La fille d'un roi - Tome 1 - La compagnie de Thorin

Prologue

An 2939, aux montagnes bleues

(Kara)

Je pris mon sac, le déposai sur mon lit et y fourrai une couverture et des vivres, beaucoup de vivres. J'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir derrière moi. Je fis volte-face et tombai nez à nez avec Kili. Ses yeux bruns vinrent se poser dans les miens et il me fit un petit sourire. Son regard tomba alors sur le lit derrière moi. Il perdit son sourire et fronça les sourcils.

-Où vas-tu?

Je me crispai, je n'avais pas envie que mon père sache ou j'allais et encore moins que Kili ne m'empêche de partir.

-Ça ne te regarde pas, dis-je trop sèchement à mon gout.

Kili soupira et ferma la porte derrière lui.

-Tu sais que tu peux me le dire. Je ne le dirais à personne, m'encouragea-t-il d'une voix douce.

-Pas même à mon père? demandai-je en baissant les yeux.

Il ne répondit rien pendant quelques secondes.

-Pas même à ton père.

Je levai les yeux vers mon cousin. Son air était grave. Je ne pus soutenir son regard plus longtemps et tournai la tête vers le mur à côté de moi.

-Je vais à Fondcombe. Je veux en savoir plus sur ma mère. Mon père ne me dit jamais rien à propos d'elle. Tout ce que je sais, c'est que c'était une elfe et qu'elle est morte dans une bataille contre les orques. Je pense qu'en allant à Fondcombe, je pourrais trouver des réponses à mes questions.

Kili soupira et me prit dans ses bras.

-Fais attention alors.

-Tu ne m'empêche pas de partir? demandai-je surprise.

Il se dégagea doucement et dit avec un sourire moqueur :

-Ce serait vain.

Je souris légèrement et sautai dans ses bras.

-Tu es mon cousin préféré, riai-je.

Kili rit doucement. Puis il me serra plus dans ses bras.

-Dit à ton frère de ne pas s'inquiéter et qu'il est mon cousin préféré.

Kili se dégagea à nouveau et rétorqua, faussement offusqué :

-C'est moi ton cousin préféré, tu viens de le dire.

-Il faut bien faire plaisir aux deux, répondis-je en haussant les épaules.

Le petit sourire de Kili s'effaça doucement. Je choisis ce moment pour prendre mon sac, mon épée, mon arc et mon carquois et sortir de ma chambre, les larmes aux yeux.

(Kili)

Lorsque Kara sortit, je me retenais d'aller la voir, de la ramener dans sa chambre et de lui faire la morale en la secouant comme un prunier. Mais c'était son choix, elle avait 69 ans. Moi et Fili la considérions comme notre petite sœur. Nous l'avions bordée lorsqu'elle faisait des cauchemars, nous l'avions soignée lorsque celle-ci se blessait lors d'un entraînement. Nous l'avions consolée lorsqu'elle se faisait gronder. Mais maintenant elle était partie. Je ne pourrais plus la soigner si elle se blessait et cela me faisais peur.