l'air est soudain lourd, le vent se retire, comme spectateur immobile. le soleil continue sa descente et les vagues se calment.
sa paume est douce, mahalia apprécie ce contact. elle se laisse entraîner loin de l'eau, les jambes engourdies. il l'amène sur le bitume, leurs pieds nus rentrent en contact avec le trottoir chaud, laissant des picotements parcourir leurs membres.
le garçon lache sa main et elle lui lance un regard perdu, comme si son simple contact suffit à lui faire oublier le sombre de son esprit.
ils remettent leurs chaussures, ne supportent plus les cailloux durs sous leur peau.
il avance, la devançant sur la route. elle se lance à sa suite, perplexe. son cerveau fuse, questionnant le moment.
ils marchent, silencieux. mahalia cherche le regard de l'inconnu, tentant d'y trouver une réponse à ses questions.
soudain, il s'arrête. elle se fige à temps, manquant de le percuter. elle relève la tête, les yeux plissés. devant eux, les murs du musée de la ville, avec sa porte encadrée de colonnes. les sculptures sur l'arche qui l'entoure appelle mahalia, comme si elle était obligée de pénétrer dans ce sanctuaire d'art.
les moulures au plafond suffisent à la subjuguer, la tête relevée.
pourquoi l'avait-il amené ici, sans un mot ? pourquoi l'avait-elle suivie, sans rechigner ?
et déambulant parmi les toiles, les maquettes et les sculpture, mahalia se sent oppressée. étouffée parmi un art qu'elle ne comprend plus, parmi des œuvres qu'elle admire sans parvenir à en saisir la beauté.
le garçon lui attrape le poignet, l'entraîne dans une des salles et la guide devant une grande toile. les couleurs vives interpellent les visiteurs, accrochant leur regard et les emportent dans un dédale d'émotions.
elle fronce les sourcils, incertaine. cette toile l'hypnotise. elle se mord la lèvre et se retourne vers l'inconnu.
il lui lance un sourire. un sourire plein de promesses, rempli d'un élan de bienveillance et reflétant l'avenir accueillant qui les attend.
parce que mahalia est persuadée que ce garçon n'est pas là par hasard. elle est persuadée que le destin lui a donné l'opportunité de se retrouver.
alors elle sourit à son tour, les yeux étincelants d'espoir.
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ɪɴsᴘɪʀᴀᴛɪᴏɴ
Romanceles pinceaux, les toiles et les chevalets sont l'échappatoire de mahalia. jusqu'à la mort de son frère. puis tout semble s'arrêter : elle n'aime plus peindre. mais que faire, quand ce qui faisait battre notre coeur ne le laisse dorénavant que de mar...