Chapitre 4.

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Mai 1997Crema, Italie

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Mai 1997
Crema, Italie

Orfeo

Le pinceau sous les doigts, mes mains vaguent vers la sensualité en tenant compte de la difficulté du modèle, de sa marginalité et de l'innocence beauté qui émane de son être sous ce soleil chaud et ce temps bon, le temps passe vite mais le modèle ne fait que s'embellir, se dessiner et devient poésie. Le temps séducteur de Crema fait tomber des éclairs de lumières à travers mon atelier, les plantes revivent et la peinture sourit, brille puis le modèle devient réalité, la voluptueuse Nara est créé en Vénus, transposée en secret.
Sans même réaliser, mes lèvres forment un sourire joyeux puis triste, elle est magnifique, mais même le plus beau des artistes ne réussirait à la recréer. Elle est irréelle.

Le drap posé sur la toile séchée, les jambes tanguent en direction du lieu secret, le lieu où est conservé la blue belle des fleurs.

"Orfeo !"
"Arrivo mamma"

Dans la grande demeure familiale, les sculptures ne brûlaient les yeux, me rendaient tout feu. Le long couloir racontait cette histoire, de la peinture salvatrice, de l'art qui touche même le plus dur des hommes.

"Ton oncle est là mon fils, il voudrait te parler"
"Bonjour tonton, comment ça va ?"
"Bien mon garçon, Signora Bulgini m'a parlé de ton excellente peinture, en tant que directeur adjoint de l'école, quelle fierté d'avoir un neveux si talentueux"
"J'en suis heureux, le sujet m'a plus et voilà tout"
"Habille toi, je t'invite à Milan, il y'a un concert de jazzmen venus tout droit de Chicago"

À l'entente de ces mots, une aiguille rentrait dans ma cage thoracique, une larme coulait de mon corps, je voulais aller à ce concert, avec Nara mais comment le dire ? L'avouer? Être un homme face à celui qui m'a élevé?

"Tonton, je voulais y aller avec une fille, je l'appelle pour annuler."
"Non, invite là comme ça tu me présente cette fille qui te fait tant vaciller et qui écoute du jazz Orfeo, c'est une perle rare"

Je ne pourrais pas, elle ne voudrait pas, elle ne pourrait pas. Mais oui elle est rare.

"Ahahah, ne t'inquiète pas, je l'appelle pour annuler, elle est pas plus importante que toi"
"Mais non, je veux la voir, invites là et allora non è come se fosse una nera*" Rigole t' il pour marquer son humour raciste, me faisant comprendre les choses à sa façon, comme si il savait et qu'il voulait que je sache.

"Ahaha non mais c'est pas sérieux et je ne veux pas qu'elle s'imagine beaucoup"
"De Acuerdo*, vas te préparer et on y va"

**
« Je peux pas t'accompagner au concert Nara, mon oncle veut que j'y aille avec lui. Je suis désolé. »
« Ce n'est pas grave, c'est pas de ta faute, on se voit demain » Conclue- t elle en raccrochant.

Elle me manque déjà, elle me manque tout le temps, même quand elle là, parce qu'il me vient en esprit son départ.

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Arrivo: J'arrive.

Allora non è come se fosse una nera: Et puis/ et alors c'est pas comme si elle était noire.

De Acuerdo: D'accord.

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