Angels Hunters Tome 1 - Emergence

Prologue

Elle s'enfuyait.

Quelques heures plus tôt, le craquement d'une branche sur le sol l'avait réveillée en sursaut alors que la nuit était tombée depuis déjà un certain temps.

À présent, elle essayait de sauver sa vie. Alors qu'elle filait dans l'obscurité, elle entendit un homme hurler des ordres derrière elle :

— Rattrapez-la !

Puis le sifflement d'une flèche parvint à son oreille, le carreau se planta dans le tronc d'un arbre avec une telle force, que l'écorce vola en éclats. La jeune fille ne se retourna pas, elle éperonna son cheval qui accéléra l'allure. La crinière de l'animal fouettait le visage de l'adolescente, mais elle n'y prêta pas attention. Elle ne pensait qu'à mettre le plus de distance possible entre elle et ses poursuivants.

Elle réfléchissait plus vite que sa monture ne galopait. Elle devait avoir les idées claires si elle voulait survivre à cette nuit. Des tas de questions se bousculaient dans sa tête ; comment avaient-ils pu en arriver là ? Ses parents étaient morts ; son frère et elle avaient pris la fuite, et il avait choisi de faire diversion pour lui permettre de s'échapper. Il lui avait alors promis de la retrouver plus tard s'il parvenait à semer les gardes.

Le garçon et sa sœur s'étaient donc séparés à un embranchement. L'adolescente avait réussi à fausser compagnie, une première fois, aux soldats dans la forêt grâce à son aîné. Elle s'était établie au creux des racines d'un chêne gigantesque où elle avait attendu, guettant le moindre bruit. Il faisait froid, mais la jeune fille n'avait pas allumé de feu pour se réchauffer, sachant pertinemment que la fumée et la lumière des flammes auraient trahi sa position.

Kellan n'était jamais revenu. Il avait sans doute dû être capturé et dans ce cas, lui aussi serait mort dans très peu de temps. Comment pouvait-on passer d'une nuit où régnaient le calme et la paix, à une nuit de carnage ? Les seuls souvenirs de cette soirée qui resteraient en mémoire seraient le sang, et les cris. Tout cela ne tenait pas debout, mais elle n'avait pas le loisir de se pencher sur la question pour l'instant.

L'adolescente avait fait preuve de négligence. Pour un bref instant de repos, elle avait relâché sa vigilance et c'était ce qui l'avait conduite à cette course effrénée. Elle tendit l'oreille pour estimer à quelle distance se trouvaient ses poursuivants ; elle n'entendit rien, mais ne ralentit pas pour autant sa vitesse.

Elle filait à travers la forêt à toute allure. Au-dessus d'elle, les étoiles remplissaient le ciel. La lune, quant à elle, indiquait que l'été commençait à peine, sa lumière frappait les hautes silhouettes des arbres et projetait leurs ombres sur le sol. Une légère brise faisait frémir les branches. La nuit était belle, pourtant, une atmosphère étrange régnait dans les bois ; comme si la nature elle-même savait que quelque chose d'important se passait.

Tout à coup, le bruit d'une cavalcade parvint aux oreilles de l'adolescente, elle se retourna et vit des soldats qui émergeaient de l'obscurité. Puis, elle entendit un carreau d'arbalète siffler près de sa tête, mais celui-ci alla se perdre loin devant elle.

— Mais rattrapez-la, bon sang ! s'exclama un des hommes.

Du coin de l'œil, la jeune fille aperçut une forme blanche filer à toute allure au milieu des arbres sur sa gauche. L'affolement la gagna, puis un second projectile fut tiré et frappa son cheval à la patte arrière. L'animal hennit de douleur et se cabra avant de retomber au sol.

— On l'a touchée ! entendit-elle au loin.

La capuche de l'adolescente glissa dans son dos, découvrant une chevelure rousse flamboyante. La jeune fille garda tant bien que mal l'équilibre sur sa monture. Puis elle se pencha, et posa la main sur son encolure avant de murmurer à son oreille. L'animal se calma aussitôt. Elle mit pied à terre aussi vite que possible. Elle s'approcha de sa blessure, saisit le carreau dans son poing et le retira d'un coup sec. Son cheval hennit de nouveau.