On est mardi et je peux enfin travailler. J'ai même préparé des gâteaux pour mes collègues qui sont presque aussi ravi de me voir que de goûter à mes gâteaux. Je suis heureuse de reprendre le travail, cela me permet de me décompresser et d'oublier un peu les séances avec Grégoire. La première semaine se passe à merveille, bien que je sois constamment fatiguée mais d'après Grégoire c'est normal le temps que mon corps assimile l'antidote. Par contre, il refuse toujours de m'expliquer pourquoi sa sœur n'est pas venue me voir.
Ce lundi, nous sommes à court d'épices et de farine, on me désigne pour aller en chercher au marché. J'y vais et avant de partir je passe par le stand de thé et quelqu'un d'encapuchonné m'interpelle en chuchotant :
« Que faut-il faire contre la gueule de bois ?
Je reconnais la voix de Carmen et veut me retourner mais elle m'en empêche.
- Non ne te retourne pas, rendez-vous ici ce soir, au coucher du soleil, une heure avant la fermeture et je t'expliquerais tout. » Et elle repart aussi rapidement.Pendant le reste de la journée, je ne cesse de penser à notre brève rencontre. Enfin, l'heure du rendez-vous approche et je sors de mon travail en courant, par peur d'être en retard. Et Carmen m'attend derrière le stand de thé, toujours encapuchonnée :
« En retard. Ce n'est pas une façon d'accueillir une vieille amie.
- Désolé, je finissais une tarte pour la Coupole.
- Tu es excusée alors, tes tartes sont les meilleures.
- Merci. Pourquoi tu n'es pas venue me voir depuis 15 jours ?
- Tu es directe. On me l'a interdit.
- Comment ça ?
- J'ai tendance à contredire l'autorité et il y a une affaire de la Coupole qui ne doit pas être interrompue, alors ils m'ont évincée de l'affaire.
- Quel est le rapport avec moi ?
- Je n'en sais rien, mais j'ai peur pour ta sécurité. Et mon frère qui te tourne autour n'augure rien de bon. Je n'aime pas ça.
- Il me soigne. Mais tu as raison, je le sens qui essaie de traîner sa main quand il fait la prise de sang ou de médicament.
- Sérieusement ? Mais pour qui il se prend à te toucher ainsi, personne n'a le droit de te toucher.
- C'est vrai mais pourquoi tu t'énerves comme ça ?
- Je...euh...C'est la première fois que je l'entends hésiter et soudain elle se penche et m'embrasse. Je recule la tête et la frappe et m'indigne :
- Mais ça va pas la tête. Qu'est-ce qui te prends ? C'est interdit par la loi.
- Et alors ? La loi n'a pas à dicter l'amour. Et tu n'étais...
- Je t'arrête tout de suite ! Je ne veux pas de ça. Je dois y aller maintenant. »Je coupe court à la conversation parce que je n'ai pas envie que Carmen voit le trouble sur mon visage et commence à partir lorsque la terre tremble. Les étals tombent avec fracas, les clients s'enfuient en hurlant, bousculant tout sur leur passage. Je me retourne pour voir Carmen mais quelque chose me tombe dessus et je m'évanouie.
Je me réveille dans une tente, installée sur un brancard de fortune. Une dizaine de personnes sont aussi installées dans la tente. Une infirmière vient me voir :
- Bonjour, comment vous sentez-vous ?
- Bien, un peu mal à la tête et au torse.
- C'est normal, un étal vous est tombé dessus. Vous avez deux côtes cassés et un léger trauma crânien. Vous allez vous en sortir.
- Combien il y a de victimes ? Le tremblement de terre semblait être puissant.
- Oui c'est vrai. Apparemment, la terre a tellement tremblé que tous les accès à la Montagne ont été condamnés.
- Vraiment ? La Montagne a dû alors trembler de l'intérieur au point que les conduits creusés se sont effondrés sur eux-mêmes : la puissance devait être impressionnante.
- Oui, 8,7 sur l'échelle de Richter et en plus nous étions tout proche de l'épicentre, intervient un médecin. Le problème c'est que nos stocks de l'hôpital viennent d'en haut et sans cette approvisionnement nous n'aurons pas assez pour tous les blessés.
- Il n'y en a tant que ça ?
- Oui, et nous devons faire un tri, nous n'avons déjà plus de quoi soigner tout le monde. Et je dois donc vous laisser, j'ai des patients à tenter de sauver.
- Merci. Au revoir. »
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Un long hiver d'agonie
Ciencia FicciónLa Guerre a tout ravagé. L'espoir, la vie, la joie. Tout a été effacé sous un manteau de neige blanche qui ne cesse plus de tomber depuis un siècle. Les Hommes se sont entretués dans une ultime bataille nucléaire. Amaya tente de survivre dans surviv...