Retour dans le passé - partie 9

1.3K 77 8
                                    

Tu t'arrêtais soudain de marcher, et penchais ta tête en arrière.

Je pensais trop. Ça allait m'achever. Je voulais tellement que tu restes encore un peu avec moi que je ne contrôlais même plus ce que je disais. Je devais te sentir près de mon corps, encore et toujours. Sentir ton bras contre le mien avait été bon, trop bon. Tellement délicieux que mon épaule brulait. Il fallait que je sois près de toi.

Voilà que tu me jugeais de la tête au pied, et que j'aurais voulu me frapper pour avoir eu de telles pensées.

- Je ne pense rien de toi. Je t'écoute pour l'instant, et peut-être que je te jugerais plus tard.

Forcément, il fallait que tu sois sarcastique. Mais au fond j'étais soulagée que tu ne me prennes pas au sérieux. J'aurais été capable de tout te balancer.

Sur le chemin du retour, tu commenças à me parler du dernier livre que tu avais lu. Je m'en souviens encore, c'était "Le rouge et le Noir", de Stendhal. Un classique, je l'avais déjà feuilleté plusieurs fois, mais même quand je te le disais, tu ne pouvais t'empêcher de me raconter en détails ses passages cruciaux.

- Un valet qui tombe amoureux de sa maîtresse.. soupiras-tu, J'aimerais bien qu'ils en fasse une adaptation au cinéma.

- Il y en a déjà eu une.

- Vraiment ? Tu pourrais me la prêter ?

- Je l'ai pas. Mais elle est gratuite sur youtube si tu veux.

Et tu te relançais dans tes récits, oubliant presque que la personne en face de toi était capable de parler, elle aussi. Moi qui n'avais jamais apprécié les personnes bavardes, t'entendre jacter aurait du être un supplice. Mais bien sûr, puisque c'est de mon histoire d'amour que je parle, je faisais exception pour toi.

- Tu sais la question que tu m'as posé tout à l'heure, j'ai compris ce que tu voulais dire.

- Ah, ah oui ?

Mon sang ne fit qu'un tour.

- Oui oui. Mais ne t'en fais pas. Andre ne doit pas penser que tu es quelqu'un d'horrible, si c'est ce que tu espérais que je te dise. C'est normal à ton âge d'avoir des peines de coeur, et il s'en remettra. En attendant, ne te rends pas triste. Tu as toute la vie pour ce genre de bêtises.

Je détestais quand tu faisais ça. Quand tu te prenais pour celui qui avait déjà tout vu alors que tu ne me connaissais pas. Tu avais 17 ans et, que je sache, tu n'avais pas finis ta vie pour être sûr de tout.

- Je sais. Je voulais pas le perdre c'est tout.

Un silence s'installa et tu sortis ton téléphone pendant le reste du trajet.

Ça allait finir, c'était sûr. Plus de promenade, plus de sourire, plus de sarcasme. Tout ce qui nous restait c'était ouvrir ma porte d'entrée et saluer nos parents qui allaient sûrement me poser un tas de questions auxquelles je ne répondrais pas. Je ne voulais pas la voir, cette porte. Et pourtant elle devenait de plus en plus nette, de plus en plus proche.

C'est devant cette dernière que tu t'arrêtais et me disais ces dernières paroles :

- Oublies pas que ton baiser avec lui était le premier. Si tu as ressenti des choses, c'est normal.

Je le savais Timothée, je l'avais lu dans un livre. Mais un baiser restait juste un baiser avant que j'imagine à quoi pouvait ressemblait les tiens.

À nos pensées antérieuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant