La Maison Aux Cinq Voix

Chapitre 11

La fin du mystère

Le lendemain, Emma et Scott revinrent à la maison. Ils attendirent la police scientifique à l'extérieur, car Emma ne voulait pas entrer dans la maison tant que les squelettes n'auraient pas été enlevés. Environ un quart d'heure après leur arrivée, ils virent s'approcher une camionette.

- Ce doit être eux, dit Scott.

- Oui, allons à leur rencontre.

Ils firent ainsi la connaissance du docteur Walton, le médecin légiste, et de trois de ses équipiers. Emma et Scott les conduisirent jusqu'à la porte de la cave, où ils descendirent tous les quatre avec leur matériel. Pendant ce temps, Emma et Scott discutèrent.

- Tu te souviens, hier, quand le lieutenant Jackson a dit que le bruit que j'entendais était sûrement un courant d'air ?

- Oui, et alors ?

- Et bien, je n'en suis pas du tout convaincue, et j'ai ma propre théorie sur le sujet.

- Laquelle ?

- Je pense que ces bruits étaient d'ordre paranormaux, dit-elle prudemment.

- Je suis d'accord avec toi.

- Quoi ? Tu es sérieux ? Je croyais que tu ne croyais pas à tout ça.

- Et bien, en temps normal, non, mais là je dois avouer qu'il n'y a pas d'autre explication.

- Tu ne crois donc pas à la thèse du courant d'air ?

- Non. Est-ce que tu as vu cette pièce ? C'était un véritable bunker. Aucun courant d'air n'aurait pu passer.

- Je suis contente que tu penses comme moi. Je me sens moins seule. En tous cas, maintenant que les corps ont été retrouvés, leurs âmes sont en paix.

- Oui, je l'espère.

Deux heures plus tard, le docteur Walton ressortit de la cave et vint s'entretenir avec eux.

- Alors ? la questionna Emma.

- Et bien, pour le moment, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a cinq cadavres, mais ça vous le saviez déjà. Il s'agirait de cinq femmes, deux adultes et trois enfants dont l'un en bas âge. Pour l'instant, nous ne pouvons rien affirmer, mais au vu de l'état des squelettes, je dirais qu'ils sont là depuis une bonne cinquantaines d'années.

- Mon Dieu ! C'est terrible ! Mais comment sont-ils arrivés ici ? demanda Emma.

- D'après les premières constatations, ils auraient été emmurés vivants.

- Quelle horreur ! dit Scott.

- Oui. Nous allons emmener les corps pour pouvoir pratiquer leur autopsie afin de déterminer leur âge, leur origine, et avec beaucoup de chance, leur identité. L'un de mes collègues va rester encore un peu pour continuer les investigations. Ça ne vous dérange pas, j'espère ?

- Non, pas du tout, mais qu'est-ce qu'il va chercher, au juste ?

- Des empreintes, des traces, n'importe quel indice qui puisse nous permettre d'évaluer exactement les circonstances dans lesquelles ces personnes sont mortes.

- Vous pensez que vous pourrez trouver qui elles sont ?

- Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir, et nous travaillerons en étroite collaboration avec la police locale, donc je pense qu'à terme, nous parviendrons à savoir ce qui s'est passé. Ça prendra du temps, mais ne vous inquiétez pas, nous vous tiendrons au courant.

- Je vous remercie beaucoup, docteur.

- Non, merci à vous. Votre découverte permettra peut-être de classer une affaire en suspens. En tous cas, mon collègue ne vous dérangera pas très longtemps, et quand il aura terminé, vous pourrez à nouveau disposer de votre sous-sol comme vous le souhaitez. Je vais y aller, j'ai du pain sur la planche.

- Je vous raccompagne.

Après le départ du docteur Walton et de ses collègues avec les cinq corps, le troisième enquêteur resta encore une demi-heure et s'en alla. Quand Emma et Scott se retrouvèrent à nouveau seuls dans la maison, il y régnait un silence de mort.

- Quelle histoire... dit Scott.

- Oui. Il va falloir que j'en parle avec Julian. Après tout, c'est sa maison.

- Quand est-ce qu'il rentre ?

- Oliver et lui rentrent tous les deux demain.

- Bon. Je vais aller récupérer Aspen et les enfants chez ta mère et les ramener ici. Tu veux m'accompagner ?

- Non, je vais rester ici pour faire un peu de ménage.

- Ok, je n'en ai pas pour longtemps.

Une fois Scott parti, Emma entreprit de nettoyer le sol du salon qui était tout poussiéreux à cause des incessants va-et-vient des policiers. Elle était en train de rincer la serpillère, quand soudain, elle entendit du bruit provenant du sous-sol.

- Oh, non, c'est pas vrai ! dit-elle à haute voix. Ça ne va pas recommencer !

Emma se sentit de nouveau frigorifiée, et ne put tout d'un coup plus bouger, comme si des cordes invisibles lui enserraient le corps. Elle essaya de ne pas paniquer, mais voyant que le phénomène perdurait, elle commença à crier.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Laissez-moi tranquille, je vous en supplie ! Ne me faites pas de mal ! Grâce à moi, vos âmes sont libres, alors partez, maintenant !

Elle entendit alors un grondement monter du sous-sol jusqu'à la cuisine où elle se trouvait, et soudain, elle sentit une présence juste devant elle. Un cri déchirant s'éleva dans l'air, faisant voler ses cheveux, puis tout s'évanouit. Emma tomba par terre et perdit connaissance.

Plus tard, Emma sentit que quelque chose lui léchait la figure. Elle ouvrit les yeux et vit Aspen qui s'appliquait à lui laver tout le visage avec sa langue.

- Emma ! cria Scott en accourant vers la jeune femme. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

- Je crois que je me suis évanouie.

Scott l'aida à se relever et à s'asseoir sur une chaise.

- Ça va, rien de cassé ?

- Je crois que non. Où sont les enfants ?

- Je les ai laissés jouer dans le jardin. Qu'est-ce qui s'est passé ?

Emma lui raconta alors le phénomène auxquel elle avait assisté et dont elle avait été la victime.

- Ce n'est pas possible ! Ça n'arrive que dans les films des trucs pareils !

- Il faut croire que non. Tu me crois, hein ?

- Bien sûr que je te crois, voyons. Tu te sens mieux ?

- Oui.

- Tu veux qu'on reparte ? Ce n'est peut-être pas très prudent de rester ici après ce qu'il vient de se passer.

- Non, ça va aller. Ça ne servira à rien de fuir, de toutes façons. Par contre, je veux bien que tu restes avec nous si ça ne te dérange pas.

- Bien sûr, il est hors de question que je vous laisse ici tous seuls.

- Merci, Scott, pour tout.

- De rien.

Quand Emma fut couchée dans son lit, ce soir-là, elle réfléchit à la manière dont elle allait pouvoir se débarrasser de ces phénomènes, et elle ne voyait qu'une seule personne pour l'aider, sa mère.