- Camille -
Harry est parti dès que la porte s'est ouverte et que tout le monde est rentré. Nous sommes les deux derniers à patienter comme deux idiots devant cette porte grise qui ne laisse passer aucun bruit et ne permet de ne rien percevoir de l'activité à l'intérieur. Je me tourne vers le basané, le regard perdu et dans l'attente de la moindre aide de sa part :
— On fait quoi du coup Zayn ?
— Ce que l'on sait faire de mieux, on improvise.
Celui-ci me fait signe de le suivre, pour une fois, c'est ce que je décide de faire sans même penser à remettre en question son choix. Je connais Zayn depuis quasiment trois ans, au début ça n'a pas été l'amour fou, loin de là. Une sorte d'amour vache presque, il me voyait comme la petite sœur capricieuse et je le voyais comme l'ami tocard de mon frère et du groupe. Personne n'aurait parié un sous sur le fait qu'un jour lui et moi puissions nous entendre un minimum, moi-même, je n'y croyais clairement pas. La réalité ? C'est que Zayn et moi, nous nous ressemblons plus que nous voulons l'admettre. Cela fait presque peur. Nous sommes les mêmes.
Nous arrivons dans un décor plongé dans une lumière fluorescente violette. L'atmosphère autour de tout ça est très étrange, cela fait presque peur. J'ai tendance à angoisser facilement et ce décor n'arrange rien. Ma respiration est un peu lourde, j'ai du mal à me calmer et mon coéquipier se tourne vers moi agacé :
— Camille tais-toi on va se faire repérer !
Je ne réponds pas, je suis incapable de sortir le moindre mot comme si ma gorge entière se nouait et bloquait toute les informations que celle-ci pourrait transmettre. J'ai l'impression de perdre complètement pied, je suffoque et le basané se montre de plus en plus inquiet face à ma réaction qui est loin d'être habituelle. J'ai l'impression d'être pathétique, que dis-je, je suis pathétique et vulnérable à cet instant précis et je déteste cela car, tout simplement, ça ne me ressemble pas. D'habitude je me contrôle quand je suis avec le groupe, mais là ce n'est pas possible.
— Payne, ça ne va pas ?
— Je... Suffoque...
— T'arrives plus à respirer, cherche-t-il à confirmer en chuchotant.
Je hoche la tête quand celui-ci comprend enfin ma détresse. J'ai honte, ça c'est indéniable, mais je dois dire que Zayn a l'habitude de me voir dans les pires situations possibles et vice versa. C'est lui qui est venu me chercher à mes premières fêtes quand j'étais torchée et que je ne voulais pas que mon frère ou mes parents me tuent, c'est lui encore une fois qui m' a accompagnée acheter ma tenue pour mon premier date avec ce gros looser de Grégory et c'est encore lui qui m'a fait boire mes premiers verres d'alcool. Il a toujours été là.
— Ça va aller Camille.
Il s'approche et pose doucement sa main sur mes cheveux, son geste n'est pas brusque, il est doux, protecteur. Il vient délicatement encore une fois caresser doucement ma chevelure, je sens peu à peu mon souffle se calmer. Ce n'est pas facile, les larmes au coin de mes yeux sont toujours présentes, mais je sens que je tends peu à peu vers un mieux.
— Ça t'arrive souvent ?
— Oui...
— Thomas et Liam le savent ?
Je ne réponds pas à sa question, je tente de l'éviter. Évidemment que Thomas ne le sait pas, même si c'est mon copain, lui et moi ne parlons pas d'une telle chose. Je déteste paraître faible ou perdre le contrôle sur moi. Alors non, Thomas ne m'a jamais vue ainsi, car sinon je sais que cela serait lui montrer une faille en moi et cela m'est tout bonnement impossible. Et pour Liam, même si c'est mon frère et que lui et moi nous disons deux fois plus de choses que les autres familles, il est hors de question de parler de cela avec lui. Celui-ci passerait son temps à me faire un entretien scientifique pour comprendre la source du problème, le déclencheur de ces petites crises, comment les calmer et bien sûr il ferait appel à je ne sais combien de médecins afin qu'ils m'auscultent et trouvent un moyen de faire cesser ça. Ainsi, ma vie deviendrait un enfer et je ne serais plus libre de faire quoi que ce soit sans qu'ils ne se mettent à paniquer à chaque pas que je fais comme si j'étais une brindille prête à se casser.
— Bien sûr que non, sinon celui-ci serait vraiment casse-pied et surprotecteur avec toi, se fait-il la remarque. Écoute, attends moi ici. Je reviens rapidement.
Je n'ai pas la force de contester son choix ou bien d'essayer de comprendre ce qu'il va faire. Je me contente alors d'acquiescer. Je ne sais pas exactement depuis quand mes petites crises d'angoisse sont là. Je sais simplement qu'il y a un an, elles n'étaient pas là et que, depuis, je me contente de survivre avec elles, car même le simple fait de vivre est devenu un combat.
Mes idées sont totalement confuses. Je ne parviens même pas à savoir depuis combien de temps il est parti. Sans doute cela fait cinq minutes, peut-être même une heure et si cela se trouve ils sont tous partis, car ils n'auront pas remarqué mon absence. Camille cesse de penser à cela ! Si je commence à réfléchir ainsi, c'est sûr, la crise d'angoisse va reprendre, voire s'amplifier. Il faut que je parvienne à me dire que mes amis et mon frère ne seraient pas partis comme ça, que Zayn ne m'aurait pas abandonné. Il est parfois con, mais qu'il n'a qu'une seule parole.
Je le vois arriver, vers moi un sourire sincère collé au visage, il s'approche et place un bras au niveau de mes omoplates. Et puis il commence, doucement :
— Tu peux te lever ?
Je lui fais signe que je veux bien essayer. Il vient alors caler ses mains sous mes aisselles. Celui-ci me lève en un battement de cil et glisse mon bras au sien afin de me soutenir pendant que je marche. Tout cela me paraît surréaliste, j'ai l'impression d'être dans un monde parallèle, mais je ne fais aucune remarque. De toute manière, je suis loin d'être en position de le faire.
— Et la partie... ?
Cette fois, c'est lui qui ne répond pas, il fait mine de ne pas entendre alors qu'on se dirige vers la sortie. La salle est vide alors que moi, je le harcèle de nouveau pour comprendre ce qui vient de se passer. Je le sais, la victoire compte énormément pour lui. Chaque fois que nous venons ici, il fait tout pour gagner. Il déteste faire partie de la team des perdants, c'est une phobie qu'il a. Et je suis exactement pareil, c'est pour cela qu'on se comprend autant.
J'entends la voix de Liam juste derrière nous, je me dépêche de lâcher Zayn dans un mouvement qui m'aurait presque fait tomber. Celui-ci ne laisse rien transparaître, alors que mon frère me saisit par les épaules :
— Tu étais où Cam' ?
— Euh...
Je reste muette, je ne sais pas ce qui a été dit et je suis actuellement en stress total à l'idée qu'il est tout balancé à Liam. Je ne cesse de bifurquer mon regard entre Liam et Zayn afin d'avoir le moindre indice quand mon frangin se décide enfin à développer sa pensée :
— Tu y crois toi Cam' ? Cet idiot se trouvait au milieu de la salle, même pas couvert. Si ce n'était pas Zayn et que je ne connaissais pas son envie incommensurable de gagner, je croirais presque au fait qu'il l'ait fait exprès.
Je me tourne vers le basané qui ne dit rien depuis tout à l'heure. Celui-ci a donc juste fait exprès de perdre pour que la partie se termine ? Je ne peux m'empêcher de lâcher un petite sourire et un remerciement que nous sommes les deux seuls à entendre.
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Monachopsis - ( L.S )
FanfictionMonachopsis : le fait de ne pas se sentir à sa place dans ce monde. À 17 ans, Harry ne s'est jamais senti en vie. Il n'a plus d'intérêt pour les études, il est lassé de son existence et il vit, depuis quelque temps, une période difficile. Le moment...