↝ prologue | save me

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Huit ans auparavant, 1432. Période Joseon.

La brume matinale recouvrait le sol, la fraîche humidité envahissait l'air en dégageant un parfum de fleurs mélangé à celui de pins et les oiseaux chantonnaient d'une intonation aiguë et lointaine. Le Soleil se levait tranquillement, perçant d'une faiblesse printanière à travers les nuages démontrant une pluie antérieure. Pour les gens d'ici, c'était un coup de chance, voir leur champs mouillés par une fine averse diluvienne, sentir l'odeur des feuilles humides. Leur récolte n'était pas perdue. L'aube vint à mourir, laissant l'étoile de cette planète réchauffer l'air, enveloppant le territoire de rayons étincelant. Une brise chaleureuse faisait bouger les feuilles accrochées aux arbres de cette forêt luxuriante sortant d'un hiver rude, les bruissements venteux et mélodieux des feuillages résonnaient partout. L'air était compacte mais le splendide paysage coupait cette chaleur estivale.

Un jeune homme avançait sur le sentier sablonneux tracé au milieu de la forêt, installé à dos de cheval. Les sabots de l'animal cognaient sur le sol, emplissant l'atmosphère d'un son sèchement répétitif. Un sac fabriqué en jute reposait sur l'épaule de l'homme aux cheveux noirs et aux regards songeurs. Ses habits de couleurs ternes constitués de pauvres tissus montraient la classe dans laquelle il se trouvait, celle d'un simple paysan. Un sac accroché à la selle de la bête au court pelage lustré renfermait un arc et quelques flèches, c'était de la sécurité, car personne ne pouvait prédire si le danger se pointerait entre le départ et l'arrivée. Néanmoins, le silence régnait et la fureur d'un ennemi semblait une simple idée émise à l'intérieur des esprits.

L'ébène décida de s'aventurer vers une rivière au courant paisible dévalant une pente rocheuse, cachée de la route. L'eau cristalline paraissait fraîche et vivifiante. Le paysan attacha son cheval à un arbre poussant sur le sol verdoyant, tout en offrant une caresse à la bête. L'écoulement de l'eau le long de la rivière comblait l'ambiance serein de l'endroit. Le jeune homme se penchait au dessus de la petite rivière, prenant attention à ne pas trébucher et plongeait ses mains dans la source, se mouillant le visage tout en buvant. Il se sentait rafraîchi et prêt à reprendre le trajet jusqu'à chez lui. Tandis qu'il se relevait en entendant ses os émettent un craquement distinctif, des mouvements faisant bouger la forêt retentissaient et il ne voyait pas la provenance de cette soudaine agitation. Le paysan vint à la hauteur de l'équidé inconscient des bruits en prenant son arc et une flèche. Il bandait la corde de son arme en pivotant son buste, de sorte à observer les alentours tout en visant la potentielle menace. La tension montait d'un cran, s'accrochant à son instinct. La source étrangère s'approchait dangereusement du jeune homme essayant de percer la nature forestière pour identifier la chose.

Une silhouette paniquée vêtue d'un hanbok déboulait la légère pente, atterrissant dans le ruisseau un peu plus loin. Les couleurs claires de ses vêtements le rendaient visibles aux yeux concentrés du paysan surpris d'apercevoir cet homme se relevant trempé de sa baignade improvisée. Il épiait les environs d'un œil inquiet avant de s'arrêter sur l'ébène baissant sa garde. Le garçon trébucha sur une roche glissante, s'étalant de nouveau dans le liquide claire alors que l'autre s'approchait du maladroit.

- Vous allez bien? Demanda le fermier en détaillant le noiraud émanant une noble prestance dû à ses vêtements et à ses traits autant froids que doux.

- Est-ce que vous croyez réellement que je vais bien? Rétorqua-t-il sèchement en fusillant de son regard cinglant, l'autre jeune homme.

- Vous ne me donnez pas envie de vous aidez. Grommela l'ébène en s'éloignant, son arc à la main.

- C'est votre cheval? Interrogea le noble d'un ton vibrant à nouveau d'une angoisse apeurée.

- Oui. Répondit brièvement le propriétaire en rangeant son arc et sa flèche dans le sac destinée à cette fin, tout en ajustant le deuxième autour de son épaule.

- On me pourchasse et on a attaqué le mien, pouvez-vous m'emmener en ville? Supplia le noiraud tandis que le paysan se retournait vivement, fixant de prunelles sérieuses celui ayant formulé cette requête d'une voix démontrant un honteux désespoir.

- On vous pourchasse? Qu'est-ce que vous avez fait? Demanda le fermier, curieux.

- Ce n'est pas de vos affaires, je vous paierai si vous acceptez. Promit-il en jetant des coups d'œil furtifs aux plantes.

-Je m'en fou de votre argent, de plus la ville n'est pas sur mon chemin. Refusa l'ébène en montant sur son cheval, après l'avoir détaché du tronc.

- S'il vous plaît, je risque de me faire tuer. Annonça le noble, suivit de plusieurs secondes de silence réflectif.

- C'est bon, montez. Capitula le paysan en soupirant pendant que l'autre homme prenait place sur la bête se secouant faiblement.

- Vous dites que des gens sont à votre recherche? Questionna le fermier en sentant les tissus humides se coller à son dos et les bras du noiraud entourer son ventre.

-Oui, vous risquez de les croiser une fois sur le chemin. Le mit-il en garde.

D'un geste sec, il indiquait à l'équidé de se bouger en tirant sur les reines. Ils rejoignirent rapidement la route alors que le puissant corps du cheval courait et que le vent caressait leur peaux. Les deux jeunes hommes ne savaient pas qu'un jour cette rencontre sauverait la vie de l'un d'entre eux. Ils n'étaient qu'une paire d'adolescents insouciants, l'un l'auteur d'un futur sanguinaire et l'autre, l'héritier d'un trône.

𝐊𝐈𝐍𝐆𝐃𝐎𝐌 𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Où les histoires vivent. Découvrez maintenant