Chapitre 1

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An 2941, dans la forêt noire

(Kili)

-Vous ne me fouillez pas? Je pourrais avoir n'importe quoi dans mon pantalon, dis-je à l'elfe rousse.

-Ou rien, dit-elle en fermant la porte du cachot.

D'un regard amusé, je suivis la soldate sortir des geôles.

Un ricanement cristallin éclata derrière mon dos, contrastant avec le lieu dans lequel nous étions.

Alerte, je fis volte-face. Un être était adossé sur le mur, un capuchon sombre dissimulant son visage, les genoux repliés sur lui-même. Son rire continua à résonner entre les trois murs souillés de notre petite cellule.

-Qui êtes-vous? demandai-je sur la défensive.

Ma question attira l'attention des autres et tous regardaient dans ma direction. Pourtant, il n'y eut aucune réponse concrète, seule la persistance de son rire.

-Je ne le répéterais pas, qui êtes-vous? dis-je une seconde fois, insulté par son manque d'intérêt.

Un moment s'écoula. Je me demandai subitement quelle fut la pire punition : être confiné dans une cellule ou bien être confiné dans une cellule avec un inconnu.

-Personne d'important, dit sèchement la personne en relevant la tête.

En raison de la noirceur de l'endroit, je ne pus voir son visage. Toutefois, je fus troublé par cette voix : une consonance féminine, un timbre familier.

La personne se releva lentement et s'avança vers moi.

-Kili, souffla-t-elle.

Elle connaissait mon nom. Intrigué, je tendis la main vers son capuchon. Précautionneusement, je le retirai.

-Kara, m'exclamai-je avant de sauter dans ses bras.

(Kara)

Il m'enlaça comme si sa vie en dépendait. Ça faisait tellement du bien de le revoir.

Nos retrouvailles furent coupées par l'arrivée de d'autres gardes. Je me dégageai et m'approchai des barreaux. Ils traînaient un autre nain. Lorsqu'ils passèrent devant notre cellule, je vis avec horreur qu'il s'agissait de mon père.

-Papa! Lançai-je pour attirer son attention.

Il se tourna vers moi.

-Kara!

Un kaléidoscope d'émotions passa dans ses yeux, soulagement, colère, impuissance, inquiétude. Il tenta de me rejoindre, mais les deux elfes ne le voyaient pas de cette manière. Sans préavis, sous l'indignation des membres de la compagnie, aussi impuissants que je l'étais, ils le jetèrent dans un cachot.

(Thorïn)

Aller en prison était bien futile en comparant tout ce que j'ai parcouru dans ma longue vie de nain. La bataille d'Azanulbizar, la prise d'Erebor par Smaug, rien de tout cela ne m'avait autant procuré d'inquiétude que de voir ma propre fille dans une prison elfique, sans même pouvoir la serrer dans mes bras ni m'assurer qu'elle allait bien.

-Kara! Que fais-tu ici? demandai-je avec inquiétude en me collant aux barreaux.

Elle sourit légèrement et haussa les épaules.

-J'ai insulté Thranduil.

Je souris. Ma fille, ma Kara, était insouciante. Elle était orgueilleuse, têtue et rancunière, pourtant, elle n'avait peur de rien. Elle ressemblait tant à sa mère, ma défunte femme. Elle avait ses longs cheveux blonds, ses yeux bleus clairs et surtout son courage. Elle n'avait hérité de moi que sa petite taille et son caractère, mais je l'aimais tellement.

La fille d'un roi - Tome 1 - La compagnie de ThorinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant