Chapitre 9

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Deux jours  s'écoulèrent après ma visite au cachot , deux jours merveilleux où je n'avais pas eu cours avec cette ignoble personnage qu'était Rachin ! Seulement voilà , le jour fatidique où nous avions histoire était  arrivé. Dès le début du cours , les ennuis commencèrent  . En effet , à peine avait il donné le titre de notre leçon , qu'un détail l'énerva :«Mohrange ! Je vous avais changé de place non ? Alors retournez à celle  qui vous est attribuée ! Vous me copierez deux cents fois pour demain :Je ne dois pas changer de place sans l'autorisation de mon professeur . Qu'est ce que vous faîtes encore là ? Près de Dangert , tout de suite ! ». Je vis Mohrange se diriger vers moi en traînant des pieds , et je le comprenais , à ça place j'aurais fait la même chose , il fallait dire qu'en même temps nos relations ne s'étaient guère améliorées; nous nous tolérions , certes , mais sans plus .Le ménage n'avait pas vraiment amélioré nos rapport non plus , car nous avions finit par trouver un consensus, chacun s'occupant d'un étage , nous évitant ainsi une compagnie désagréable à tout les deux . Pendant l'heure qui suivit Pépino et Leclerc eurent respectivement zéro et un , et Boniface déclara que Napoléon était mort fusillé .

Un jour cependant,cette quiétude ponctuée par les punitions en tous genres aussi bien corporelles , écrites , ou encore carcérales de Rachin fut troublée . Nous étions le 27 octobre , et j'étais à fond le l'étang depuis 23 jours, quand prit d'un éclair de génie, notre surveillant eut l'idée suivante , il voulait construire une chorale ! Mais Rome  ne c'est pas construite en un jour , et notre chorale non plus . Un après-midi , alors que je nettoyais une énième fois un couloir perpendiculaire à celui de notre classe , j'entendis une chanson qui raviva chez moi de très mauvais souvenirs « Maréchal nous voilà , nous l'emblème de la France ! Nous jurons , aux égards , de vous servir  comme vous le méritez... ». Ces simples mots me ramenèrent  6 ans plus tôt , pendant la guerre , quand l'amant de Saint-Jean et Madame la marquise résonnaient encore au gramophone de notre appartement au 209 rue Saint Maur , à Paris . Quand le doux parfum de ma mère embaumait encore la maison , quand mon père nous faisait encore rire avec ses imitations à table . Quand on s'était mis à  fermer les fenêtres quand cet hymne au Maréchal résonnait , quand certains tracts traînaient près du post radio cachés derrière des livres de notre immense bibliothèque , quand mes parents s'étaient mis à avoir l'air soucieux , quand on avait commencé à me dire de ne pas parler de ce qui se passait à la maison , quand des gens , certains avec des étoiles jaunes , mais tous avec le même air terrifié avaient commencé à défiler à la maison et disparaître dans la nuits . Mais surtout , quand ce matin là , Papa m'avait confiée au voisin du dessous en me disant que maintenant mon nom c'était Dangert , et plus Antonili , que maman m'avait serrée dans ses bras les larmes au yeux , et que pour la dernière fois mon père m'avait chuchoté à l'oreille « tout ira très bien ma petite marquise je te le promet ! » , puis que j'avais été mise dans la 4L du voisin . Sauf qu'il n'avait jamais tenu cette promesse. J'avais vu les SS arriver , puis mes parents être faits prisonniers , j'avais entendu ces salops dirent « encore des terroriste communiste en moins » , et j'avais vu pour la dernière fois mon père me sourir discrètement à travers la voiture .
Je fus sortie de ma torpeur par un main posée sur mon épaule , et un « ça va ? » inquiet . J'avais alors repris mes esprits , et m'étais rendue compte que j'avais laissé glisser mon sceau d'eau et ma serpillière par terre . Je me retournai , et constatais  que cette question venais de quelqu'un d'inattendu  , Mohrange . « Oh oui oui ça va ! Merci
-je passais ranger mon balais quand je t'ai aperçu tu tremblais , on aurait dit que t'avais vu un fantôme ! » face à ces derniers mots je me rembrunis , car c'est vrai que d'une certaine façon j'avais revu , bien malgré moi , des fantômes que j'essayais de maintenir cachés au fond de ma mémoire , pour qu'ils ne reviennent plus me hanter .Quand je relevais la tête je vis  que Mohrange semblait happé par ce qui se passait par la salle de classe . « Ils font quoi ? Demandais-je
-Ils chantent ... » m'avait-il répondu , avec dans sa voix , un je ne sais quoi de si particulier, et si j'avais bien fait attention ce jour là ,je me serais aperçue , que lui aussi tremblait .

Tu trouveras une lumière dorée (les choristes ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant