La Maison Aux Cinq Voix

Chapitre 18

Le message spirituel

Après son malaise, Mélinda fut ramenée à la maison par Oliver et Julian. Elle reprit peu à peu ses esprits.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle l'air complètement perdu.

- Tu as fait un malaise dans le jardin, maman, tu te souviens ? C'était juste après avoir vu le médaillon.

- Quel médaillon ?

- Celui-ci, Mélinda, répondit Ava en le lui montrant. Vous vous souvenez ? Que représente ce médaillon pour vous ? Que voulez-vous nous dire ? s'emballa la médium.

- Mais, arrêtez, voyons ! Je n'ai jamais vu ce médaillon, et je ne veux rien vous dire ! Qu'est-ce qui vous prend, Ava ? la questionna Mélinda.

- Excusez-moi, je suis désolée, je me suis un peu emportée. Mais comme je l'ai dit à Emma, je pense qu'une des entités a pris possession de vous, et cela explique tous ces phénomènes. Vous êtes certaine de n'avoir jamais vu ce médaillon ? insista Ava.

- Je ne suis sûre de rien... Laissez-moi tranquille, s'il vous plaît. Je suis épuisée et j'ai très mal à la tête. J'aimerais monter me reposer.

- Viens, maman, je vais t'accompagner dans ta chambre et te donner quelque chose pour ta tête, lui dit Emma en lui prenant le bras.

Emma et Mélinda montèrent donc à l'étage. Pendant ce temps, les autres s'activèrent à préparer le déjeuner. Quand Emma redescendit, Oliver alla lui parler.

- Çomment va ta mère ? lui demanda-t-il.

- Elle s'est endormie. Je m'inquiète tellement pour elle.

- Je te comprends.

C'est alors qu'Ava intervint.

- Je ne comprends pas votre attitude, Emma, dit-elle.

- Vous ne comprenez pas mon attitude ! Vous êtes sérieuse, là ? Je me fais du souci pour ma mère qui vient de faire des convulsions et un malaise, et vous ne comprenez pas que je m'inquiète pour elle ? Mais c'est quoi votre problème, au juste ? s'énerva Emma.

- Calme-toi, la pria Oliver.

- Je vous répète que votre mère ne court aucun danger.

- Mais qu'est-ce que vous en savez ? Vous n'êtes pas médecin, que je sache !

- Non, mais j'ai moi-même été confrontée à ce genre de phénomène, et comme vous pouvez le constater, je suis en excellente forme.

- Chaque personne est différente ! Je refuse que vous continuiez à la manipuler de la sorte, est-ce que c'est bien clair ?

- Mais je ne la manipule en aucun cas. Ce n'est pas moi qui ai ordonné à cette entité de prendre possession de votre mère. C'est une chose qui s'est produite naturellement et c'est une grande chance. Mélinda est un extraordinaire intermédiaire, et elle va grandement nous faciliter la communication avec ces esprits, si elle consent à s'abandonner complètement pour laisser place à l'entité. Elle est trop bouleversée pour le moment, bien sûr, mais je suis certaine qu'elle acceptera de coopérer une fois qu'elle se sentira mieux.

- C'est hors de question ! Je refuse que ma mère risque à nouveau sa vie pour que cet esprit puisse communiquer avec vous ! Je veux qu'elle en soit débarrassée, vous m'entendez, alors faite quelque chose !

- C'est à votre mère de décider ce qu'elle veut faire, pas à vous. Je comprends votre peur et votre réticence, mais je vous demande de me faire confiance quand je vous dis qu'elle ne craint absolument rien.

Emma ne répondit pas.

- Emma, est-ce que vous préférez que je m'en aille ?

- Non, bien sûr que non.

- Est-ce que vous avez confiance en votre mère ?

- Bien évidemment.

- Alors je vais parler avec elle, et si elle refuse de laisser cette entité continuer de la posséder, je demanderai à cette dernière de s'en aller et nous trouverons un autre moyen de communiquer avec ces esprits. Est-ce que ça vous va ?

- Oui, répondit Emma.

- Bien.

Sur ce, Ava quitta la pièce.

- Tu y es allée un peu fort avec elle, tu ne crois pas ? demanda Oliver à Emma.

- Tu crois ?

- Oui. Elle ne méritait pas un tel déchaînement de colère de ta part. Elle fait seulement son travail, et j'ai confiance en elle.

- Si c'était ta mère qui était en danger, tu ne dirais pas ça.

- Mais elle n'est pas en danger de mort. Ce ne sont que des manifestations surnaturelles. Ça peut l'épuiser, mais pas la tuer.

- Tu m'as l'air bien renseigné.

- Je me suis pas mal documenté sur le sujet.

- Ah...

- Tu devrais aller t'excuser auprès d'Ava.

- Non.

- Emma...

- Non, je te dis ! Elle a exagéré.

- C'est toi qui a exagéré.

- Ça va, je ne l'ai pas insultée, non plus. Je ne vais pas dire Amen à tout ce qu'elle dit et fait.

- Laisse tomber, fais ce que tu veux...

Puis il partit, un brin agacé.

Après le déjeuner, Emma alla chercher Ava pour s'excuser et la trouva dans la cuisine. Avant même qu'elle ait pu prononcer un mot, la médium la devança.

- Je ne vous en veux pas, vous savez. J'ai l'habitude de ce genre de réaction. Les gens sont souvent déconcertés par mon attitude. Ils ne comprennent pas tout de suite que je ne cherche qu'à les aider.

- Je me suis un peu emportée, mais je suis vraiment épuisée et à bout de nerfs. Ma mère me manque, et j'ai tellement besoin d'elle et de son soutien.

- Mais je suis là pour vous soutenir et vous aider. Faite-moi confiance. Tout sera bientôt terminé, et vous retrouverez votre mère et votre maison telles que vous les avez toujours connues, croyez-moi.

- Je vous crois, Ava, je vous crois.

- Alors, c'est parfait. Je vais monter voir votre mère pour lui parler. Souhaitez-vous m'accompagner ?

- Non, c'est bon, je vous fais confiance...

- C'est très bien, dit Ava en souriant.

Emma lui rendit son sourire. C'est alors qu'elles entendirent un grand bruit provenant du sous-sol.

- Qu'est-ce que c'était ? demanda Emma.

- Je ne sais pas, allons voir, lui répondit Ava.

Elles se rendirent donc à la cave, et furent bientôt rejointes par Oliver et Julian qui avaient, eux aussi, été alertés par le bruit. Une fois arrivés en bas, ils trouvèrent Mélinda allongée dans la pièce du fond. Elle était comme prostrée, et ses yeux étaient grands ouverts.

- Maman, non ! s'écria Emma en se précipitant vers sa mère. Elle s'agenouilla auprès d'elle, suivie d'Ava qui prit son pouls.

- Elle respire normalement, tout va bien.

- Mais non, tout ne va pas bien ! Elle ne bouge plus. Maman, maman, réveille-toi, la supplia Emma en sanglotant.

- Laissez-moi faire, dit Ava.

Celle-ci posa alors ses mains à un centimètre du visage de Mélinda. Elle prononça des paroles incompréhensibles, comme des litanies, et peu à peu, la mère d'Emma reprit connaissance. Comme la fois précédente, elle ne se souvenait de rien.

- Que s'est-il passé ?

- Tu vas bien, maman ?

- Emma, il est temps de ressortir la clé, lui dit Ava. Allez chercher la clé, nous allons en avoir besoin, maintenant.