Le vendredi, alors que je ferme la boutique un homme arrive. Je lui dis donc :
« Bonsoir, désolé nous fermons, revenez lundi.
- Je ne suis pas venu pour ça. Je suis venu pour vous.
- Pour moi ? C'est-à-dire ? Pourriez-vous être plus précis ?
- Je suis le boulanger de la ville Freddezza et vos talents culinaires ont fait le tour de la Ville Haute.
- Vraiment ? J'en suis ravie.
- Et par conséquent, la Coupole souhaite vous engager à sa cuisine.
- Attendez, la Coupole ? Vous voulez dire le Haut Gouvernement ? Celui de la Ville des Freddezza ?
- Oui, oui !
- Mais pourquoi ils veulent de moi ? Et comment ils ont entendu parler de mes gâteaux ? Et Mme Dénutz, comment va-t-elle faire si je m'en vais ?
- Ne vous inquiétez pas pour Mme Dénutz et toutes vos questions n'ont pas lieu d'être. Ce travail vous permettra d'avoir un salaire nettement supérieur et à un appartement de fonction en bas de la Ville Haute et bien sûr à des privilèges. Acceptez-vous ?
- Cela semble bête de refuser, non ? J'accepte cette proposition !
- Et bien parfait, venez. »Nous sortons alors de la boutique et nous nous dirigeons vers l'appartement. Il fait partie du quartier troglodyte au pied de la montagne. Mon appartement est plus grand que celui qui avait brûlé. Il y a un uniforme de cuisine qui attend déjà sur la table. La robe est grise et longue avec un tablier blanc et une toque basse blanche aussi. Le boulanger m'apprend que je commence demain à 3h et où était l'ascenseur de service et il partit.
Je décide de récupérer le peu d'affaires qui étaient dans l'appartement de Grégoire, encore absent. Tant pis, je décide de ne pas lui laisser de mot et partis dans mon nouvel appartement. Je m'endors, ravie de ce nouveau changement de vie qui s'annonçait. Je me réveille le lendemain de bonne humeur. Je me prépare et regarde comment marche l'ascenseur ; il est modeste contrairement à l'autre ascenseur mais comporte le même unique bouton où il faut presser avec le doigt pour faire démarrer la cabine. L'aiguille me plante le doigt et je monte doucement avant qu'il ne s'arrête droit sur les cuisines. Le boulanger me repère et m'accueille en fanfare :
« Hello ! Ravie de te voir ! Je vous présente Amaya, Amaya voici l'armée des petits boulangers !
- Bonjour, je suis contente de vous rencontrer.
- Bonjour !
- Bien, qu'est-ce qu'on cuisine aujourd'hui ?
- Vous me demandez à moi ?
- Oui bien sûr, la Coupole veut du nouveau et nous on a déjà tout cuisiné, vous avez une idée ?
- Dans mon village, le matin nous mangeons de la bouillie d'avoine, de blé, de framboise et du jus de pomme.
- Étrange comme mélange mais soit ! C'est parti ! »On cuisine alors la recette et attend la réponse favorable de la Coupole qui vient trois heures plus tard avec des félicitations et une attente pour le midi. Pendant le reste du temps, je partage mon idée pour le midi et la cuisine est ravie. Le dimanche soir, une personne est pourtant renvoyée ; on m'explique que chaque semaine une personne est renvoyée, et donc renvoyée de la ville. Cela ne me rassure pas mais je n'ai pas le choix, je ne pas quitter le travail.
Ma première semaine se passe à merveille et je reçois une agréable visite :
« Carmen ! Salut ! Je suis ravie de te voir !
- Salut Amaya ! Comment vas-tu ?
- Super bien, tu ne vas jamais deviner ce qui s'est passé cette semaine !
- Oh, si je sais puisque je déguste tout tes plats depuis une semaine !
- Vraiment ? Qu'est-ce que tu en penses ?
- Délicieux, et tout le monde veut connaître tes recettes, et je vois que tu prends grand soin à garder les secrets.
- Tu n'as qu'à faire un livre de recette, propose son frère.
