Chapitre 8

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Le docteur m'emmène alors dans une pièce, à l'autre bout de celle où j'étais. Une personne est présente et semble m'attendre. J'entre donc et m'installe en face d'elle. Elle me lance alors :

« Vous allez subir une série de questions qui détermineront votre place dans la ville. Toutes vos réponses devront être sincères et sans réflexion. De plus, elles seront toutes enregistrées et pourront être utilisées si vous avez affaire à la justice. Avez compris ?
- Oui j'ai compris.
- Bien. Votre nom et prénom.
- Gefrosten Amaya.
- D'où venez-vous ?
- D'un village. J'ai marché 5 mois en ligne droite vers le Nord pour arriver ici.
- 5 mois !? Êtes-vous sur ?, s'étonne-t-elle.
- Oui.
- D'accord...»

Elle continue ainsi son questionnaire pendant une ou deux heures. Finalement, elle appelle quelqu'un qui m'emmène hors de l'Hôpital.

Nous sommes en fin de journée et, comme le dit les contes, les montagnes surplombent la ville et cachent le soleil couchant. L'Hôpital est imposant face à la rue aux bâtiments à deux étages. Les rues sont même pavées, les maisons et les commerces fait de briques rouges. Les devantures des magasins arborent de vives couleurs mais je n'ai pas le temps de m'attarder dessus puisque mon guide m'intime d'avancer. Plus on s'éloigne de l'Hôpital et plus les magasins se font rares, les routes ne sont plus pavées et une puanteur emplit de plus en plus l'air, le rendant irrespirable. On s'arrête finalement devant un immeuble crasseux et mon guide m'emmène dans une pièce minuscule et sombre et part aussitôt.

La pièce est constituée d'un lit simple, d'un âtre et d'un frigo en guise de cuisine, un WC ainsi qu'un lavabo pour la salle de bain. Même s'il y a de l'eau courante, cela reste petit, sale et spartiate mais au moins j'avais une pièce rien qu'à moi. Et j'ai déjà du travail ! Je commence demain dans une boutique de couture, au centre-ville, près de l'hôpital. Mais il se fait tard et mieux vaut que je me couche maintenant si je veux être en forme pour ma première journée...

                                                                                          ❅❅❅❅

Je me réveille le lendemain, bien déterminée à assurer ; le problème est que je n'ai rien à me mettre sous la dent, pas d'argent et pas de nouveaux habits. J'espère qu'ils ne sentent pas trop. Je continue à stresser le long du chemin jusqu'à la boutique.

Celle-ci était proche de l'Hôpital, dans une ruelle, juste derrière. J'époussète vite ma robe qui est légèrement tâchée et rapiécée. J'entre et une femme m'interpelle :

« Qu'est-ce que vous faîtes là ? Ce n'est pas pour vous ici !
- Je suis là pour le travail de couturière, bafouillé-je.
- Ah, encore une autre.
- Comment ça ?
- Ne pose pas de question. Tu m'obéis au doigt et à l'œil. Tu ne dois pas entrer en contact avec les clients. Jamais. Et tu devras mettre une tenue mieux que celles-ci, compris ?
- Oui mais c'est ma seule tenue, je n'ai rien d'autre.
- Super alors mets ça, et dépêches toi ! » lance-t-elle en me lançant une robe.

Je me change en vitesse et reviens aussitôt. Elle me demande de l'appeler Mme Dénutz et elle me teste sur ma capacité à coudre toute la journée. Apparemment elle semble satisfaite puisqu'elle me souhaite une bonne fin de soirée et à demain.

Le Centre s'occupe de rationner la nourriture et chaque habitant doit donc y aller une fois par semaine, or il faut que j'attende trois jours pour y aller et Mme Dénutz refuse de me donner un peu de sa ration. Ce n'est pas la première fois que j'ai le ventre vide, alors je vais faire avec...

Un long hiver d'agonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant