Chapitre 16

510 36 6
                                    

Ce lundi matin ,je me réveillais avec une étrange sensation , celle d'être reposée . Je me levais d'un coup , et regardais autour de moi , tout le monde dormait , pourtant il faisait déjà jour , je me demandais bien comment cela était possible . J'enfilai alors un paire de chaussettes , et me dirigeai vers l'escalier , quand Mathieu apparu . Il me regarda ; et en voyant mon air interrogateur , sourit et commença : « Langlois et Rachin sont en congés , ils sont partis ce matins vers leurs villégiatures ! ». Je le regardais , ayant peur de mal comprendre : « Ça veut dire qu'on a plus cours ?
-Oui pendant une semaine ma petite dame ! Alors avec Chabert et le père Maxence , on a décidé de vous laisser dormir ! ». Je le regardais tout sourire , et partis m'habiller , le cœur en fête . Cette bonne nouvelle égayait enfin notre triste quotidien , ponctué plus souvent par les punissions que les cadeaux ! Quand je revins au dortoir , Le Querrec s'était réveillé , et il me regardais hébété : « Qu'est ce qui se passe Dangert , tu souris jamais comme ça le matin ?!
-Mon vieux , Rachin et Langlois sont en vacances ! On est libre ! Pas de cours pendant une semaine !
-Non ! Tu te moques de moi !
-Je t'assure ! Allez habille toi on va manger , je t'attends en haut des escaliers ! ». Nous descendîmes donc quelques minutes plus tard , et eûmes la joie de déjeuner sans nous pressé .
Cet après-midi là , nous nous étions assis dans la cour , sous le froid soleil de décembre pour nous prélasser , et avions profité d'un moment de répit  , un court interlude , comme une pause sur un instant sans contrainte ni punition . Ce jour  m'avait marqué , car juste un instant , nous avions pu voir l'avenir sans barreau , sans barrière , et c'était un magnifique cadeau .

Vendredi 24 décembre , ce jour là Pépino c'était levé d'un air dépité , et avait passé la mâtiné à traîner des pieds . À midi , tandis que nous mangions , je n'avais plus tenu et lui avait demandé pourquoi il avait une mine d'enterrement : « Pépino , pourquoi tu fait cette tête ? Rachin n'est pas là , Langlois non plus , on a pas d'interrogation, ni cours d'arithmétique, alors qu'est ce qui se passe ?
-Hé bien ... aujourd'hui c'est noël , et on ne va pas le fêter , le père Noël ne pourra jamais venir , on a pas de cheminée ... alors on aura pas de cadeaux .... puis comme on est pas samedi , mon père ne viendra pas me chercher .
-Oh , je vois mon bonhomme lui répondis je d'un air affligé. » . Il venait de me rappeler que nous étions le jour du réveillon , ce détail  m'était complètement passé au dessus de la tête , il fallait admettre que cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas réellement célébré , que je ni faisais même plus attention , pour moi c'était devenu un jour comme un autre . Seulement voilà , je pouvais aisément comprendre ce que ressentait Pépino , quand on a même pas dix ans , on croit en la magie du moment , et se retrouver à manger des lentilles le jours où d'autres ont des plateaux de fruit de mer et un repas de fête,  n'est guère plaisant . J'oscillais encore entre la voix de la raison qui me poussait à dire à Pépino la vérité , et lui éviter un espoir vain , et celle du cœur , qui me rappelait sans cesse qu'il attendrait son père qui ne viendrait jamais puisqu'il était mort , et que moi j'avais eu Gina , qui tout en étant pragmatique , avait veillé sur moi mes  jeunes années . Je ne sais pas si ce fut le regard embué de larmes de Pépino , ou l'esprit soudain de Noël qui réapparaissait en moi , mais au plus grand étonnement de tous , moi y comprise , le cœur gagna . Je regardai alors le petit garçon à côté de moi droit dans les yeux et le plus sérieusement du monde lui dit : « hé bien , je suis sure qu'en l'absence de Rachin , le père Noël viendra ! Après tout il ne vient que quand le père fouettard n'est pas là ! ». Alors à cet instant précis , Pépino avait explosé de rire , un rire cristallin qui avait emplit la pièce , un de ces rires d'enfant , si pure que le plus beau des joyaux semblait  terne à côté . Il n'avait jamais rit comme ça . Chabert brisa cependant cet instant de joie , par un « silence » tonitruant , et nous dirigeâmes tous à nouveau l'attention vers nos assiettes , comme si rien de s'était jamais produit . Pourtant Le Querrec me regarda un instant ,l'air de dire « ça ne te ressemble pas de jouer les nounous ! Mais merci pour lui ! », et Mohrange , Mohrange m'avait regardé d'une façon si particulière, que j'en avait presque rougit , pour presque instantanément reprendre mes esprits , et me concentrer  sur mes lentilles avec une plus grand ferveurs que ce que j'aurais bien voulu admettre , et si cela me trotta en mémoire quelque heures , je finis bien vite par le chasser de mon esprit .

Tu trouveras une lumière dorée (les choristes ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant