Chapitre 3

813 91 163
                                    


Le temps semblait s'être arrêté dans la cuisine d'Oikawa, autour de la table où se tenaient six personnes. Tooru n'avait aucune idée de ce dans quoi il s'engageait, où ça allait le mener, quelles seraient les conséquences sur sa vie d'après. Hayashi lui adressa un sourire une fois son accord donné, et Oikawa ne le trouva pas si rassurant que ça.

Mais c'était pour Tobio. Il avait beau ne pas avoir vu son cadet de près depuis des années, il n'avait pas envie de causer un drame par mauvaise volonté.

-Comment ça va se passer ?

Il aurait voulu que sa voix paraisse un peu plus ferme, mais il ne pouvait pas nier appréhender la suite.

-Malheureusement, je ne peux pas juste vous injecter un produit et attendre que vous deveniez hyper-réceptif, répondit Hayashi. En soi, je ne fais que vous accompagner lors du processus. Tout doit venir de vous.

-Je n'ai jamais... cherché à établir ce lien, marmonna Oikawa. J'ai rejeté Tobio avant qu'il se passe quoi que ce soit.

-C'était il y a combien de temps ?

Oikawa pinça les lèvres.

-Six ans.

-Un lien rejeté, d'un côté ou de l'autre, finit par s'affaiblir et disparaît complètement dans un délai de quatre ans. Vous le saviez ?

Tooru baissa les yeux. Il savait que cette relation n'était pas normale depuis le début –le destin avait déjà été assez farceur pour créer ce lien avec son rival, avec quelqu'un qu'il ne supportait pas, et à présent il les forçait à rester unis malgré leurs efforts pour s'en défaire. Oikawa posa ses yeux sur Romero, et songea que Kageyama ne devait plus vouloir de ce lien non plus. Alors pourquoi persistait-il ?

-Je ne le savais pas, dit-il franchement. Mais on ne va pas s'en plaindre, si on peut retrouver Tobio avec. Qu'est-ce que je dois faire ?

-C'est assez abstrait, en fait, et ça varie d'un couple à l'autre. Ce que je peux donner comme constantes, c'est qu'il faut faire le vide mentalement pour se concentrer le plus possible sur ce qui vient de l'autre, s'accrocher à cette présence pour en tirer le maximum. Essayer de recréer une symbiose, en quelque sorte.

-Qu'est-ce que je sentirai de plus ?

-Qu'est-ce que vous sentez actuellement ? lui retourna Hayashi.

Oikawa n'était pas extrêmement à l'aise d'exprimer tout ça devant deux policiers attentifs, Ushijima et le petit-ami de Tobio, s'il pouvait appeler ça comme ça. Dire devant lui qu'il sentait la plupart des choses qui touchaient à Kageyama n'était pas de la première délicatesse... Mais Oikawa se trouva une capacité fort bienvenue à s'en ficher totalement, et de toute façon, ce n'est pas comme si Nicolas allait comprendre ce qu'il disait.

-Sans les annihilateurs, pas mal de choses, avoua-t-il. Je peux sentir quand il a mal quelque part, quand il n'est pas dans son état normal, et quand il a des humeurs... intenses, disons. La colère, la tristesse, ce genre de choses.

Hayashi prit quelques notes, puis releva un regard bienveillant sur Tooru :

-C'est très encourageant. Je pense que nous-

Il fut interrompu par ce qu'Oikawa crut être un bombardement, avant de comprendre que quelqu'un frappait excessivement fort à sa porte. Etait-ce déjà Hinata ? Il se sentait agressé rien qu'au bruit.

-Entrez, lança-t-il depuis la cuisine, espérant que l'intrus l'entende en dépit des coups.

Il entendit la porte s'ouvrir, puis des pas rapides et assurés remonter son couloir –et il s'attendait à tout, mais certainement pas à ce qu'une jeune femme fasse irruption dans sa cuisine d'un air furieux. Ce qui le frappa en premier fut la ressemblance avec Tobio –les mêmes grands yeux en amande d'un bleu sombre, les mêmes cheveux noirs, lisses et soyeux. Le lien de parenté était clairement évident, même dans son expression, et en particulier lorsqu'elle se mit à vociférer sur les policiers d'un air agressif.

RésonanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant