Prologue

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- Comment se fait-il que j'apprenne ça par la mère d'Emma ? Tu aurais pu me tenir au courant. Surtout que tu connais mon avis !

- Maman, pourquoi crois-tu que je rentre à la maison ce weekend ? J'en ai parlé à Emma oui, c'est normal, c'est ma meilleure amie, mais je n'y peux rien si elle en a parlé à sa mère qui se trouve être ta meilleure amie. Je lui avais pourtant dit de rien dire.

- Oui enfin, quoiqu'il en soit, j'espère pouvoir te raisonner, c'est n'importe quoi cette idée.

- J'arrive dans 20 minutes ça ne sert à rien d'en parler maintenant, à tout.

Je raccroche énervée. Pourquoi faut-il qu'elle juge mes choix sans jamais me laisser m'expliquer d'abord ? Je ne comprendrais jamais.

Assise dans le bus, je me calme avec mes quelques musiques douces et incendie Emma par message pour m'avoir balancé à sa mère. Elle n'a jamais su tenir sa langue. J'apperçois la maison, enfin, après une journée de transport j'arrive enfin à destination. J'ai laissé mon appartemment parisien pour retrouver ma famille au fin fond de la pointe bretonne.

Je profite de cette semaine de révision pour profiter un minimum d'eux, avec les deux ans de prépa je n'ai pas eu de temps pour aller les voir souvent. Alors je me réjouis de chaque semaine de révision ou "vacances" comme l'école aiment les appeler, pour rentrer. Par chance, mon frère, journaliste à Paris, est rentré aussi cette semaine, je le vois plus souvent mais je sens que je vais avoir besoin de son soutien.

- JE SUIS LA, je crie en ouvrant la porte qui est toujours ouverte, aucun sens de la sécurité dans cette famille.

- Ma chérie, me dit mon père en me prenant dans ses bras, tu m'as manqué, tu as grandis la dernière fois tu étais haute comme ça.

Mettant sa main au niveau de mes épaules, je rigole et continue dans sa lancée.

- Mais oui papa, j'ai mangé de la soupe tous les soirs pour arriver à cette taille.

Il m'ébouriffe les cheveux.

- CHLOE, crie mon frère en arrivant et me tappe l'épaule, je pensais enfant avoir papa et maman pour moi seul, mais il a fallu que l'adoptée se ramène. Passe moi ta valise je vais la monter.

J'aime ma chambre ici, elle me rappelle qui j'étais et qui je voulais devenir. C'est mon cocon. La vie est douce dans cette chambre. A Paris je n'ai pas vraiment pris le temps de la décorer, trop de boulot, je ne sais même pas si j'ai le temps de regarder la couleur des murs.

- Maman n'est pas vraiment contente, je n'ai pas voulu lui expliquer ton choix avant toi, mais sache que je te soutiens ! Et que je t'aiderais dans le loin débat qu'on risque d'avoir ce soir.

- T'es le meilleur Benoît. Qu'est ce que je ferais sans toi ?

- C'est une question que tu vas devoir te poser avant de partir, me sourit-il.

C'est vrai que je n'avais jamais vécu sans lui à mes côtés, à Paris je le sais près de moi et on a toujours vécu ensemble, sauf quand il a fait ses études de journalisme mais il revenait souvent.

Au repas du soir, ma mère qui ne m'a même pas saluer quand je suis arrivée, m'attaque.

- Qu'est ce qui t'est venu en tête quand tu as décidé de prendre une année sabbatique pour partir garder des gamins à l'autre bout du monde ?

- Le systéme au pair est un système qui permet à des étudiants de pouvoir faire une année sabbatique dans un autre pays pour apprendre une autre langue et pour découvrir des pays, j'explique calmement.

- Je ne veux pas savoir, tu vas arrêter tes études pour une folie, tu sais combien vont nous coûter tes études de commerce ? Tu ferais mieux de rester pour les finir au plus vite.

- Mais maman, une année sabbatique est ...

- Je ne veux pas savoir. Tu n'iras pas. On ne va pas te financer en plus un voyage inutile.

- Ma chérie, souffle mon père pour l'appaiser, tu devrais laisser Chloé s'expliquer.

Ma mère marmonne dans sa barbe mais se tait, un regard du dernier interlocuteur me permet de comprendre qu'il faut que je parle vite et bien je n'ai pas beaucoup de temps avant qu'elle s'exclame de nouveau.

- J'ai fait ce choix pour plusieurs raisons. La première, je n'ai pas un niveau d'anglais assez bon pour les écoles, c'est vérifiable, mes notes sont catastrophiques et pour travailler dans le commerce il me faut un niveau d'anglais plus que correct. Deuxième raison, ça me permet de prendre une année pour réfléchir, me poser sur quel domaine de commerce m'intéresse pour ne pas faire de mauvais choix dans les écoles. Troisième raison, les profs nous ont dit qu'une année sabbatique était conseillée, surtout après la prépa pour se poser et surtout, découvrir d'autres choses, d'autres gens, d'autres habitudes pour mieux analysez les populations étudiées plus tard, et d'autres raisons encore.

- J'ai vu des statistiques qui disaient que les élèves de commerce ayant fait une année sabbatique avait de meilleur taux de réussite.

Benoit vient de sortir le meilleur argument pour ma mère, elle veut me voir réussir. Il y a un moment de silence avant que mon père ne s'exprime.

- Je trouve que c'est une bonne idée, qui a l'air d'avoir été réfléchie. Pour ma part, j'approuve ta décision.

Après avoir échangé un sourire avec lui, nous nous tournons vers maman pour voir ce qu'elle va répondre. Alors qu'elle semble perdue dans ses pensées, elle lève la tête et surprise s'exclame :

- Arrêtez de me regarder avec vos yeux de merlans fris. Son explication valait le coup d'être entendu. C'est vrai que tu as toujours eu du mal avec l'anglais, et je sais qu'une année aux Etats Unis pourrait t'aider. Sur le principe je pense plus pouvoir valider ce choix, cependant, comment comptes tu le financer ce voyage ? Parce que je ne t'aiderais pas à le payer.

- Merci d'y avoir plus réfléchi et de m'avoir écouté. Je pense que je n'aurais pas besoin de votre aide, j'ai réussi à économiser cette année malgré tout et les babysittings que j'ai fait me permette de payer l'aller retour. Pour la vie là-bas, le principe d'au pair est d'être nourri, logé, blanchit et payé en contreparti de la garde d'enfant et du ménage. Donc je pourrais vivre tranquillement.

Ma mère regarde mon père qui lui sourit amoureusement, elle ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire et me déclare :

- Bon, je suis contente que tu m'aies expliqué, même si nous ne t'aiderons pas beaucoup financièrement, je t'aiderai à préparer ce départ. Tu vas nous manquer.

Sa réponse positive appaise l'ambiance. Alors mon frère, détendu, se permet de me taquiner.

- Un an sans toi, quel bonheur, j'ai hâte. 

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