- Ah, te voilà, toi. Oui ça pourrait être pas mal, mais avec quels moyens ?
- Je t'aiderai moi, continua Grégoire.
- Si c'est pour que je te sois encore plus redevable, non merci !
- Amaya, réfléchis-y. Tu aurais beaucoup à y gagner. Et si c'était moi qui le finance ?
- Je n'aime pas être redevable à quelqu'un et encore moins à une amie.
- Alors soit redevable à quelqu'un que tu déteste, enchaîne Grégoire.
- Je, je te déteste pas, ce que...
- Ce que tu es coincée dans les normes de la société, me coupe Grégoire.
- Et bien, si c'est ça que tu penses pourquoi tu t'embêtes à m'aider, si n'est l'envie de coucher avec moi ? Ça te coûterait combien Carmen ?
- Je ne sais pas, disons 3 000 Frinanz.
- Ok, en sachant que mon salaire s'élève à 900 Frinanz et ma ration hebdomadaire à 450 Frinanz. Si je te donne 300 Frinanz par semaine, je te rembourse dans 2 mois et demie maximum, ça te vas ?
- Et moi, je fais quoi dans l'histoire ? intervient Grégoire.
- Rien. Sauf si tu veux que je te rembourse le loyer lorsque j'ai habité chez toi, ce que je peux comprendre.
- Non, ce n'est pas la peine, je m'en vais, s'énerve-t-il, après avoir passé sa main très en bas de mes reins et claquant la porte.
- Tu l'as vexé.
- J'avais vu Carmen, merci. Je pense qu'il n'a pas l'habitude qu'une fille lui dise non.
- En effet, mais ça ne lui fait pas de mal qu'on lui dise non parfois, il peut se montrer très entreprenant, comme tu l'a vu.
- Oui, c'est gênant. Mais arrêtons de parler de Grégoire et parlons du livre de recette plutôt ! »On discute ainsi pendant tout le week-end du livre de recette et le dimanche soir, le plan du livre était prêt. Carmen s'occupe de la partie administrative et moi de l'écriture durant la semaine et on se retrouve le samedi dans un office pour publier le livre. Carmen et moi sommes donc les auteures du livre Recettes Hladan d'antan. Pour fêter le lancement du livre, elle me propose de venir à une fête le lendemain et proposer cinq livres à gagner.
Le lendemain, elle arrive avec une nouvelle robe pour moi et moi, des gâteaux pour elle et une partie de l'argent à rembourser. On arrive à la fête qui et somptueuse, comme d'habitude. Je parle du livre pendant toute la soirée ; je suis tellement étonnée qu'ils s'intéressent à moi alors que je suis une Hladan et eux des Freddezza. Mais je sens Grégoire qui me fixe et dès qu'il le peut vient vers moi et essaie de me faire des avances en me susurrant à l'oreille. Je ne comprends pas pourquoi ce changement si soudain dans son comportement, et je n'aime pas cela.
Le reste de la soirée se passe à merveille et le concours pour gagner le livre a l'effet escompté : la foule se bat pour avoir le livre et c'est finalement Grégoire qui gagne, comme par hasard. Je rentre finalement à l'aube. La première semaine, le stock de 300 livres s'écoule en trois jours, Carmen et moi devons trouver d'autres fournisseurs afin de compenser la demande et mon travail réjouit la Coupole et j'ai le droit à une promotion qui me permet d'être sûre de ne jamais être renvoyée.
Grégoire tente parfois de venir chez moi pour me convaincre de sortir avec lui mais je refuse à chaque fois, maintenant je ne lui ouvre plus. Il m'inquiète de plus, je devrais en parler à Carmen, mais je dois me concentrer sur mon travail pour l'instant...
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Un long hiver d'agonie
Science FictionLa Guerre a tout ravagé. L'espoir, la vie, la joie. Tout a été effacé sous un manteau de neige blanche qui ne cesse plus de tomber depuis un siècle. Les Hommes se sont entretués dans une ultime bataille nucléaire. Amaya tente de survivre dans surviv...