Chapitre 3.

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Mai 1997Accademia di belle arti di Brera, Milan

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Mai 1997
Accademia di belle arti di Brera, Milan

Nara

Mes yeux montaient le marbre, ils l'étudiait, le méditait. Mes pieds eux, dévalait les escaliers, à la recherche d'une force surhumaine qui pourrait me placer sur mon siège. Mais cette école était si douce, si sujette à ce que je savais le mieux faire, analyser. Incrustés dans le marbre blanc, les dieux, déchus ou choyés, aimés ou détestés. Ils étaient tous là, nous regardant de leurs yeux vides qui transmettent l'art, le goût de la tragédie et le jouissif de la comédie.

"Perdonami per il ritardo signore*." Même en balbutinant mes excuses les yeux baissés, je voyais bien ce regard méprisant des uns et des autres, ce questionnement constant de tous ces blancs qui se demandent constamment qu'est-ce que je fais là, pourquoi je parle leur langue, pourquoi j'étudie leurs artistes et surtout pourquoi je réussi comme eux ou encore mieux.

"Non puoi permetterti di arrivare in ritardo, per favore descrivimi questo dipinto in francese mentre ci mostri questo lato psicologico*" Me répondait le professeur de Français en me montrant La persistance de la mémoire de Salvador Dalí, mort il y a peu.

"Très bien" Dis-je en posant mon sac au pied de la table du professeur.
"Je vais commencer par le plan d'ensemble, on regarde instinctivement partout, l'ouvre est petite, rapide et furtive, onirique comme le peintre lui même, lorsqu'on voit ce cours d'eau qui semble être un fleuve , on se questionne sur la vie, Dalí y représente sa terre chaude Catalane. L'olivier presque sans vie, ne tient que grâce à cette horloge qui fond, l'horloge est le temps qui lui est immortel, on peut y voir un désir d'immortalité du peintre qui se représente. On pourrait supposer au sol, en bas de l'olivier, regardez ce rocher et ces cils, ne sont-ils pas les yeux de Dalí ? Si. Il a de plus, lui aussi une horloge qui fond qui semble peser sur sa personne, à l'image de la glace qui devient liquide ou de la boisson qui se déverse, le peintre s'imprègne de ce temps qui fond. L'horloge sur le petit muret en parfait angle pourrait montrer cette persistance là, cette opposition qui travaille l'artiste. Les horloges qui fondent et qui affichent différentes heures démontrent l'envie d'immortalité de l'artiste qui veut transmettre son art, de l'homme qui veut conter son histoire pourtant par ce gousset fermé, on voit bien que Dalí garde cette lucidité qui est propre à chaque homme, il n'est pas le maître du temps" Finis-je dans un souffle inaudible, je n'avais qu'à pas arriver en retard puis je ne peux me le permettre.

"Merci. Vous pouvez aller à votre place et j'espère que vous avez tous écrit car c'était complet et court"

Assise à ma place, la chaleur m'envahissait, la fierté me guettait et l'arrogance tambourinait, j'adorais ce que je faisais, me punir en me demandant de méditer l'art, ce n'était pas une punition mais une joie immense, immatérielle. Ils m'observaient tous du coin de l'œil comme pour me blâmer, me rappeler que ma place était dans le local de ménage et pas près de ce tableau à leur faire le cours.

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Perdonami  per il ritardo signore: Excusez-moi pour mon retard monsieur

Non puoi permetterti di arrivare in ritardo, per favore descrivimi questo dipinto in francese mentre ci mostri questo lato psicologico: Vous ne pouvez pas vous permettre d'arriver en retard, décrivez moi ce tableau en Français en montrant également l'aspect psychologique.

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