Seules les étoiles

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Cet OS a été écrit en réponse au défi "longue distance" lancé cette semaine sur le Discord francophone Good Omens.


Bonjour à toustes, 🙂

J'espère que vous et vos proches allez bien et avez pu profiter du soleil de ces derniers jours. ☀️

N'ayant pas encore lu le livre Good Omens, je me base à nouveau uniquement sur la série.

Bonne lecture ! 💫

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La nuit était tombée depuis quelques heures maintenant. La fraicheur l'accompagnant semblait purifier l'air, pourtant déjà plus pur dans ce coin reculé de la campagne que dans leur chère Londres. Il faisait noir et pourtant il faisait clair. Seuls les astres stellaires éclairaient les alentours en cet endroit et leur présence était réconfortante. Quelque ait été le jour, quoiqu'il advienne, même si des nuages survenaient, toujours elles étaient là, ces étoiles perdues à des années lumières et pourtant si réelles et si fidèles. Au cours du temps il avait perdu beaucoup. Il avait perdu Son amour, il avait perdu sa première Demeure, il avait perdu – ou cru perdre – à plusieurs reprises l'amour de Son Ange, il avait perdu bien trop d'enfants, il avait failli perdre la Terre. Mais elles, jamais. Elles avaient été là avant sa Chute, avant l'Eden, elles avaient été là, toujours, et elles auraient été là après l'Armageddon. Longtemps elles avaient été sa seule certitude. Plus maintenant, maintenant un autre être éthéré était son gardien attitré. Mais jamais il ne les oublierait, elles, ses plus vieilles amies. Alors, sous leurs yeux pour seuls témoins, il déploya ses ailes. Cela faisait des millénaires qu'il ne les avait plus vraiment sorties – l'Apocalypse-Qui-A-Presque-Mais-Pas-Eu-Lieu ne comptait pas vraiment, il les avait sorties par nécessité sans vraiment réaliser leur présence. Avec le temps, il s'était de plus en plus habitué à son enveloppe corporelle humaine, venant à l'apprécier, et il en avait presque oublié qu'elles étaient là. La brise fraiche de la nuit vint ébouriffer doucement ses plumes, comme pour venir saluer une vieille connaissance perdue de vue depuis longtemps. Il ferma les yeux, ressentant, écoutant, bougeant doucement ses ailes comme pour se rappeler comment elles se mouvaient. Un sourire sincère, presque émerveillé, vint étirer ses lèvres. Il avait retiré ses lunettes et revêtu une toge – semblable à celle de l'Eden ce fameux jour sur le mur – pour sentir ses habits se mouvoir en harmonie avec ses plumes. Ses cheveux, qui doucement regagnaient quelques longueurs, étaient lâchés et ondulaient de même autour de son visage. Doucement, il étendit encore un peu plus ses ailes et c'est comme si quelque chose en lui s'ouvrait. Comme si en cet instant, cela n'avait plus aucune importance qu'il ait Chuté ou non, elles étaient toujours là, fidèles, comme les étoiles. Précautionneusement, il commença à les faire battre lentement puis avec de plus en plus d'assurance jusqu'à léviter à quelques mètres du sol. Et le noir de la nuit, et le noir de sa toge, et le noir de ses plumes ... tout cela lui semblait être la plus belle couleur du monde. Les reflets des rayons de la lune sur ses ailes répondaient à l'éclat des étoiles. Doucement il se reposa au sol. Se mettant en tailleur sur le sol froid, il ramena ses ailes devant lui, les contemplant de ses yeux vrais, de ses yeux de serpents, ceux qui voyaient vraiment. Il les avait toujours considérées laides, depuis ce jour où il avait Chuté. Mais à présent, à présent il les trouvait semblables à la nuit, et cela n'était pas mauvais. Timidement, il tendit une main vers une de ses ailes et effleura du bout des doigts le bord de ses plus grandes plumes. Et tout son corps frémit, du bout des doigts au bout des orteils et au bout des plumes, comme un animal effarouché. Puis il recommença, délicatement. Comme un enfant découvre son corps aux premières semaines de la vie, Crowley redécouvrait une partie de lui-même. Puis il commença délicatement à brosser ses ailes de ses doigts, retirant les plumes ne tenant plus que par habitude, redressant celles que les millénaires avaient pliées. Dans son concon de plumes noires il ne vit pas la lueur des étoiles faiblir peu à peu et ce furent le chant des premiers oiseaux qui le firent reprendre contact avec la réalité. Lentement, presqu'à regret, il se redressa et renvoya ses ailes dans cette autre dimension qui pendant longtemps avait été le seul témoin de leur existence. Il remit ses habits de ville, rechaussa ses lunettes, rattrapa ses cheveux en un semblant de queue de cheval, étira ses membres engourdis par le froid de la nuit et regagna d'une démarche chaloupée les premiers témoins de la civilisation et sa chère Bentley.

OS Good OmensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant