Elementum {Tome 2}

XII

- Mélody, tu peux me donner les sangsues, s'il te plait ?

  Donnant à Hermione l'ingrédient qu'il lui faut, elle me remercie tandis que Amy écrase deux chrysopes dans le mortier. Elle étire d'ailleurs une mine dégoûtée, avant de s'écrier, le regard fixé sur sa montre :

- Oh, non ! Le repas de Doudou,  je l'ai oublié !

- Ce n'est pas grave, lui dis-je en prenant le mortier, on va continuer sans toi.

- Vous ne m'en voulez pas ?

- Non, vas-y. De toute façon, le temps de préparation est très long, répond Hermione.

  Elle s'incline en s'excusant, avant de courir en dehors des toilettes des filles. 

- Elle sent vraiment mauvais, cette potion, dis-je en vidant les mesures de chrysopes dans le chaudron.

  L'ingrédient fait fumer la potion, et Ron ajoute alors que Hermione remue le mélange :

- Quand je pense qu'on va devoir boire ça...

  Soudainement, on entend des pas arriver et, sous l'effet du stress, Hermione en lâche la cuillère en bois. La potion éclabousse au sol et Ron en lâche une exclamation étouffée ressemblant à un juron. Je me relève immédiatement et me penche à l'entrée. Soulagée de voir notre ami à lunettes, je m'exclame :

- Harry ! Tu nous as fichu une de ces frousses, on a crû qu'il s'agissait de... Enfin, bref. Viens. Comment va ton bras ?

- À merveille, répond-il en se faufilant jusqu'à Hermione et Ron.

  Je referme la porte principale des toilettes des filles, et rejoins les autres en m'asseyant en lotus près de Hermione.

- On voulait venir te voir, mais on a décidé de commencer tout de suite la fabrication du Polynectar, explique Ron. Hermione a pensé que c'était ici, la meilleure cachette.

  Harry commence alors à nous raconter ce qui est arrivé à Colin, pendant qu'il était à l'infirmerie, mais je l'interromps aussitôt.

- On est déjà au courant, soupirai-je. On a entendu McGonagall le raconter à Flitwick, ce matin.

- C'est pour ça qu'on a voulu se dépêcher, ajoute Hermione.

- Plus vite on obtiendra une confession de Drago, mieux ça vaudra, grogne Ron. Tu sais ce que je pense ? Il était tellement furieux après le match de Quidditch qu'il s'est vengé sur Colin.

- Il y a autre chose, nous dit Harry alors que je donne trois mesures de peau de serpent d'arbre du Cap à Hermione. Dobby est venu me voir au milieu de la nuit.

  J'en lâche le mortier que je tenais dans mes mains. Celui-ci roule jusqu'au chaudron de Hermione, et je me reprends aussitôt sous les airs interrogateurs du trio. 

- D... Dobby ? bredouillai-je. Tu veux dire, l'Elfe de Maison ?

- Évidemment, de qui veux-tu qu'il parle ? me dit Ron avec évidence. Tu le connais, cet Elfe ?

- N-non, mentis-je en reprenant contenance ; Non, j'ai juste entendu quelqu'un... Enfin, peu importe. Le fait qu'il soit venu en personne, Harry, est plutôt risqué pour lui.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? me demande Hermione.

- Bah c'est que généralement, les Elfes de Maison ne sont pas traités comme ils devraient l'être. On en a quelques uns, au manoir, et mes parents ne les respectent pas. Qu'est-ce qu'il voulait donc, pour autant risquer sa peau ?

  J'avoue avoir essayé d'être la plus détachée dans mon ton, et je vois bien qu'ils en sont étonnés. D'accord, c'est un certain flot de mensonges que je leur ai vendu cette année. Entre mon lien avec Salazar Serpentard, qui est mon ancêtre, et Dobby, qui est comme un petit frère pour moi, j'avouerai ne pas avoir été sincère. Mais dans la position où je suis actuellement, c'est mon meilleur plan. Harry nous rapporte donc tout ce que Dobby lui a dit - ou pas dit.