Chapitre V

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Le courage m'a manqué depuis ces choses effrayantes qui se sont produites.

D'abord, il y a eu cet homme dans les bois quand je suis sortie de chez-moi. Connor, fut retrouvé mort, près du ruisseau. La police n'a toujours pas trouvé qui a fais ça. Tout le monde crie à l'assassin dans la ville. Hayley, après avoir été en observation, s'est mise à dire des trucs qui n'avaient aucun sens comme "un homme en costard noir", "sans visage". Elle n'arrêtait pas de parler d'arbres... Mais je ne peux pas m'empêcher de penser constamment à ce qui est arrivé, ce soir-là. Je suis terrifiée...

D'ailleurs, pendant un bout de temps, les gens n'osaient pas sortir, et on avait interdit aux enfants de traîner dans la forêt comme dans la nuit sans être accompagnés. Mais ça va faire deux semaines que ça s'est passé, et personne d'autre n'a été attaqué.

L'état d'Hayley pour y revenir, s'est aggravé. Elle se plaignait de ne jamais pouvoir dormir correctement. Elle voyait une ombre qui lui chuchotait des mots dont elle seule comprenait. D'ailleurs, sa mère se fait du souci pour elle. Hayley ne mange presque plus rien. En cours, je la vois plongée dans ses pensées, à regarder la fenêtre. Elle s'est isolée de tous.

Elle ne m'a toujours pas adressé la parole. Pourtant, il s'est passé quelque chose de bizarre : la semaine dernière, en cours de langue, j'ai vu qu'elle me regardait. On était assises à quelques tables l'une de l'autre, et elle, complètement tourné vers moi, me fixait avec insistance. Ça m'a presque foutu la trouille : mon cœur battait super, fort. On est restée comme ça quelques secondes, et puis elle a finalement détourné les yeux. Mais c'est arrivé à deux reprises : à chaque fois, j'ai senti son regard sur moi avant même de lever la tête... Elle agit étrangement sur ces derniers temps.

Une ombre s'avança au-dessus de moi. Je levai les yeux, étonnée, et aperçu une silhouette vaguement menaçante. Je la fixais pétrifiée.

- Eve, dit la silhouette, les mains sur les hanches. Tu n'as pas fini de disparaître comme ça ?

J'ai cligné des yeux et finis par laisser échapper un soupir. C'était Maéra.

- Ne pourrais-je pas avoir un peu de repos... Bougonnais-je tandis que Maéra s'asseyait près de moi.

- Je m'inquiète pour toi.

J'ai souri. Finalement, j'étais contente qu'elle soit là. Je venais régulièrement au cimetière pour rendre visite à mon père depuis l'accident. À cette époque, je n'étais qu'une petite fille, mais pas assez pour l'oublier. J'ai tellement pleuré à l'évocation de son nom. Il me manquait tant... Je le voyais dans mes rêves, si souriant et heureux.

Peu après l'enterrement, je suis souvent venue déverser ma colère dans ce lieu. Comment a t-il pu être stupide à ce point pour se faire tuer ? Je ne m'étais jamais sentie aussi si seule au monde. J'avais cette certitude de l'être encore plus qu'aujourd'hui. Pourtant, j'avais l'impression qu'un endroit où je me sentirais immédiatement chez-moi m'attendais...

Maéra est souvent venue me chercher à cet endroit : je n'étais pas gênée de lui montrer mes yeux mouillés acceptant sans rien dire le mouchoir qu'elle me donnait. Nous restons assises en silence à regarder le vent agiter les branches des sapins.

- On devrait passer à autre chose, dit enfin Maéra à mi-voix. C'est terminé à présent.

- Je ne pense pas...

- Comment ça ?

- J'ai cette impression, c'est tout. Il est vrai que depuis deux semaines tout sembles calme...

- Malgré l'attitude ambiguë d'Hayley, m'interrompit Maéra. Elle s'en remettra.

- Tu es sûre ? Parce que je pense que ce qu'elle voit est réel.

Always Watching {Part 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant