Chapitre 1

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Dans ce monde, chacun possède son secret. À croire que c'est le propre de l'être humain de dissimuler des choses. Elle aussi, elle avait un secret. Pas qu'un d'ailleurs, si elle avait dû tous les répertorier, elle aurait pu en faire un petit bouquin. Mais, ce secret-là était gros, peut-être même trop gros. Voici un de ses secrets, histoire de vous tenir en haleine ; car si l'homme est cachottier il est aussi très curieux. Elle avait commencé un jeu. Oui, ce genre de jeu... Celui où, quoiqu'il advienne, on est toujours sûr de perdre.
Comment en était-elle arrivée là, à espionner sa "meilleure amie" et le futur plan cul de cette dernière ? Cette question la taraudait un peu...

Tout avait commencé au début de ce mois de mars. Yaël, car c'est ainsi qu'elle se nommait, avait rendez-vous avec Lise, sa "meilleure amie". À ses yeux, ce titre n'était plus très adapté : leur relation ayant évolué quelque peu. Mais, nous y reviendrons.
Les deux amies devaient travailler sur un devoir d'histoire. Étant en dernière année, elles ne pouvaient plus tellement se permettre de ne pas faire leurs devoirs. Alors, réunissant le peu de motivation qu'elles possédaient, elles s'étaient mises à travailler. Du moins, la plus âgée travaillait. Lise, la blonde qui lui servait de meilleure amie et de binôme avait plutôt décidé de parler conquêtes et relations. La discussion avait tellement dérivé que la plus jeune avait fini par proposer un jeu pour "décoincer" la plus vieille qui n'avait plus eu de conquête depuis son entrée au secondaire.
Cela lui avait paru absurde sur le coup. Elle n'avait pas besoin d'une quelconque relation amoureuse dans sa vie. Pas depuis ce qui s'était passé. Pourtant, elle avait fini par accepter, la plus jeune ayant parlé d'une récompense pour le gagnant. Alors elle avait cédé, dans l'optique d'une récompense inconnue dont elle se fichait éperdument. Au final, elle avait réussi à se convaincre que ce serait amusant, comme elle s'était convaincue de beaucoup de choses auparavant.
Les règles énoncées étaient simples :
- celle qui aurait eu le plus de conquêtes avant le 8 avril, soit un mois pile après le début du jeu gagne
- pas deux fois la même personne
- il faut une preuve
- pas de baisers

Au bout de deux semaines, l'écart commençait déjà à se creuser. Lise en était à 10 contre 3 pour Yaël :
- Une interne en première année, mauvais coup au lit mais avec un très bon coup de pieds.
- Un certain Christopher, capitaine de l'équipe de soccer.
- Une membre du club de théâtre dont elle ne gardait aucun souvenir à part le fait de s'être réveillé à ses côtés un samedi matin.

Yaël n'était jamais allée au bout. Soit elle dominait chez les filles, soit elle se contentait des préliminaires. Contrairement à son amie aux problèmes hormonales, Yaël se méfiait des autres et surtout de se livrer à eux. Elle ne voulait plus connaître ça.
Toujours est-il que Yaël allait perdre, et elle le savait. Et, connaissant les drôles d'idées de la plus jeune, elle avait très peur du prix qu'elle allait choisir. Pendant les deux jours qui suivirent l'annonce des résultats provisoires, elle réfléchissait à l'idée de se remettre à concurrencer Lise. Elle pouvait le faire, si elle s'y mettait à fond. Mais, d'un autre côté, elle aimait bien passer ses soirées vautrée dans son tout petit appartement, son appareil photo dans les mains au cas où il se passerait quelque chose d'extraordinaire. Comme si un alien allait tomber de son plafond pendant une de ses soirées Netflix and chill...

Et puis, il y eu la soirée du 25 mars. Leur adorable professeur d'histoire leur avait encore une fois donné un travail de groupe et le duo de choc s'était à nouveau retrouvé ensemble. Yaël devait se rendre chez Lise pour bosser. Elle savait que son amie ne serait pas productive, et, à force, elle avait pris l'habitude de travailler seule.
La blonde lui avait donné rendez-vous à 19h car elle serait trop "occupée" avant. Yaël était loin d'être bête ou naïve, elle savait pertinemment que son amie avait quelque chose de peu catholique de prévu. Lorsqu'elle lui avait annoncé ça par téléphone, Yaël n'avait pu réprimer un soupir de désespoir : oui, ce soir elle travaillerait seule. Au mieux, Lise dormirait sur le canapé toute la soirée, au pire elle lui raconterait les détails.
Mais, jamais elle ne s'était attendue à ce que les événements prennent cette tournure. La porte de Lise n'était pas verrouillée, et, comme après une dizaine de coups de sonnette elle n'était toujours pas venue lui ouvrir, Yaël avait décidé de rentrer. Ce n'était pas la première fois qu'elle rentrait ainsi chez la plus jeune, tant et si bien que son « sans gêne » était devenu naturel.
Le salon était sombre et l'appartement trop silencieux. S'il n'y avait pas eu de drôles de bruits en provenance de la seule pièce éclairée de l'appartement, la brune aurait pu croire à un enlèvement ou un cambriolage.
La curiosité est un vilain défaut et elle le savait. C'est d'ailleurs pourquoi elle s'était rapprochée de la chambre de Lise d'où provenait ces bruits. Avant de passer sa tête dans l'ouverture de la porte, elle pensait que rien ne pouvait l'étonner ; puis, elle avait vite changé davis. Comme elle s'y attendait un peu, de drôles de choses se déroulaient bien dans la petite pièce, mais pas comme elle aurait pu l'imaginer. Elle avait découvert son amie complètement soumise à un garçon, les yeux bandés et gémissant au moindre geste de ce type.

Pour la première fois, elle eut un immense coup de chaud. Elle avait déjà vu Lise nue, jamais elle n'avait imaginé en venir à jalouser le mec qui avait le droit de profiter de son corps.
Elle avait fini par céder ; échangeant discrètement sa place avec le garçon qui s'était gentiment laissé faire après une menace sur ses biens les plus précieux. Si Yaël n'avait pas embrassé Lise ce soir-là, peut-être que la plus jeune n'aurait pas su la vérité et peut-être que leur relation n'aurait pas tant changé. Mais qu'importe, le mal était fait ; et, à leurs yeux, ce n'en était pas un.

Après cette soirée, leur jeu avait continué, il s'était même pimenté. Lise avait compris que la plus âgée n'était pas insensible à ses avances et Yaël, ayant compris le manège de la plus jeune profitait de la situation pour combler le vide créé par la pensée que d'autres personnes puissent se servir de la blonde pour assouvir leurs moindres désirs. Car, malgré la naissance de cette tension entre elles, Lise était toujours en tête et elle continuait de prendre de l'avance.

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