Chapitre 10

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(Kara)

J'étais complètement figée. Incapable de bouger, incapable de respirer. J'étais figée par la peur, figée par le désespoir qui m'entourait. Une profonde nausée me prit soudainement à la gorge.

Thorïn avait appelé à l'aide les autres royaumes nains, un seul avait répondu. Les nains des Monts de fer étaient venus, prêts à se sacrifier pour le nouveau roi sous la Montagne, pour reprendre et garder ce royaume qui était le leur auparavant. Seulement, ils n'avaient pas conscience que Thorïn ne les avaient appelés pour reprendre le royaume, il voulait seulement qu'ils se débarrassent de ses ennemis, qu'il n'ait pas à se battre pour garder ce royaume, qu'il n'ait pas à sacrifier quoi que ce soit qui provienne de cette montagne, de son royaume. Il ne laisserait personne entrer, il ne partagerait jamais les richesses de cette montagne, tout lui appartenait.

Je ne voulais en aucun cas d'une guerre contre les elfes et les hommes, mais une guerre qui opposait nains contre hommes et elfes était sur le point de se déclencher et ce, parce qu'un roi cupide ne voulait rendre ce qu'il avait promis aux hommes, mais aussi ce qu'il devait aux elfes.

J'étais dégoûtée, dégoûtée par tout ce qui m'entourait. La guerre, la bataille, la boucherie qui se produisait sous mes yeux, voir toutes ses vies perdues pour une histoire de quelques pièces d'or m'affligeait, me déchirait.

Je ne pouvais prendre parti dans cette guerre. D'un côté, j'avais été élevée naine, j'avais la culture naine qui coulait dans mes veines, j'étais une naine, mais je ne pouvais arrêter de penser que dans cette guerre, les nains étaient les méchants. Ils combattaient pour une cause qu'ils ne comprenaient pas, qu'ils ne connaissaient même pas, ils pensaient qu'ils se battaient pour protéger la Montagne Solitaire, mais c'était faux. Ils se battaient tous pour empêcher les elfes et les hommes de récupérer leur dû. De l'autre côté, j'étais née elfe. Je ne connaissais ni les coutumes ni la langue des elfes, mais ma mère était une elfe et ignorer cette partie de moi serait un sacrilège, une honte à sa mémoire. Je ne pouvais souhaiter la victoire des elfes puisqu'elle désignerait très probablement la mort des nains, la mort de la Compagnie. Pourtant, malgré le roi des elfes sylvestres, celui-ci défendait une cause louable, la cause des hommes. Les hommes voulaient seulement recevoir ce que mon père leur avait promis, ce qu'ils avaient tant espéré.

Je regardais les cadavres s'amonceler avec tant de tristesse, alors que le reste de la Compagnie était obnubilée par les combats.

Tant de morts pour quelques pierres blanches.

Puis, je l'entendis, un craquement sonore suivit d'un rugissement bestial. Le bruit semblait lointain, étouffé. Pendant un court instant, je me demandai s'il s'agissait d'une ruse, une ruse que les nains ou les elfes avaient préparés pour distraire l'ennemi, mais j'oubliai cette idée tordue lorsque je vis les combats s'arrêter peu à peu, du côté des nains, mais aussi du côté des elfes. Un silence de plomb régnait parmi les soldats.

Une créature immense sortit de terre soudainement. Elle était ignoble, horrible. Elle ressemblait à un ver, elle n'avait pas de yeux, pas de nez, seulement une grande mâchoire remplie de crocs acérés. Alors que je me disais que rien ne pouvait être pire, quatre autres vers sortirent de terre, aussi laids et aussi immenses que le précédent. Les bestioles lâchèrent des rugissements stridents puis retournèrent dans leurs trous. Il y eu un silence tendu, un silence qui sembla durer plusieurs minutes, un silence où l'on pouvait sentir la confusion et la peur qui flottait dans l'air. Le silence fut interrompu par le son d'un cor qui retentit fortement, me faisant sursauter et, seulement quelques instants plus tard, des orques se mirent à sortir des trous par milliers.

Tous les soldats nains se mirent à courir vers l'armée d'orques qui s'approchaient rapidement. Ils n'avaient même pas attendu les ordres de leur chef, de leur roi, de Daïn. J'étais impressionnée par leur courage, aucun n'avait hésité une seconde avant de courir vers le danger, vers une mort certaine. Je jetai un regard vers Thranduil qui ne fit aucun mouvement, aucun effort pour aller aider tous les nains prêts à combattre pour la survie de tous, mais alors que je ne m'y attendais pas, il cria quelque chose dans sa langue et une cinquantaine d'elfes se mirent à courir dans la même direction que les nains.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28 ⏰

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La fille d'un roi - Tome 1 - La compagnie de ThorinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant