27~Ressenti...

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Le temps ne lui avait jamais semblé aussi mauvais qu'en ce jour. Jamais la vue des rayons lumineux du soleil ne lui avaient paru aussi fade, sans saveur unique. Jamais la vue du jardin Royale ne lui avait inspiré autant d'effroi, de désarrois, de peine et de tristesse. Jamais les mots ne lui avaient paru aussi difficile à comprendre, à accepter. Jamais elle ne s'était sentie aussi mal, aussi vulnérable, aussi désemparé qu'en ce jour, qu'en cet instant, qu'en ce moment fatidique que prenait sa vie. Jamais elle n'aurait cru que sa douleur pouvait être intensifié, qu'elle pouvait se multiplier, décupler en une marée qu'elle ne savait gérer. Jamais elle n'aurait penser que la vérité ferait autant mal. Elle qui aimait l'honnêteté, pauvre d'elle, elle aurait aimé mourir s'en en connaître le bout de cette atroce vérité. Maintenant, il était trop tard. Elle devait y faire face et l'accepter. Accepter sa vérité, celle qu'elle avait tant cherché pendant vingt trois longue années.

Vingt trois ans à attendre la vérité mais aussi à la refouler, et il avait fallu d'à peine une heure pour qu'elle l'entende, et pour qu'elle ne fasse d'elle qu'une coquille vide, sans joie, sans envie, sans vie. À peine une heure pour lui ôter le peu d'espoir qu'elle avait en réserve. A peine une heure pour bafouer tout ce qu'elle croyait savoir, connaître. A peine une heure pour évincer toutes ses certitudes et même ses sentiments. A peine une heure pour faire d'elle une orpheline anéantie.

Les yeux dans le vague, Anielle tentait de s'accrocher à la réalité en vain. Cette saveur amère dans sa bouche ne la quittait plus. Elle avait beau essayé de se dire que maintenant, elle connaissait toute la vérité, elle savait qu'elle aimerait bien revenir en arrière et ne jamais demander à la savoir. Qu'est-ce-que qui faisait le plus mal? De savoir qu'elle n'était pas celle qu'elle pensait être ? Où d'accepter qu'elle n'était pas celle qu'elle pensait être ?

Elle n'en savait plus rien. Elle était fausse depuis toujours. Alors comment pourrait-elle arriver à répondre à cette question? D'aussi loin qu'elle se souvenait, elle était la petite sorcière dont les autres petites filles de son âge avaient peur. Comment être sûr qu'elle n'était pas pire à présent, elle qui se nourrissait de la douleur d'autrui pour survivre. Elle qui faisait du mal pour se sentir bien. Elle qui avait pour nature de faire du mal. Peut être qu'en fin de compte, elle n'avait fait que refouler ce qu'elle était parce qu'elle ne l'acceptait pas, car elle en avait honte, où même qu'elle en avait horreur. Oui c'était sûrement celà qui avait bandé ses yeux durant ses longues années à vivre, enfermé dans son propre corps à tenter de se faire croire qu'elle était une bonne personne. Personne ? En était-elle une au moins? Pouvait-elle associer ce mot à un individu tel qu'elle?

Tant de questions sombres, sans réponses lumineuses. Tant d'inepties qu'elle aurait aimé oublié, tant de peine qu'elle aurait aimé ne pas avait infligé. Mais le mal était déjà fait. Son mal avait vaincu bien avant qu'elle ne s'en rende compte ou ne s'en rappelle elle-même. Le mal avait triomphé bien avant qu'elle ne comprenne ce qu'était le bien dans ce bas monde. En avait-elle sa place? N'était-ce pas aux cieux qu'elle devrait se trouver, en train de se faire châtier des pêchés abjects et impardonnables qu'elle avait commis?

Anielle ne ressentait plus rien à cet instant. Elle était totalement déconnecté du monde, de l'instant présent. Si bien qu'elle ne percevait pas cet oiseau noir qui sautait de branche en branche sur le pommier dans le jardin. Les papillons qui voltigeaient au dessus des fleurs sentant sûrement l'arôme de leur repas. Les allers et retours incessants des habitants qui préparaient son mariage. Les chants des animaux au loin mélangés a ceux de habitants. Le bruissement des branches et des feuilles dues au léger vent qui soufflait. Le henisssement des chevaux dans les écuries. Le bruit des épées des guerriers qui s'entraînaient. Rien ne lui parvenait. On lui avait privé de son ouïe, de sa vue et même de son toucher l'empêchant de ressentir quoique ce soit. Elle ne parvenait même plus à ressentir les battement de son cœur, il lui semblait qu'elle en avait plus un. De toute manière, seul un humain pouvait en avoir. En était-elle un enfin de compte ?

Trois Princesses Et Un Roi ""TOME 1"": << L' élue>>TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant