Partie 22

1.3K 83 10
                                    

Sans comprendre que je voulais m'éloigner de toi, tu t'avançais à ton tour, réduisant ainsi la distance entre nos deux corps.

- A quoi tu joues ?

Tu détournais le visage et arborais un sourire en coin. Je ne t'avais jamais encore vu d'aussi près,   et je remarquais des tâches de rousseurs qui n'avaient pas lieu quelques années plus tôt. Qu'est-ce qui te passait par la tête pour agir de la sorte. Que t'était-il arrivé ce jour là ?

- Je devrais aller me coucher.

Je te tournais le dos et retournais dans le salon, en essayant d'oublier ton image si proche de moi pour le mieux.

- Ah bon ? Tu penses vraiment que tu vas trouver du sommeil ce soir ?

Je continuais mon chemin vers ma chambre sans te regarder, et haussais la voix :

-Peut-être bien. Qu'est ce qui te fait penser le contraire ?

- Je sais pas... Il est presque trois heures du matin et tu n'as toujours pas baillé. Je sais que tu ne t'endormiras pas.

Je m'arrêtais devant mon lit, et revenais sur mes pas. Ton regard était devenu sournois, comme si tu voulais jouer, comme si tu voulais que j'entre dans ton petit jeu.

- Alors je lirai. te déclarais-je en te fixant, Et mes paupières tomberont toutes seules.

- J'en doute..

Tu n'avais pas quitté une seule seconde le balcon, et pourtant, j'avais le sentiment que ton aura ne se détachait pas de la mienne un seul instant. Je ne savais pas de ce que tu attendais de moi, j'avais déjà l'impression d'en avoir fait beaucoup en te proposant de t'accompagner rendre visite à ta mère.

- Ah oui ? Pourquoi je ne dormirais pas, d'après toi ?

- Car tu n'es pas satisfaite. Et tu ne t'endormiras pas avant.

Je sortais de ma chambre et m'approchais de toi. Si tu avais eu des somnifères ils m'auraient empêchés de passer par là.

- Avant ?

Nous étions désormais de retour dans la nuit. Tes yeux me fixaient toujours. La distance n'était donc pas une arme pour toi, c'était bon à savoir. Ton auriculaire se levait et joua avec l'extrémité de mon t-shirt tandis que tu transformais ton sourire pour qu'il n'en reste plus qu'une expression glaciale. Tu te penchais progressivement vers moi et je gardais mes distances malgré la bouffée de chaleur qui m'envahissait.

- Avant que tu ne sois plus frustrée.

A cet instant même, mon corps tout entier voulait me serrer au tien, t'étreindre de toutes mes forces. Tu avais raison, peut-être était-ce de la frustration, mais il ne me semblait pas juste par rapport à Louis de penser de la sorte, alors je t'esquivais et me dirigeais à ton opposé. Il faisait froid. Trop froid. Quelle idée de t'avoir rejoint sur le balcon.

- Ça passera. Dans le pire des cas, je ferai une nuit blanche.

- D'accord... me déclarais-tu avant de me rejoindre, comme si mon langage corporel n'avait pas été clair. Alors c'est à moi de poser une question je suppose.

Je ne compris pas directement le sens de ta phrase puis réalisais que l'on avait laissé notre jeu en suspens. Quelle bonne mémoire, classique des acteurs j'ai envie de dire.

Alors que j'arrivais à l'extrémité de la terrasse, tu t'arrêtais devant moi et, cette fois, posais tes bras sur le rebord à côtés des miens, de sorte à ce que je ne puisse m'en échapper. Ton souffle me troublait et je du tourner la tête pour que la tienne ne me touche pas. La situation n'était pas bonne. Tu ne devais pas être aussi proche de moi, tu savais les risques que cela impliquait.

- Tu aurais aimé qu'il te prenne hein ?

Mes yeux s'écarquillèrent de stupéfaction et mes joues rosirent. Je ne m'y attendais pas. Comment pouvais-tu...

- Répond moi Violette. Tu aurais voulu qu'il te ramène chez lui ?

Je devais te prouver que tu ne m'attirais plus, tout ce jeu devait faire partie d'un piège que tu me tenais. Il ne fallait pas que je tombe dedans, du moins pas tout de suite, alors je te fis face et te défiais du regard.

- Oui, j'aurais voulu qu'on aille à son appartement au lieu de rester ici avec toi.

- Je vois...

Ton sourire refit surface au coin de tes lèvres.

- Et pourquoi ?

- Pourquoi quoi ? renchérissais-je, étonnée.

- Pourquoi voulais-tu qu'il te baise ?

Les mots qui sortaient de ta bouche auraient du me répugner à cause de leur grossièreté, mais ils ne faisaient que me réchauffer alors que le froid nocturne brulait mes membres.

- Car je tiens à lui. Pourquoi l'aurais-je voulu sinon ?

Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre désormais, et je pouvais sentir l'odeur de la vodka sur tes lèvres. J'imagine que les miennes sentaient de même après tout ce que l'on avait bu.

- Pour ne plus penser à moi.

A ce moment là, j'aurais voulu te faire comprendre à quel point tu pouvais être prétentieux quand tu t'y mettais, mais je n'arrivais pas à exprimer quoi que ce soit. Tu semblais t'amuser de mon désarroi, et j'avais peine à tenir debout. Si une de tes mains n'était pas venue se caler dans mon dos, j'aurais pu très bien y laisser la vie.

- A qui pensais-tu ce soir, Violette. me murmuras-tu dans mon oreille, Qui aurait réellement réussi à te satisfaire cette nuit ?

Mon coeur battait de plus en plus fort, et je ne savais que faire pour l'arrêter. Je devais t'empêcher de continuer de débiter des paroles comme celles là, sinon j'allais y passer.

- Ferme ta gueule je t'en prie Timothée, juste ferme la.

Comme si me scruter de la sorte n'était pas déjà assez pour me rendre folle, tu baissas les yeux vers mes jambes et plongeas ton visage dans mon cou, ton menton rentrant ainsi au contact de ma mâchoire.

- Fais moi taire si je te dégoute autant.

À nos pensées antérieuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant