XV. Sᴄᴀʀs 2/3 • ʟɪᴠᴀɪxʀᴇᴀᴅᴇʀ OS

4.9K 216 85
                                    


Il est gelé.

Sa forme endormie reposait contre mon flanc ; paisible et bien loin des tourments qu'il avait laissé entrevoir plus tôt. Il avait, à un moment, entouré ma taille de son bras puissant, empêchant toute fuite ou retraite et j'avais rapproché son visage de mon cou, pour qu'il y trouve la chaleur qui lui faisait défaut.

L'épuisement devait en être la cause ; j'avais vite remarqué son état lorsqu'il m'embrassait et même avant ça, son teint semblait avoir drastiquement pâli. Sa passion m'avait d'ailleurs presque fait chavirer, mais ce cœur là avait de la ressource et surtout, l'endurance de résister. Ce n'était ni l'endroit, ni le moment et je ne savais toujours pas si rester à ses côtés cette nuit, était vraiment une bonne idée.

Il bougea, mais moi pas ; loin de moi le désir de le réveiller pour l'instant et je m'autorisai aussi un moment de répit après toute la merde de cette journée éreintante. Le fait que j'étais dans ses bras était un plus que je ne voulais pas encore abandonner. Un grognement rauque attira mon regard sur ses traits et la torture recommença, à mon grand désarroi. Ça faisait la troisième fois que ces rêves à la con ne voulaient pas le lâcher.

Livaï semblait faire des cauchemars à intervalles irréguliers, et à chaque fois, je sentais son crâne s'enfoncer un peu plus dans mes côtes. Mon bras qui reposait au dessus de celui-ci s'était automatiquement plié pour venir caresser ses mèches ébènes et tenter de le calmer. Les deux premières fois avait fonctionné, mais la manœuvre allait de toute évidence prendre plus de temps et d'effort pour ce cauchemar là.

J'avais fermé les yeux, incapable de regarder ce que les songes faisaient de ses magnifiques et fiers contours ; une telle expression sur le visage d'un soldat -de ce soldat- au repos, m'était insupportable. N'avait-il jamais de moment de paix ? Je ne demandais que quinze putain de minutes, calmes, sereines et reposantes dans les bras de l'homme que j'aimais. Je demandais pas la foutue Lune non plus mais lui, paraissait pris au piège dans une lutte sans fin qu'il soit éveillé ou pas.

– Lève-toi.

– Quoi ? mumurai-je doucement.

Livaï dormait toujours quand je reposai les yeux sur lui, ce qui signifiait qu'il avait susurré ces mots dans son sommeil. Le subtil frétillement de ses paupières trahissait la bataille qui faisait rage dans son esprit et d'instinct, je me baissai délicatement sur le matelas pour me retrouver au niveau de son visage. Du bout du doigt, j'explorai sa tempe afin de l'apaiser mais en vain.

C'est alors qu'il le murmura ; le simple mot qui m'arracha une expiration suppliante et inattendue.

Maman.

Tout eu soudain un sens. Le mystère qui entourait Livaï disparut en un instant et je compris enfin sa réticence à dormir. La tourmente invisible qui l'habitait en permanence se dessina sous mes yeux ébahis de stupeur. Il n'avait jamais dû parler de ce sujet lorsqu'il était conscient, laissant les rêves faire le travail d'exorciser ce qu'il ne pouvait exprimer avec des mots.

Au final, je n'étais pas sûre de vouloir comprendre, ni savoir mais je fis aisément le parallèle avec l'homme de Stohess. Nous savions tous d'où le Caporal venait, mais aucun détail sur le reste de sa vie. Aucune information sur sa famille, même si nous avions deviné très tôt les conditions de vie des bas-fonds.

Ça faisait mal. C'était simple, fulgurant et incroyablement douloureux. Il m'avait arraché le cœur dans un silencieux murmure agonisant.

– Livaï.

L'appel de son nom suffit à l'extirper de sa torture mais sa réaction, elle, n'était pas prévue. Je me retrouvai haletante, dos fermement pressé contre le matelas encore chaud de nos présences, poignets emprisonnés dans ses puissante paumes et reposant de chaque côtés de mon visage surpris. Il était plus qu'évident qu'il m'avait pris pour une menace mais je passai facilement outre lorsque je vis ses contours déchirés par l'incompréhension.

➢ Hᴜᴍᴀɴ Sɪɢɴs [OS Cᴏʟʟᴇᴄᴛɪᴏɴ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant