1. Hope Hawkins

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HOPE

Mai 2020

Il fait beau aujourd'hui, c'est une super journée pour se faire virer d'un orphelinat.

Déjà que j'y ai vécu une vie de merde toute mon enfance, passant de familles d'accueils malfamées en familles merdiques, ils ont le culot de me virer, car soi-disant, je n'ai plus l'âge de rester. Mais bon après tous, cela ne va pas changer grand-chose, car je n'y vais déjà plus depuis 5 ans, depuis que j'ai 12 ans je squatte un peu partout dans la ville, oui j'étais une SDF, on peut le dire.

À 12 ans après une ultime famille malsaine et pervertie par la société, j'ai décidé de vivre par moi-même. Comme dit le dicton, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. C'est pour cela que j'ai commencé à traîner dans les rues, elles sont devenues ma maison. Je me suis fait quelques amis, pas beaucoup, car les vrais amis dans la rue ne se comptent que sur les doigts d'une main.

Mais c'est aussi là que j'ai rencontré James, et grâce à lui, je peux vivre à peu près par moi-même ici dans cette ville. James, c'est un homme de 40 ans qui est tatoueur, et il m'a hébergé dans son salon le Devil's Ink.

Je me souviendrais toute ma vie de notre première rencontre. J'avais 13 ans, j'errais sans but dans la rue. Et je me suis retrouvé devant une vitrine, il y avait des dessins dedans, tous plus beau les uns que les autres, je les ai admirés. Ils étaient dans mon cerveau de pré ado, des œuvres d'art. Surprise de cette attirance envers ces dessins et curieuse à propos de cela, j'ai été piquer dans le magasin au coin de la rue des feuilles et un crayon. J'étais une pro du vol, et je le suis toujours d'ailleurs.

Après ce délit, je me suis mise dans un coin et je me suis mise à essayer de remettre sur papier ce que j'avais vu. J'en faisais et en faisais... Je n'arrivais plus à m'arrêter. Cela m'a occupé plusieurs semaines.

Un jour, je suis revenue devant la vitrine pour essayer de comparer ce que j'avais fait avec les œuvres d'art de mes souvenirs. Je n'étais pas du tout satisfaite ! Et d'un seul coup, un homme est sorti de la vitrine. Il m'a tellement surprise ce jour-là que j'en fis un bond ! Il était grand et impressionnant. Il était châtain, aux yeux verts et des cheveux mi longs attachés en queue de cheval. Il avait aussi les bras pleins de dessins, pour mes yeux d'enfant, il ressemblait à un tableau, mais en plus effrayant ! Et il m'a regardée droit dans les yeux, moi l'enfant tenant ses dessins dans les mains, et a dit :

Tu veux rentrer p'tite ?

Je l'ai alors fixé, choquée qu'il me demande ça à moi, la mioche de la rue.

Pardon ? Euh, c'est à moi que vous parlez ?

Bah, je ne vois pas d'autre personne dans cette rue... Qu'est-ce que tu tiens dans tes mains ? m'a-t-il donc répondu simplement comme si j'étais quelqu'un à-part entière, et non pas un rebut de la société.

Ah ! Euh rien... Ce n'est rien du tout. Je vais y aller, je crois, je vous dérange... lui ai-je répondu m'apprêtant à partir en courant.

Tu peux venir avec moi à l'intérieur p'tite, tu y verrais mieux. Sur ces mots, il opéra un demi-tour et laissa la porte ouverte.

Il a agi comme un homme attrapant un animal sauvage. C'est ce que j'étais un peu à cette époque, je le suis toujours un peu d'ailleurs.

J'ai mis plusieurs semaines à me décider à rentrer dans ce salon, plusieurs semaines à venir voir la vitrine et à ne jamais oser y mettre un pied. Lui, il attendait patiemment, que j'ose le faire.

NEVER LOSE HOPE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant