La Maison Aux Cinq Voix

Chapitre 8

D'étranges bruits

Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'Oliver et son fils avaient emménagé chez Julian et Emma. Tout se passait très bien, et Oliver et Lucas allaient beaucoup mieux. Ils s'étaient refait une santé et grâce à Emma, Oliver avait trouvé du travail au Boston Herald. Lucas, Taylor et Will s'entendaient très bien, et il en allait de même pour leurs parents.

Comme c'était les vacances d'été, Taylor était chez son père et Will chez sa mère. Emma était en congés, donc c'est elle qui s'occupait de Lucas pendant que son père travaillait. Julian, quant à lui, suivait une formation à New York depuis deux semaines. Emma passait donc la plupart de ses journées à jardiner et à jouer avec Lucas. Ils étaient tous les deux très proches, et Emma le considérait un peu comme son fils. Un matin, au petit-déjeuner, le petit garçon lui fit une surprenante révélation.

- J'aimerais bien avoir un chien.

- Tu crois que ton papa serait d'accord ?

- Je lui ai déjà demandé et il a dit non, dit Lucas tout déçu.

- J'ai une idée. Je vais adopter un chien pour moi, et je te le prêterais, comme ça, il sera un peu à nous deux, et ton père ne pourra rien dire.

- Ouais ! Super ! Merci, Emma !

Il lui sauta au cou.

- De rien, lui dit-elle en lui rendant son étreinte.

Cela faisait un petit moment qu'Emma songeait à prendre un chien, ne serait-ce que pour garder la maison. Et puis, elle avait toujours eu des chiens, elle les adorait.

- Bon, c'est décidé. Cet après-midi, nous irons au refuge de Roslindale et nous adopterons un chien. Qu'est-ce que tu aimerais comme race ?

- Un golden retriever. Il y en avait un dans la maison à côté de chez nous, et il était très gentil.

- Alors, on prendra un golden retriever.

- Chouette !

En début d'après-midi, Emma et Lucas se rendirent donc au refuge. Une fois là-bas, ils virent de nombreux chiens, tous plus mignons et gentils les uns que les autres, mais pas le moindre golden retriever. Ils étaient prêts à abandonner, quand dans le tout dernier box, ils virent un grand chien aux yeux tristes qui les regardait.

- Emma ! C'est lui qu'on doit prendre ! Regarde, c'est un golden retriever !

- Oui, j'ai vu. Il a l'air très gentil. Viens, on va aller voir la responsable du refuge pour savoir si on peut l'adopter.

- D'accord.

Ils se rendirent donc à son bureau et elle les reçut tout de suite.

- Alors, comme ça, vous voulez adopter Aspen ?

- Oui ! s'exclama Lucas.

- Voilà un petit garçon très enthousiaste ! Ça fait plaisir.

- Pourriez-vous nous donner quelques informations sur cette chienne ? demanda Emma à la responsable du refuge.

- Bien sûr. Elle a quatre ans, et son ancien maître est décédé. Elle est chez nous depuis un an. Elle est pucée, stérilisée, et ses vaccins sont à jour. Elle est en très bonne santé. Elle s'entend bien avec ses congénères, ainsi qu'avec les chats, et elle adore les enfants.

- Ça tombe bien, nous en avons trois.

- Vous vivez dans une maison ?

- Oui, avec un grand jardin.

- C'est parfait. Aspen adore courir et a besoin de beaucoup d'espace. Elle aime aussi beaucoup jouer au frisbee, dit-elle en regardant Lucas qui était tout excité.

- Nous souhaiterions vraiment adopter Aspen.

- Et bien, je ne vois rien qui s'y oppose. Nous allons quand même aller faire une petite promenade avec elle pour voir si le contact passe bien entre vous.

- D'accord. À combien s'élèvent les frais d'adoption ?

- Deux cents dollars. C'est bon pour vous ?

- Ça me va très bien.

- Parfait. Allons voir Aspen, alors.

Après avoir fait une longue promenade avec la chienne qui se révéla affectueuse et très attachante, Emma et Lucas retournèrent dans le bureau de la responsable du refuge afin de remplir quelques formulaires. Après s'être acquittés des frais d'adoption et avoir récupéré tous les documents dont ils avaient besoin, ils partirent avec Aspen. Ils s'arrêtèrent dans une animalerie pour lui acheter une laisse, un collier, un panier, des croquettes et divers jouets, puis ils rentrèrent à la maison. Lucas était fou de joie, et Emma ne boudait pas non plus son plaisir. Aspen était vraiment une adorable chienne. Laissant Lucas et elle jouer dans le jardin, Emma rentra dans la maison pour mettre un peu d'ordre, quand soudain, elle entendit du bruit provenant du sous-sol. Ce n'était pas la première fois qu'elle entendait ce genre de bruit, et cela commençait vraiment à l'inquiéter. Aussi, quand Oliver rentra ce soir-là, elle décida de lui en parler.

- Bonsoir, mon cœur, dit-il à Lucas en l'embrassant.

- Bonsoir, p'pa. Tu devineras jamais ce qu'on a fait aujourd'hui, Emma et moi.

- Dis-moi.

- On est allés au refuge pour adopter un chien !

- C'est vrai, ça ? demanda Oliver en regardant Emma d'un mauvais œil. Je croyais qu'on en avait déjà discuté et que j'avais dit non, mon chéri.

- En réalité, c'est pour moi que je l'ai prise. Ça me manquait d'avoir un chien, et puis c'est rassurant. Elle pourra garder la maison quand on ne sera pas là.

- C'est une femelle ?

- Oui. Elle s'appelle Aspen.

- Où est-elle ?

- Elle est devant la porte qui mène au sous-sol. Elle n'a pas décollé de là depuis deux heures. D'ailleurs, je voulais justement te dire que j'avais encore entendu du bruit, tout à l'heure. Tu pourrais aller voir, ça commence à m'inquiéter.

- Oui, je vais m'en occuper. Ce doit être un rat ou un chat.

- On peut garder le chien, hein, papa ? demanda Lucas.

- Ce n'est pas le nôtre, c'est celui d'Emma.

- Oui, mais elle a dit qu'on pourrait se le partager.

- Si elle a dit ça...

- Ce chien sera celui de la famille, voilà. Tu veux bien aller au sous-sol, maintenant ? Ces bruits m'inquiètent vraiment.

- J'y vais tout de suite.

Quand il remonta de la cave, Oliver s'époussetait le pantalon, ce qui fit rire Emma.

- Je vois que tu as fait la connaissance d'Aspen. Tu vois, elle t'aime déjà !

- Ouais, et bien à l'avenir, si elle pouvait m'aimer de loin, ça m'arrangerait.

- Bon. Tu as trouvé quelque chose au sous-sol ?

- Non, rien du tout. Ce doit être une canalisation. C'est fréquent dans les vieilles maisons.

- Oui, peut-être.

Mais Emma n'était pas rassurée. Elle n'aurait su expliquer pourquoi, mais ces bruits l'angoissaient vraiment. Ils étaient étranges, et n'avaient rien à voir avec les canalisations, elle en était certaine.