Chapitre 6 - Ce qui sommeil

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En l'espace d'une journée, on lui avait enlevé ce qui comptait le plus à ses yeux. Elle ne verrait plus jamais son père, couvert de copeaux de bois et de peinture, travaillant dans son atelier. Elle n'entendrait plus sa mère s'affairer dans la cuisine pour préparer le repas, et elle ne croiserait plus jamais Elza dans le salon, assise par terre contre le canapé, un livre entre les mains. Tout ça, avait disparu en l'espace de quelques secondes. Sa vie ne serait plus jamais la même à partir de maintenant. Elle devrait l'affronter seule et vivre avec cette douleur tous les jours, en espérant que l'immense cicatrice dans son cœur finisse par se refermer. Elle ne pouvait pas se laisser aller à la tristesse qui la dévorait, toute sa famille n'avait pas péri. Elle devait penser à Max. Le garçon aurait probablement beaucoup de mal à accepter la situation, et les jours, voire les années à venir risquer d'être compliqués pour lui. Mais ils feraient front ensemble. La peine immense qu'elle ressentait suite à la perte des siens ne fit que s'accroître quand elle apprit l'enlèvement de Liam.

La nuit commençait peu à peu à tomber. Les flammes étaient éteintes depuis longtemps grâce à Angel et Ice. Les seules traces qui restaient de l'attaque étaient la fumée s'échappant des édifices calcinés, les gravats jonchant le sol et les cadavres.

Installée sur le bord du toit d'une des maisons entourant la place, Keylhä leva la tête vers le ciel et laissa son regard s'y égarer. Les étoiles commençaient à apparaître dans l'immensité. Absorbée dans ses réflexions, elle ne remarqua même pas que Lyon venait de s'asseoir à côté d'elle.

— Je suis désolé, Keylhä, déclara-t-il d'une voix compatissante.

Cet air ne lui allait pas. Le peu de temps qu'elle avait passé avec lui, il avait toujours était souriant et enjoué. L'entendre parler ainsi lui fit baisser la tête vers lui et l'observer. Il y avait une réelle tristesse et de l'inquiétude dans ses yeux azur. Ils se connaissaient à peine, mais sa gentillesse toucha la jeune fille.

— Tu n'as pas à t'excuser, répondit-elle en détournant le regard.

— Nous étions censés assurer la protection de votre village.

— Et vous l'avez fait, le coupa-t-elle. Plus de la moitié des habitants ont eu la vie sauve ; grâce à vous. Lyon, tu as fait ce pour quoi l'on vous a engagés. Personne ne pouvait prévoir ce qui allait se passer.

Lyon la regarda sans rien dire. Elle était abattue et épuisée ; cela se voyait sur son visage. Ses cheveux bruns étaient emmêlés, et de la poussière et des égratignures recouvraient ses joues. La plaie sur son épaule avait saigné abondamment et le bandage sur sa main était imbibé du liquide rouge.

— Ça va laisser une cicatrice, dit-elle tout à coup.

Le néphilim ouvrit de grands yeux, perplexe, et, Keylhä esquissa un faible sourire devant son air ahuri. Elle désigna la blessure sur le front du garçon.

— Ça ne sera pas la première, répondit-il en haussant les épaules.

— Tu ne peux pas demander à ton ami de te soigner, comme il l'a fait pour les autres ? interrogea-t-elle.

— Je pourrais, mais à moins que cela ne soit grave et que ma vie soit en danger, je ne le ferais pas.

— Pourquoi ?

— La magie de soin requiert de son utilisateur énormément d'énergie, donc il vaut mieux ne l'employer que lorsque c'est vraiment nécessaire. À part une migraine monstrueuse demain, je ne risque pas grand-chose. Et puis de toi à moi, je pense que garder une marque comme ça de temps à autre, me donne encore plus la motivation de me surpasser la prochaine fois que je devrais me battre.

Angels Hunters Tome 1 - EmergenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant