Chapitre 1

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" Je n'ai pas toujours trouvé les mots

Pour bercer tes rêves d'enfant

Ensemble on est devenu grand

De bons points en double zéro

Paralysés par tant d'amour

On s'apprivoise au jour le jour

Je n'ai jamais su trouver les gestes

Qui pouvaient soigner tes blessures

Guider tes pas vers le futur. " - Sang pour sang, Johnny Hallyday




- Harry -



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Je suis affalé sur la banquette arrière, une jambe ramenée contre mon torse et une main soutenant ma tête. Je suis bien trop occupé à réfléchir. Écouteurs dans les oreilles, je regarde les paysages défiler devant moi. Nous passons devant des aires d'autoroutes qui sont quasi désertes. La route de notre côté est complètement vide comparée à l'autre sens. Je le savais, c'est tellement mort là-bas que tout le monde veut se casser pour l'été. Je les comprends, je viens juste de passer le panneau indiquant Dunkerque que je perds déjà le sens de la réalité. Ma mère ouvre la bouche, je parviens à l'entendre, le volume de mon téléphone n'est malheureusement pas assez fort pour masquer ses paroles :

— Tu vas voir mon petit poussin, tu vas t'amuser ici. Ton père a hâte de te voir.

Je lève les yeux au ciel, je sais qu'elle déteste cela et ça fonctionne, car elle serre davantage son volant en cuir. Je commence à presser les boutons pour ne pas l'entendre davantage, les dernières paroles que je perçois sont "Vivement qu'on arrive". Parle pour toi. Dans ton cas, tu te débarrasses de moi et tu rentres à Paris, alors que je suis coincé ici pour trois longs et difficiles mois. Ce n'est pas une visite de passage, un week-end, une semaine. J'aurais survécu, pas besoin d'en faire un drame. Là, je suis carrément en exil. Je suis bloqué avec des Nordistes.

Je ferme les yeux, légèrement bercé par le roulement de la voiture. Pff... Je sens que je vais terriblement me faire chier ici. Je me sens actuellement comme un chien qu'on expédie de famille en famille dès que celui-ci devient trop encombrant.

— Rappelle-moi, pourquoi je suis obligé d'aller le voir ?

— Nous n'allons pas avoir de nouveau cette discussion, nous l'avons eue un milliard de fois, souffle-t-elle, ce n'est pas négociable Harry.

— Pourquoi trois mois ? grogné-je. Un week-end aurait suffi.

— Vous avez besoin de vous retrouver Harry. Tu ne l'as pas vu depuis deux ans.

Monachopsis - ( L.S )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant