Au Fond De Moi

Chapitre 2 : La préparation

Ce matin là, Yumina se leva avec la ferme envie de rester fourrée sous ses couettes. Aujourd'hui c'était le grand jour. Son père avait organisé une fête pour qu'elle rencontre ses prétendants pendant tout l'après midi avant de partager un festin pendant la soirée. Mais elle ne voulait pas assister à ce simulacre de rencontres amoureuses. Pourtant, elle devait s'y plier.

Elle sortit à contre coeur de son lit en soupirant longuement et alla lentement se laver dans ses bains privés. En s'enfonçant peu à peu dans l'eau claire, elle essaya de s'imaginer à quoi pouvaient bien ressembler ses prétendants. Elle espérait qu'à défaut que l'un d'entre soit l'homme de ses rêves, il y en aurait au moins un qui serait gentil et intelligent. Elle plongea lentement sa tête sous l'eau pour s'isoler un peu plus et resta un long moment à se relaxer dans l'eau.

Elle laissa son esprit vagabonder jusqu'à être sortie de sa rêverie par ses servantes qui toquaient à la porte.

"Princesse?"

"Il est temps de commencer à vous préparer!"

Poussant un long soupir Yumina se décida à sortir et rejoingnit ses servantes dans sa chambre.

"Excusez-moi j'avais besoin de me reposer..." dit-elle.

"Nous comprenons ne vous en faites pas!"

"Nous en avons profité pour préparer vos accessoires!"

"Et votre robe bien sûr!!"

Sa robe d'apparat. Evidemment. Elle devait faire bonne impression.

"Merci beaucoup", leur dit-elle en souriant.

Cet après midi aussi elle devrait sourire à contre-coeur, mais elle devait être à la hauteur car elle ne voulait pas décevoir son père et tous ceux qui avait confiance en elle. Elle enfila alors sa robe avec l'aide de ses servantes et se mit à tournoyer.

"Vous êtes magnifique Princesse!", lui dit l'une d'elle.

"Ils vont tous tomber sous le charme!", dit l'autre.

Sous le charme de quoi? De ma soi disant beauté, de mon futur titre ou alors de la fortune de ma famille peut-être. Mais pas de ma personnalité, ça c'est sûr! se dit-elle en faisant encore tournoyer sa robe.

Depuis plusieurs années elle était complexé par son apparence. Par rapport à sa mère et aux rares femmes de la suite impériale qu'elle avait pu croiser elle ne se trouvait pas belle et ne comprenait même pas qu'on la qualifie de jolie. Elle était consciente de son caractère et de ses sentiments mais elle ne se rendait pas compte de sa beauté car elle ne s'était jamais vu qu'à travers les eaux du lac après de longues heures d'exercices.

"Vous êtes magnifique mais maintenant nous allons vous rendre sublime", répliqua la deuxième servante.

Pour ce faire, elle commença par lui brosser avec attentions ses longs cheveux noir de jais. Ceux-ci étaient si longs qu'ils descendaient jusqu'à ses épaules telle une cascade qui encadraient son visage. Pour discipliner cette abondante chevelure la servante pris le temps de lui faire une coupe élaborée. Elle était composée d'un chignon sur haut du crâne maintenue par un cercle d'or ciselé et incrusté d'émeraudes (une grosse au milieu et deux petite sur les côtés) qui se mariaient parfaitement avec ses yeux perçants d'un vert profond ; et de deux longues tresses passant devant les oreilles qui se terminaient en boucle maintenue elles aussi aussi par deux cercles d'or ciselés mais ceux-ci étaient agrémentés de deux fleurs de jades.

Une fois la coiffure terminée l'autre servante applica une poudre blanche sur le visage rond et déjà très pâle de la jeune fille et une couche de rouge à lèvres sur sa fine bouche pour la faire ressortir. Son nez déliquat et ses sourcils biens dessinés n'eurent besoin d'aucun agrément.

A ce léger maquillage s'ajouta une parure en lapis lazuli venue tout droit de Chine. Elle été composée d'une énorme pierre finement taillée en goutte qui fut suspendue à son front grâce à deux chaînes en or , d'une paires de boucles d'oreilles, elles aussi en forme de goutte, ainsi que d'un large collier composé d'une multitude de pierre. Deux bracelets identiques, en or, vinrent complétés la tenue.

Cet ensemble d'accessoires d'or aux couleurs bleues et vertes faisait ressortir à merveille la robe d'apparat de la jeune princesse. A la différence de ses bijoux et de son maquillage dignes d'une princesse chinoise sa robe était typiquement mongole. C'était une robe épaisse à longues manches de couleur bleues, qui lui rappelait la couleur du lac Khovsgol la nuit, avec des motifs cousus en fil d'or. Resserrée autour de sa taille la robe mettait en valeur son corps athlétique et élancé, doté de jolies formes. Mais le col haut et la longueur de la robe ne permettait pas de distinguer la moindre parcelle de sa peau mis à part ses mains.

Elle portait sous sa robe longue, des bottes fourrées typiques des nomades qui avait l'avantage d'être vraiment très confortable : si elle devait passait l'après midi et la soirée avec des inconnus autant être à l'aise!

"Vous êtes magnifique princesse!"

"Maintenant permettez-moi de vous accompagner voir l'Empereur et l'Impératrice Ils souhaitent vous voir!"

"Bien bien", dit-elle en souriant avant de suivre sa servante dans le couloir.

Elle s'attendait à des remontrances de la part de son père ou alors à des ordres sur la conduite à tenir, soutenus par sa mère, mais ce ne fut pas le cas. Quand elle entra dans la pièce ses parents l'attendaient et son père fut soufflé par sa beauté. Il ne parvenait pas à détacher son regard de sa fille.

"Tu es de toute beauté", murmura-t-il . "Approche toi ma fille", dit-il en l'invitant à s'asseoir dans le fauteuil près de lui.

Yumina s'exécuta docilement et fixa son père.

"Pourquoi vouliez vous me voir ?"

"Pour vous parlez avant que la fête ne commence", répliqua-t-il en essayant de prendre un air détaché.

"Pour voir ma petite fille... devenir une femme... même si dans ces conditions c'est un peu compliqué...", dit sa mère visiblement très émue.

"Je... ", commença Yumina ne sachant que répondre.

"Ce que votre mère veut dire c'est que nous savons combien cette épreuve peut être dure. Nous vous avons élevé dans un cadre privilégié qui n'est pas conforme à la tradition en raison de la mission qui nous a été confié de veiller sur la magie dans cette partie du monde. Vous êtes mûre pour votre âge mais vous n'êtes pas comme les autres jeunes gens. Vous êtes différente à cause de votre héritage..."

"Nous aurions dû y penser plutôt et mieux vous préparer", acheva-t-elle tristement, "nous aurions dû mieux vous préparer à vivre avec le monde et non à part."

"Ne vous inquiétez pas! Je me sens prête! C'est la première fois et alors? Je suis assez grande et cultivée pour tenir une conversation et me trouver en société. Et puis ce n'est pas comme si j'avais à me faire des amis. Je dois choisir un mari", dit-elle en souriant.

"je ne m'attendais pas à une telle énergie", répondit son père en souriant. "Allons-y alors!" , dit-il en s'engageant dans le couloir menant à la salle du trône.

Elle avait mentit en disant qu'elle était prête. Mais elle ne voulait pas décevoir et inquiéter ses parents. Alors rassemblant tout son courage elle lui emboîta le pas en espérant que cet après midi ne se révèlerait pas aussi catastrophique pour elle qu'elle l'avait imaginé.