Always Watching {Part 1}

Chapitre IV

Slender, en haut d'une falaise, contemplait les premières lueurs de l'aube qui teintaient le ciel de nuances rosées. Il laissa passer un vent frais et humide, caresser son visage. 

Et si, à cette heure matinale, il était habillé, ce n'était pas parce qu'il ne se change jamais. En réalité, il ne s'était pas couché : il n'a jamais quitté la forêt, comme en témoignaient les débris de feuilles mortes encore collés à ses chaussures. 

Il repensa à ce jeune homme sur lequel il s'était acharné. Il s'était abandonné au plaisir de tuer. Le souvenir de cet instant lui revint comme un doux rêve. Il se souvint de la lutte de cette pauvre créature, lorsqu'il était au sol, suppliant de l'épargner. 

Au prix d'un violent effort, il s'est retenu de lui planter les crocs. Il voulait encore le voir souffrir sous ses coups. Le voir hurler de culpabilité, de remords. Il l'avait laissé le cœur battant et les membres tremblants sous la souffrance infâme. 

Puis, l'espace d'un instant, il avait planté ses crocs dans la chair de son cou. Il se souvenait à peine de la façon dont il était arrivé à ses pulsions. 

Il se rappelait juste que, un peu plus tard, il en avait assez de jouer. Les cris du jeune garçon avaient réveillé en lui un besoin qu'il tâchait de retenir : la soif de chasser, de sentir la peur et de savourer la victoire de la mise à mort. 

Depuis des siècles, il ressentait ce besoin avec toujours plus d'intensité. Privé trop souvent de chair et de sang, il avait constamment les pulsions en feu, et son esprit était obsédé par le goût du sucré et la couleur rouge. 

Sous l'emprise de cette pulsion, il avait suivi les deux individus jusqu'au petit ruisseau. Mais là, le garçon plus robuste s'était attaqué à la jeune fille. Ça avait suffit à activer son instinct de prédation. Il n'avait plus la force de lutter contre la tentation de la chair humaine-la pomme d'Adam par excellence, ce fruit défendu, plus enivrant que n'importe quel autre mets savoureux. Lorsqu'il était assez proche, Slender avait bondi vers lui sans hésiter, l'arrachant à cette petite humaine.

Il s'était acharné sur lui pendant des minutes voir des heures. Un visage apeuré, terrifié, brisé était apparu. Ouvrant la mâchoire, Slender s'était régalé. 

Lorsque que j'ouvris les yeux, les rayons du soleil flirtaient à travers les rideaux de ma chambre : j'ai deviné, d'après leur inclinaison, qu'il était très tard. J'avais l'impression d'être en convalescence. 

Je me suis réveillée en pleine nuit, mais cette fois, à cause d'un hurlement. Pourtant, après avoir tendu l'oreille, j'ai constaté que tout était calme dans la rue. Il s'est passé tellement de trucs étranges hier que je dois être un peu sur les nerfs. 

Je suis descendu dans le salon en nuisette pour y retrouver ma mère qui préparait déjà le petit-déjeuner. 

- Bonjour, disais-je en embrassant longuement ma mère, qui fût surprise d'une telle effusion. 

- Tu as l'air épuisé, constata ma mère. 

- Ce sont les événements d'hier soir...

- Tu devrais être prudente à l'avenir et ne disparais plus comme tu l'as fait. 

- D'accord, mais je voudrais voir Hayley. Elle doit se sentir très mal, d'autant plus que personne se semble la croire. 

- Tu penses qu'elle dit la vérité ? 

- Oui. Tu sais, je ne sais pas si c'est en rapport, mais il m'est arrivé quelque chose hier matin. 

- Qu'est-ce que c'est ?