la pièce de la dernière fois et referme la porte. En me retournant je le vois assit sur sa chaise, dos à moi et toujours attaché. Je me mets face à lui, il a la tête baissée et ne réagis pas à mon arrivé et je m'approche de lui, les sourcils froncés. Je pose ma main sur son épaule à nue, la froideur de son corps me fait faire un léger mouvement de recules. Je m'écarte rapidement de lui quand je m'en rends compte et je me mets à genoux en lui relevant la tête.

Son teint pâle, son état bien moindre que la veille, la froideur de sa peau et le sang abondant sur son t-shirt me font prendre peu à peu conscience de la chose, il est mort. Il s'est fait égorger et il y a un petit moment déjà, la coupure est nette, digne d'un professionnel. Je mets ma main devant ma bouche et me mords le doigt pour éviter de pleurer. Je coupe ses liens, ferme ses yeux avec ma main et passe un bras sous son épaule pour le soulever. Malgré notre dernier échange compliqué je ne peux pas m'empêcher d'être triste pour lui, je n'ose pas imaginer ce qu'ils lui ont fait subir et je m'en veux.

Je nous fais passer par la fenêtre et saute sur le sol, je le pose par terre et marche vers la forêt pour aller chercher du bois. Je reviens les bras pleins de branche que je dispose en forme de lit avant de mettre son corps dessus. Je me penche pour lui embrasser le front et pose ma veste dessus pour lui cacher le visage. Je mets le feu au futur brasier, me recule après et regarde le corps brûler quelques temps.

Je monte sur le toit quand la chaleur devient insupportable et m'assois sur le bord pour profiter du spectacle. Nobunaga et Franklin me rejoignent peu de temps après et s'assoient à côté de moi. Aucun de nous ne parle et des larmes commencent à perler au coin de mes yeux:
Franklin: Pourquoi tu es triste si tu n'étais pas amie avec lui?
Shihiro: J'aurais dû le tuer moi-même pour lui éviter une fin si misérable et douloureuse, Feitan a dû s'amuser à l'entendre l'implorer de le tuer pendant qu'il le torturait. Il m'a supplié de le faire mais je n'ai pas accepté parce qu'il n'avait pas été aimable, c'est pour ça que je suis triste. Peu importe qui aurait été à sa place, j'aurai eu la même réaction parce que personne ne mérite de mourir ainsi.
Nobunaga: Feitan a toujours été comme ça, c'est dans sa nature.
Shihiro: Comme tu l'as dit il est comme ça et je ne peux rien y faire. Bizarrement je trouve qu'il n'y est pour rien, si je dois en vouloir à quelqu'un c'est moi et seulement moi. Je savais ce qu'il ferait mais je n'ai pas changé d'avis pour autant.

Un incroyable sentiment de culpabilité me martèle la poitrine, j'essuie une larme qui vient de couler sur ma joue en souriant tristement et je les remercie puis leur demande qu'est-ce qu'ils sont venus faire. Je sens une présence dans mon dos et quelqu'un poser ses mains sur mes épaules, je reconnais la présence d'Hisoka:
Hisoka: On est venu te chercher, le Chef veut te voir.
Shihiro: -rigole légèrement- Il suffisait de me le dire vous savez, vous n'aviez pas besoin de jouer aux psychologues mais c'est très gentil, je vous remercie...

Nobunaga me regarde sans rien dire et Franklin regarde le flambeau. Je me lève sans rien dire de plus et me dirige rapidement vers la porte avec Hisoka sur les talons. Il passe un bras autour de mes épaules et me fait ralentir:
Hisoka: Tu es sûre que tu es de la spécification? Je ne dis pas que tu mens mais tu as le caractère de la spécialisation et du renforcement à la fois.
Shihiro: Je pense bien être de la spécification oui, c'est quoi cette histoire de caractère?
Hisoka: Pour faire court, les personnes du renforcement sont simples et purs, ceux de la matérialisation sont nerveux, ceux de la manipulation sont réfléchis et autonomes, ceux de l'émission sont impatients et ont un fort caractère, ceux de la spécification sont individualistes et charismatiques, et pour finir ceux de la transformation sont menteurs et instables.
Shihiro: Effectivement je comprends pourquoi tu penses que je suis du renforcement mais ce n'est pas le cas, mais je parie que tu es de la transformation.
Hisoka: Ca se voit tant que ça?
Shihiro: Que tu es instable et menteur? Absolument oui, au premier coup d'œil même.

J'entends Hisoka rire malicieusement, j'ouvre la porte et il enlève son bras pour me laisser aller voir le Chef qui est en train de parler avec Shizuku, je reste donc à une certaine distance en attendant qu'ils finissent:
Hisoka: Pourquoi tu ne l'as pas mangé lui? Sa spécialité était plutôt intéressante.
Shihiro: Intéressante pour des gens comme vous, elle ne m'aurait servis à rien et je n'aime pas m'encombre.

Une certaine rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant