Une fois que j'ai posé des lettres, un texte se construit
Puisant dans la pâle étincelle qui en moi luitMais lorsqu'enfin je termine d'y jetter mes obus
Ces textes ne m'appartiennent plusQuand après longtemps par hasard je les lis ,
Je ne me souviens pas d'y avoir mis mes soucisC'est comme si je regardais mon reflet dans le miroir puis que je le brisais
Et des éclats maintenant éparpillés se mettent sur le sol à scintillerJe n'ai même pas un pincement au coeur en lisant le sang qui y a coulé
Ça ne ravive même pas ma douleur de redécouvrir mes mots mutilésCette teinte de tristesse que dans certains textes j'ai pu peindre
A quitté mon vieux pinceau et aujourd'hui ne peut m'atteindreChaque lettre s'est imprégnée de ma souffrance,
Chaque mot a su signer pour ma délivrance,
Chaque phrase s'est accrochée à mes maux dans le silence
Et chaque texte a su montrer la perte de joie et son absenceQuand je dis que ces textes ne sont plus miens
C'est qu'en fait désormais un peu de ma douleur leur appartientEt même si je les relis et les redécouvre souvent
Ils ne suscitent plus rien en moi avec le tempsJe vous les laisse ici sans même chercher vôtre accord,
Mes maux, je les délaisse à chaque fois seuls à leur sortNe vous étonnez donc pas
Si en me parlant de ces textes
Vous percutez une indifférence parfaite
Car, une fois écrits, ils ne sont plus à moiC'est à vous de reconstruire le miroir avec ces quelques morceaux piétinés
Et peut-être qu'ensuite, vous verrez vôtre propre tristesse s'y refléter
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Éternelle tristesse
PuisiDans ce recueil une personne, peut-être vous , peut-être (surtout) moi , peut-être lui, peut-être elle demeure dans l'éternelle tristesse . Textes en rimes Aux différentes origines Afin de souligner l'éternelle tristesse, Celle qui jamais ne cesse...