บท6

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      Il s'était endormi dans mes bras, son frêle corps encore maculé de sang séché que j'avais horreur de voir. J'avais entrepris donc de prendre une bassine, un linge propre et d'essuyer, nettoyer, enlever ses tâches sanglantes sur son visage détendu par le sommeil, ses muscles à peine contracté par les mouvements que je leur faisaient délicatement faire, pour enlever chaque parcelle de rouge présente sur sa peau de lait. Le liquide rouge avait seulement colorié son visage, pas de plaie apparente, sur ses sourcils, ses paumettes marquées, sa bouche rougeâtre, ses longs cils noirs et son front parfait. Dans son sommeil, il me rappelait le jeune homme que j'avais recommencé à découvrir, cinq ans plus tôt, mais sa respiration était plus faible, plus lente et calme, il était différent, changé. Son menton et ses traits étaient plus définis et prononcés, comme s'il était sculpté dans du marbre, délicat et sublime. Descendant mon linge après l'avoir rincé, je m'affairais à son buste façonné idéalement que je découvrais comme pour la première fois. Ses épaules étaient parfaites, tout son torse de porcelaine était sans imperfections aucunes, ses bras musclés finement, ses poignets d'une finesse impressionnante et ses doigts longs et fins, faits pour jouer délicatement sur les touches d'un piano. Après m'être assuré qu'il ne se réveillerait pas à cause de ses brûlures, je les entrelaçais aux miens, cela était plus fort que moi. Ils s'emboitaient à la perfection, leur chaleur étaient similaires aux miens mais leur touché restera toujours le même : me procurant cet électrochoc constant et si agréable qu'une larme coula malgré moi, trop lourde pour être retenue par mes cils. Elle roula lentement, me brûlant doucement la peau sur son chemin hasardeux. Il était si beau, un idéal impossible mais réel, que je touchais, celui dont je rêvais. Dieu que je l'aimais.
       Coupable de lui voler un touché sans son accord, je m'apprêtais à ranger mes affaires et le laisser tranquille, à se reposer sur mon lit. Mais ses doigts exerçaient une pression faible qui attira mon attention, aussi faible que la brise au matin d'un été chaleureux. Mon regard se tournant de nouveau vers lui, je l'observais ouvrir douloureusement les yeux, une grimace  déformant sa bouche que j'aurais aimé effacer d'un baiser volé mais interdit.

"- Ne me lâchez pas, chuchotait-il."

      Je hochais la tête, venant de nouveau poser ma main sur la sienne, venant jouer distraitement avec ses doigts.

"- As-tu toujours mal ?

- Hum, acquiesça-t-il d'un hochement de tête. Mais moins..."

      Je lui souris faiblement, la culpabilité revenant à la charge sans jamais s'en lasser. Il inspira profondément avant de fermer les yeux, pendant de longues secondes. J'aurais passé des heures à le contempler se reposer mais je ne pouvais pas être de nouveau égoïste et lui prendre ses moments intimes. Je me détournais, essayant de me lever aussi légèrement du lit que je le pouvais, afin de ne pas le réveiller.

"- J'ai fais un rêve..."

      Je me stoppais net dans mon action, attentif à ses dires, à ses mouvements.

"- Vous y étiez, Minho."

     Je retînt mon souffle, l'observant curieusement, la nervosité montant en moi.

"- Je vous ai vu dans un bâtiment... baigné de lumière... mangeant du pain."

      Non.

"- Vous m'avez tendu la main en vous présentant..."

     Je savais à quoi il faisait référence : ce jour où ses amis l'avaient poussé à manger à ma table, à me parler. Ce jour où il n'avait cessé de me regarder curieusement avant de me dire cette fameuse phrase...

"- J'ai l'impression de vous connaître, Minho...

- Peut-être est-ce ce qu'il s'est passé hier ?, tentais-je au bout de plusieurs secondes de silence."

Souviens-toi.      [Découvre-moi II ••Minsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant