Partie 11

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A l'heure où je finissais de lire la lettre, je me demandais pourquoi je n'y avais écris pas la chute de l'histoire. Peut-être était-ce parce que c'était parce que tu la connaissais déjà, mais cela n'avait aucun sens, puisque je ne t'avais jamais donné l'occasion de la lire.

On était six ans plus tard, au sein de la capitale française. Nous ne nous étions pas revus depuis le divorce de mes parents, qui avait eu lieu seulement un mois après notre dernière discussion.

Ma mère était partie vivre à Lyon, et j'étais restée avec mon père, qui avait emménagé à Paris pour son travail. Bien que je n'avais aucune envie de renoncer à l'un d'entre eux, il me semblait tout à fait judicieux qu'ils déménagent le plus loin possible de l'autre.

Ton père nous avait rendue visite l'été dernier. J'avais du vraiment grandir depuis le temps, car il me reconnaissait à peine.

- Violette ? Dieu que tu as grandi, la dernière fois que je t'ai vu tu mesurais à peine la taille de ta mère, c'était-il exclamé, avant de baisser la voix, Comment va-t-elle d'ailleurs ?

- Bien, merci. Et Timothée ?

- Bien également.

Et voilà, en à peine trois phrases nous nous étions débarrassé des sujets fâcheux.

Quelques minutes plus tard, mon père et moi l'avions retrouvé autour d'une salade à la brasserie du coin, et il nous expliquait que sa femme souffrait d'une angine blanche, et qu'ainsi elle ne pouvait pas nous voir, même si le docteur disait qu'elle allait vite se rétablir. Je le croyais sur paroles, mais mon père n'avait pas l'air convaincu. J'imagine qu'après un divorce, on devient parano.

- Et toi alors, qu'est-ce que tu deviens ? avait demandé ton père au mien

- Qu'est-ce que JE deviens ?? Demande plutôt à l'artiste ! Tu savais que Violette allait être publiée par la maison d'édition Hachette ? Elle a gagné un concours d'écriture l'année dernière, et voilà que ma petite fille s'apprête à devenir écrivaine. Tu y crois toi ?

- Bien sûr que j'y crois, tu as toujours été douée avec les mots Violette.

Ses yeux s'adoucirent et une expression toute nouvelle marqua les traits de son visage. Voir mon père parler ainsi de moi lui rappelait toi, et je sentais qu'il avait besoin d'en parler depuis bien longtemps, alors je lui demandais :

- Que devient Timothée ?

Mon père me lançait un regard noir. Après tout, ce n'était peut-être pas le moment de poser ce genre de questions, mais je n'y étais pour rien si mon père avait fait mon éloge bien trop rapidement.

- Timothée... souffla ton père, est.., comment dit-on déjà ? Ah oui, invisible.

- Toujours pas de nouvelles ? demanda mon père en fronçant les sourcils

- Les seules que j'ai de lui sont celles que l'on trouve dans les journaux. Je n'en sais pas plus que toute personne équipée d'un moteur de recherche. Ça doit faire maintenant six mois qu'il n'a pas appelé, et la dernière fois il s'était trompé de numéro.

Comment un garçon si doux, comme je l'avais connu, pouvait devenir un tel égoïste. Ce n'était pas tes millions de fans qui allaient t'empêcher de téléphoner à tes parents. De plus, s'ils savaient ce côté de toi, ils ne seraient sûrement pas autant.

On trinqua à mon roman une dernière fois, puis mon père décida qu'il était temps de rentrer à l'appartement. Quelques fois il était pénible de vivre avec lui. Je devais être cordiale avec toutes ses nouvelles petites amies et, de plus, ce n'était pas simple lorsque je voulais voir un quelconque garçon. Mais au moins, j'avais la sécurité et le confort d'un chez moi, pour lequel je n'avais pas à me soucier ni des impôts, ni des factures.

Sur le chemin du retour, mon père se tourna vers moi.

- C'est dingue.. Je n'aurais jamais imaginé qu'il tournerait comme ça. Tu te souviens quand il venait diner à la maison ? Il était toujours si bien élevé et agréable lors des discussions.. Et puis, je me souviens du jours où il t'avait consolé de ton premier petit-ami. Il nous avait demandé de veiller à ce que tu ne sois pas triste pour rien..

- Les gens changent.

Et nous étions rentrés en silence. J'avais l'étrange sensations que mes paroles lui faisaient penser à maman, mais je n'osais pas amener ce sujet. Il n'avait pas envie de parler d'elle, autant que je ne voulais pas parler de toi.

Je m'étais efforcée (même si quelques fois j'y étais contrainte), à ne pas voir ton visage. J'avais arrêté de te chercher sur internet, je faisais attention à ne pas visionner les films dans lesquels tu jouais.. Certaines de mes amies étaient absolument dingues de toi, mais je m'étais promis de ne jamais leur dire que je t'avais connu. Je ne cherchais pas à les impressionner.

Un jour, alors que je révisais pour mon contrôle de lettre avec mon amie de l'université Énora, un jeune homme qui s'occupait de la bibliothèque était venu vers moi, un papier à la main. L'ayant repéré depuis un bon bout de temps déjà, je l'acceptais et ajoutais son numéro dans mes contacts immédiatement.

Deux semaines plus tard il m'emmenait au cinéma, et je lui demandais poliment de choisir de film.

Comme on s'y attendrait, le film avait commencé et, dès la première scène, ton visage apparaissait sur le grand écran.

C'était ça, mon quotidien. Je passais ma vie à vous fuir, toi et ton succès mondial. Malgré toutes les barrières que j'imposais, ça ne faisait qu'empirer. C'était toi, toujours et partout, peu importe le moment, peu importe l'endroit.

Tout avait toujours tourné autour de toi, et maintenant, voilà que le monde du cinéma s'en chargeait. Désormais, j'avais vingt ans et avais rejeté tout sentiment depuis des lustres. Fini l'enfance, fini les ruelles douces de Limoges marquées par nos souvenirs.

Mais tu sais pertinemment ce qui va arriver, tu le sais, tu étais là. Car notre histoire devait devenir cliché ne serait-ce qu'un moment, sinon c'aurait été trop beau. Si tu n'étais pas revenu tu aurais cru à une défaite, et malgré ton succès, tu restais le même.

Tu avais toujours ce besoin de prouver à toi même, que tu n'étais pas que "Timothée Chalamet". A croire que les gens ne changent pas tellement.

À nos pensées antérieuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant