Chapitre 10

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- Harry -



" Le frigo vide à ton départ maman t'en voulait beaucoup

J'avais pas le droit mais en cachette moi je t'aimais beaucoup" - Papa de Lafouine


Le temps s'est arrêté depuis mon accident. J'ai simplement cessé de sortir. J'ai passé le plus clair de mes journées dans la maison en cuisine avec Véronique, pour la plus grande stupeur de Desmond qui découvrait pour la première fois que nous pouvions rester plus d'une journée sans nous sauter à la gorge. J'en suis moi-même choqué, jamais je n'aurais cru cela possible : être dans la même pièce qu'eux. Inimaginable.

J'ai vécu une fin de semaine très mouvementée. Le genre de jour qui donne envie de se massacrer le crâne contre une fichu mur. Je n'ai pas revu la bande depuis ce soir-là dans le bar, malgré les appels incessants de Camille et des autres. Je ne porte pas assez mes couilles pour accepter que j'aie merdé et que je dois réparer tout cela. Je n'ai jamais été du genre à assumer, on me l'a souvent dit, lorsque la situation devient bien trop dangereuse, j'essaye de fuir. Fuir quoi ? Je ne sais pas réellement. La difficulté, l'échec, l'abandon... Les raisons peuvent être multiples. Il s'agit de chaînes que je transporte à mes pieds, tel un prisonnier attendant patiemment son heure.

— Il y a une soirée à la plage ce soir.

— Ah oui ?

Je fais mine de ne pas le savoir, alors que Camille m'a clairement harcelé pour me demander de venir à cette fameuse soirée.

— Un sosie de Johnny Hallyday vient chanter. Desmond et moi l'avons vu dans le Sud de la France lors de nos dernières vacances, tu devrais y aller, il est vraiment très bon.

— Je ne me sens pas encore prêt, soufflé-je les yeux ancrés sur le découpage des tomates.

— Je comprends, cependant si tu ne te forces pas à les voir, tu ne vas jamais le refaire, dit-elle d'un ton inquiet tout en coupant les tomates du jardin.

Elle a raison, je ne peux clairement pas continuer et rester cloîtrer ici en coupant des poivrons et des tomates le reste de l'été. J'en ai conscience, je sais que tout ce qu'elle dit n'est pas en mal, mais qu'elle essaye comme elle peut de me venir en aide. Lorsque cela ne va pas à Paris, je vais voir Lucie, or elle est actuellement en cure et elle n'a pas de téléphone pour mon plus grand désarroi. Je n'ai pas grand monde ici au final et je ne peux pas parler avec les autres de la bande. Ils se connaissent depuis si longtemps, je ne suis que le petit nouveau après tout.

Nous poursuivons la préparation du plat de ce soir, quand des voix se font entendre dans le jardin près de la piscine. Nous les ignorons quand je remarque que Desmond n'est plus là depuis un petit moment et d'un coup tout se connecte dans mon esprit et je me précipite. Je reste, quelques instants, planqué. Louis est là, Desmond lui barre la route quand celui-ci essaye de s'approcher après m'avoir découvert derrière les pots de fleurs. Le mécheux se stoppe instantanément et je me contente de faire un pas en arrière pour être sûr de conserver une certaine distance avec lui. Une distance nécessaire pour me sentir bien.

Monachopsis - ( L.S )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant