il est là, assis sur le banc, le regard tourné vers le paysage. la beauté de la nature se reflète dans ses yeux, les rendant encore plus brillants. il est silencieux, comme toujours.mahalia est debout, face à sa toile. elle hésite puis pose le pinceau sur le blanc, décidée à faire parler son cœur.
quelques minutes plus tard, elle s'arrête insatisfaite et décroche le tableau du chevalet, furieuse.
elle lance un coup d'oeil au jeune homme et croise son regard chaleureux et son sourire bienveillant. et cela suffit à la calmer. elle se détend alors, et laisse ses idées voyager vers des chemins plus lumineux.
soudain, elle trouve l'endroit trop calme. elle s'empare d'un vinyle de vieilles chansons et bientôt, la douce musique accompagne le bruit du vent.
mahalia bouge la tête en rythme, un faible sourire aux bords des lèvres. la mélodie s'infiltre en elle comme un agréable sentiment d'euphorie.
mais lui, ne bouge pas. il reste statique, les yeux fixés sur la nature. sa tête n'émet aucun mouvement, comme s'il n'entendait pas la musique.
curieuse, mahalia s'approche et tend ses mains vers lui, l'incitant à se lever et à danser avec elle. mais elle ne reçoit qu'un regard incompréhensible.
et alors pour la première fois, elle veut lui parler. alors elle le fait, redoutant la sécheresse de sa gorge. elle chante :
— A long, long time ago...
Il y a très très longtemps...
I can still remember
Je peux encore me souvenir
How that music used to make me smile
Comme cette musique me faisait sourire
And I knew if I had my chance
Et je savais que si j'avais ma chance
That I could make those people dance
Je pourrais faire en sorte que ces personnes dansent
And, maybe, they'd be happy for a while
Et, peut-être, qu'ils seraient heureux un momentil ne la regarde pas dans les yeux ; il fixe simplement ses lèvres, concentré.
il se lève alors, lentement. et attrapant la main de mahalia, se dirige vers le tourne-disque.
alors il pose sa main libre dessus et ferme les yeux. puis il commence à bouger doucement la tête, d'un mouvement quasiment imperceptible.
quant à elle, elle fronce les sourcils. elle hésite.
— je...
mais rien de sort d'autre, elle ne sait pas quoi lui dire.
il ne tourne pas la tête, gardant les paupières closes et la main sur l'objet.
et soudain, mahalia comprend.
le silence.
pour elle, il n'était juste pas sociable. mais voilà qu'elle s'était trompée.
les appels déviés au profit de longs messages.
pour elle, il était simplement quelqu'un d'à l'aise à l'ecrit.
les iris fixées sur ses lèvres quand elle lui avait parlé.
pour elle, ce n'était pas une chose anodine.
l'absence de réaction à la musique.
pour elle, il était juste dans ses pensées profondes.
la main posée sur le tourne-disque...
il ressentait les vibrations.
et là, alors qu'elle fixe ses cheveux bruns tombants sur son front taché de grains de beauté, elle comprend.
le jeune homme qu'elle a en face d'elle, avec qui elle partage des après midi entières face au soleil et aux vagues, avec qui elle se sent bien, même dans un silence des plus profonds ; ce jeune homme au sourire chaleureux qui pousse à rester à ses côtés ; ce jeune homme silencieux mais compréhensif ;
ce jeune homme était privé de parole,
ce jeune homme était privé d'ouïe.mahalia lâche alors sa main, chamboulée.
et avant de quitter la pièce, elle croise un regard rempli de tristesse et de désespoir.
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ɪɴsᴘɪʀᴀᴛɪᴏɴ
Romanceles pinceaux, les toiles et les chevalets sont l'échappatoire de mahalia. jusqu'à la mort de son frère. puis tout semble s'arrêter : elle n'aime plus peindre. mais que faire, quand ce qui faisait battre notre coeur ne le laisse dorénavant que de mar...