Chapitre 13

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Ils viennent comme convenu à 19h00 et Carmen est autant extasiée que moi face à la robe. La robe est dans un velours bordeaux mi-longue et très évasée. Je l'enfile et le stresse monte d'un cran. J'allais à une fête réservée aux Freddezza, moi alors que je ne suis qu'une Hladan. Grégoire avait beau me dire que tout allais bien se passer, j'avais l'impression que j'entrais dans un endroit sans y être invitée.

Mais Grégoire et sa sœur sont persuasifs et j'entre dans la montagne. Un ascenseur attendait, creusait dans la base de la montagne. La petite cabine avait de riches moulures dorées et une moquette rouge sombre tapissait toute la cabine. Il n'y avait qu'un bouton d'appel ; Grégoire y place son index dessus puis une aiguille sort et pique son doigt pour prendre son sang. Étrange mais il semble habitué.

On arrive dans un grand hall tout en verre et donnant sur la ville en contrebas. Elle est si petite depuis le hall, je n'ai pas remarqué qu'on avait monté aussi haut. Mais Grégoire et Carmen me tirent de ma rêverie et me poussent vers une des nombreuses portes du hall et l'atmosphère change du tout au tout.

La pièce est immense, avec des néons multicolores sur les parois de la montagne. Un bar immense longe toute la pièce, des enceintes diffusent des musiques assourdissantes et il y avait un monde fou qui danse en rythme. Nous allons jusqu'au fond de la salle pour monter sur scène et Grégoire commence son discours :
« Bien le bonsoir. La semaine dernière bon nombre d'entre vous ont dégusté des gâteaux de Hladan et vous avez énoncé le souhait de votre qui était cette cuisinière et bien la voici !

Il me tend le micro et me demande de faire un discours, malgré mes contestations :
«Bonjour. Je suis désolée mais je ne savais pas que je devais faire un discours. Surtout devant des Freddezza, cela me stresse encore plus. Bref, je, une connaissance m'a dit que vous adorez ces gâteaux, cela me fait très plaisir et cela m'a étonnée. Des Freddezza qui aiment des gâteaux Hladan, cela n'avait pas de sens pour moi. Mais j'étais très heureuse de cuisiner des gâteaux typiques de mon village ; donc voici quelques spécialités rien que pour vous et tout juste sorti du four ! »

Un hourra général s'élance et tout le monde se précipite vers les plateaux pour goûter mes gâteaux. Tout au long de la fête, plein de monde viennent me féliciter mes talents culinaires et me demandent les recettes mais je leur dit que ces recettes sont transmises de mère en fille depuis des générations et ils s'en vont, satisfaits.

On rentre au petit matin et je dors un peu. A mon réveil, Grégoire est déjà attablé et me lance :
«Hello ! Comment tu vas ?
- Mal, j'ai un peu mal à la tête mais ça va. J'arrive pas à me dire que la soirée d'hier ait eu lieu.
- Et pourtant, elle a existé. Tu as été le centre de la soirée et tout le monde t'a presque autant adoré que moi.
- Qu'est-ce tu racontes ? Tu es encore bourré ou quoi ?
- Non pourquoi tu dis ça ?
- Parce que tu es étrangement gentil tout d'un coup, qu'est-ce que tu veux ?
- Rien, je veux juste être gentil avec toi car je t'apprécie vraiment et j'aimerais qu'on...
- Oh je t'arrête tout de suite là. Je ne veux pas de sexe entre nous !
- C'est pas de ça que je parle. Je parle de plus...
- Non !
- Pourquoi ? Pourquoi tu me repousse ?
- Parce que de un tu es un Freddezza et moi une Hladan ; de deux tu n'es pas fiable.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Comment tu peux me dire ça ?
- Désolé mais c'est vrai. Tu es un mec à fille. Chaque semaine tu ramènes une fille différente, tu es un séducteur.
- C'est vrai. Mais je t'assure que je peux essayer de faire un effort pour nous, et il me prend la main.
- Ne me touche pas ! Je ne vois pas pourquoi j'irai me causer autant de soucis pour un homme et, qui plus est, infidèle.

Il se lève et tente de me prendre par les reins pour m'embrasser, je le frappe et m'en vais. Je croise en même temps Carmen qui sort de la chambre.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Demande à ton crétin de frère. »

Je préfère faire un tour au marché avant de revenir à l'appartement qui avait été déserté entre temps, parfait. Je vais pouvoir me concentrer à ma couture maintenant. Pendant le reste de la semaine, à la boutique, des Freddezza viennent en nombre pour me parler des gâteaux de la fête et j'en profite pour en ramener pour parler de gâteaux et de tenues. Mme Dénutz est tantôt en colère de mes nombreuses discussions et tantôt heureuse des ventes prodigieuses que je faisais.

Un long hiver d'agonieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant