บท20

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        Je ne savais depuis combien de temps je marchais, je courais, je respirais cet air qui me fouettait le visage et remplissait mes poumons partiellement, comme si je ne pouvais pas les remplir complètement, comme bloqué par quelque chose d'encombrant. Mais cela ne me dérangeait plus, plus depuis que je ne me sentais épier et en trop dans la maison des deux tourtereaux, que je n'avais pas prévenu de mon départ. Même si l'humain affirmait que je ne les dérangeais pas, je savais que beaucoup de choses n'étaient pas faites de part ma présence et puis, ma plaie ne saignait plus depuis quelques jours. Alors j'étais simplement parti, marcher, courir, à la recherche d'un sentiment, d'une émotion quelconque qui pourrait me faire me sentir vivant et pas à moitié mort comme le vampire en moi voudrait que je le sois. Remplacer cette douleur sourde dans ma poitrine, cette tristesse dans ma respiration, ce froid glacial dans ma tête et cette brûlure dans la gorge, les ressentis stagnants qui ne me faisaient plus mal mais dont la manière désagréable que cela avait de rester me lassait au plus haut point. Ce creux dans l'estomac qui ne voulait pas partir, qui me suppliait sans cesse de me nourrir, encore, de regoûter à cette substance vitale qu'était le sang et qui m'etourdissait chaque fois, me faisait me sentir plus puissant et qui me réchauffait l'épiderme de manière grisante, ça m'appelait, me torturait, me tourmentait sans cesse. J'aurais pu trouver une victime, me nourrir à même sa gorge avant de lui effacer sa frêle et manipulable mémoire et de la laisser partir sans marque, mais est-ce que j'aurais été vraiment capable de m'arrêter ? De boire dans la limite du raisonnable ? Qui remarquait, caché dans une rue sombre, faisant semblant qu'on ait flirté pour ne pas éveiller les soupçons, rien qu'une fois, une fois de plus. Peu importe la personne, cette adolescente qui passait juste à côté de moi sur le trottoir, les écouteurs dans les oreilles et qui m'avait à peine jeté un coup d'œil, ou bien cet homme d'affaires en costard parfaitement repasser qui se dirigeait sûrement vers la prochaine réunion pour son entreprise, cette humaine qui abordait les gens, des papiers promotionnels en main dans son costume de mascotte pour sa boîte juste derrière elle, personne ne remarquerait son absence de quelques secondes.
       Sans m'en rendre compte, je m'étais stoppé sur le milieu du trottoir, faisant sûrement râler les passants qui se plaignaient intérieurement de mon comportement plutôt égoïste, j'étais juste là à observer sans pouvoir détacher mes prunelles de cette sorte de panda orange qui ne cessait de tendre ses papiers aux passants dans l'espérance qu'ils les prennent, essayant le plus possible d'être courtoise et lumineuse à travers son imposant costume, et cette odeur si hypnotique qui en faisait picoter (?) mes gencives et palpiter, faiblement, mon cœur sous le puissant désir que son sang avait sur moi. Et ce, pendant de longues minutes sous ce soleil bien installé haut dans le ciel, et qui chauffait l'atmosphère de telle sorte qu'à un moment, la mascotte s'était éloignée plus en coin du magasin pour lequel elle travaillait, déposant ses prospectus sur le rebord de la fenêtre sur le côté du bâtiment et de retirer la tête lourde qu'elle portait avant de venir rejetée ses cheveux en arrière, un coup de vent plus fort que les autres venant porter les effluves de son odeur jusqu'à mes narines qui inspiraient jusqu'à plus de place ce doux parfum. En ré-ouvrant les yeux, elle se rendit sûrement compte qu'on l'observait et ses prunelles tombèrent sur moi, se demandant sûrement si je la connaissais ou ce que je pouvais lui vouloir. Là commençait le jeu, cette chasse et ce moment de séduction qui prenait place, je l'observais de manière flirteuse avant de sourire en coin à son attention, hochant la tête avant de me détourner, faisant mine de partir, les mains dans les poches, la tête haute et je sentais son regard sur ma mâchoire, ma joue, mes épaules et mes cuisses, maintenant que j'avais attiré son attention, la patience devait prendre le dessus.

       Et c'était comme ça que, quelques heures plus tard, je me retrouvais à attendre sur le côté du magasin où elle était auparavant, à présent a l'intérieur de celui-ci, sûrement pour récupérer ses affaires et partir chez elle, le soleil avait, depuis longtemps, fait place à la lune qui grimpait lentement le ciel et les étoiles comme un mur d'escalade qui se présentèrent par milliers comme effet de masse, je souris en coin en attendant patiemment d'entendre ce petit tintement de cloche que la porte d'entrée abordait. Essayant d'être le plus nonchalant, je sortie (?) une cigarette que j'avais volé discrètement dans le paquet d'un adolescent avant de l'allumer en demandant le feu à une passante, qui ne fût autre que ma victime qui parut surprise de me voir, moi de même. La porte était-elle restée ouverte ? Elle me tendit tout de même un briquet jaune rouge éclatant avant de sortir une clope de son paquet à moitié vide qu'elle replaçait déjà dans son sac à main.

Souviens-toi.      [Découvre-moi II ••Minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant