❛ manju

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L'averse qui menaçait la capitale éclata dans la nuit, couvrant notre sommeil d'eau s'écoulant des toits pour se fracasser mélodieusement au sol. Le lendemain, lorsque nous fûmes en route pour Manju, la fragrance poussée de la nature mouillée se promenait dans l'air encore gris. L'odeur des arbres et de la mousse recouvrant la terre rendait l'air moins hostile en nous faisait oublié les craintes liés à cette mission. Bien que l'ambiance était silencieuse ainsi que mélancolique, on gardait notre concentration. Les hommes servant de guides avaient la figure stoïque et les sens aiguisés sur tous les mouvements forestiers, des feuillages broussailleux au chantonnement de petits oiseaux inoffensifs. J'observais le paysage défiler lentement, me perdant à travers la verdure éclairée par les premières lueurs d'une matinée pluvieuse. Le ciel était de pâles couleurs réconfortantes, confirmant que le soleil se pointerait dans les heures à venir.

Mes yeux se posèrent vaguement sur la silhouette sombre de Jaebeom. Je ne voyais que son dos aux larges épaules recouvert d'un habit noir et ses longs cheveux attachés en une petit couette au dessus de sa tête, laissant une grande partie cachée sa nuque. Son carquois était installé sur son dos tandis que son arc reposait sur son cheval. Je pouvais sentir le vent de son arrogance et de sa froideur s'échouer sur ma peau, me procurant un sentiment indescriptible. Trouvant que mon observation subtile à l'égard de sa personne prenait une place protubérante à l'intérieur de mon esprit, je me concentrais à l'écoute des sabots cognés contre le sol. Le sentier était sinueux, jaugé de branches fourbes, de pentes et de flaques d'eaux. Nous avions emprunté le chemin à travers une partie très dense de la forêt, pour un maximum de sécurité. Les mouches étaient disparues, ne revenant que l'an prochain, nous n'avions aucune chose pouvant nous déranger. Les deux prochains jours s'annonçaient désertiques et boisés.

°°°

Les rayons du Soleil atteignirent leurs apogées en après-midi avant de se tamiser jusqu'à s'évanouir dans l'horizon frais, permettant à la lune croissante de prendre le contrôle des cieux étoilés. On installait un petit campement éloigné de la route, situé au milieu d'un espace dégagé, non sans être caché par les arbres environnants. La température s'était considérablement rafraîchie, effaçant l'humidité de l'averse antérieure. Un homme s'occupait du feu, tandis qu'un autre montait un petit abris temporaire. Jaebeom avait disparu, sa présence s'était évaporée sans un bruit, silencieuse comme un fantôme. Je balayais les environs, mais la nature m'empêchait une vue concrète et mes yeux se trouvaient incapable de percer les feuilles. Un soupir passait la barrière de mes lèvres, où était passé ce merdeux?

- Avez-vous vu Jaebeom? Demandais-je aux autres.

- Non Votre Majesté. Me répondit le plus grand des deux.

- Je pense qu'il est allé au toilette, vous voyez ce que je veux dire. M'informa le second en réprimandant un immature sourire en coin, me faisant rouler des yeux pendant que je remarquais l'absence de son carquois et de son arc.

Oui, il se soulageait avec ses armes. Foutaise. Je n'étais pas un imbécile, ces propos se désaccordaient aussi facilement qu'un instrument. Dans un énervement naissant, je m'aventurais à l'extérieur du petit campement, souhaitant retrouver l'ébène. Après l'arrogance, la froideur et l'insolence venait les mensonges. Les qualités de cet homme paraissaient une lueur lointaine et inespérée. Le bois sec craquait sous mes pieds et la mousse était spongieuse, créant des sons contradictoires à mes oreilles. Mon regard détaillait chaque centimètres de la forêt, recherchant assidûment Jaebeom. Je me sentais tel un aveugle cherchant son bâton de bambou dans une foule d'humain. Je marchais sans regarder derrière moi, me retrouvant rapidement déboussolé à travers cette forêt dense. C'était con si l'héritier du royaume mourrait après s'être perdu. Trop con. J'étais réputé pour mon intelligence, et je comptais prouvé que mon sens de l'orientation ne la trahissait pas. Néanmoins, mon égo prenait la majeur partie de mes pensées, ce qui embrouillait mon réel besoin de retrouver la direction. Ce labyrinthe naturel me rendait davantage perdu et la noirceur ne m'aidait pas.

𝐊𝐈𝐍𝐆𝐃𝐎𝐌 𝐈 | 𝐣𝐣 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐜𝐭Où les histoires vivent. Découvrez maintenant