Et si...Light n'était pas Kira

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Light récapitule dans sa tête toutes les informations que son ami vient de lui donner. En effet, dès son entrée dans la chambre d'Hotel, il n'a pas eu un seul moment de répis, et pas un blanc pour lui laisser le temps de poser la moindre question. Cela fait bientôt une demi heure que Ryuzaki parle sans aucune interruption et il vient à priori tout juste de finir. Mais cela fait beaucoup d'informations à assimiler en si peu de temps, et au fur et à mesure qu'il y pense, les inquiétudes de Light se font de plus en plus fondées. Un long silence s'installe alors que le jeune homme, encore sous le choc, se force à faire le tri dans son esprit pour tout remettre en ordre avant de poser les dizaines de questions qui lui viennent.

L, de son vrai nom Lawliet est en danger de mort depuis que la police, à présent corrompue, a appris sa véritable identité. Toute cette énigme avait été mise en place pour qu'on ne le retrouve pas et pour faire office d'ultime test d'aptitude. Cependant, malgré la sécurité que lui assure sa cachette, il ne faudra pas longtemps à Kira pour soudoyer la police et obtenir son nom. Ainsi, il mourra mystérieusement d'une crise cardiaque comme tous les autres criminels éliminés jusqu'ici par ce justicier auto-proclamé. Dans le dossier que Light a récupéré au poste se trouvent toutes les informations dont Sôichirô disposait contre les agents corrompus de la police, et avec les pages manquantes que détient L, il sera en mesure de tout comprendre.

Voilà un bref résumé de ce que Ryuga, enfin, Lawliet, avait révélé à son camarade. Il semblait curieusement bien accepter la mort imminente qui l'attendait, mais ça n'est pas le cas de Light. Soudainement pris de colère, il se lève et hurle : "Je ne laisserais pas ces pourris te tuer Ryuzaki ! Il doit bien y avoir encore quelques policiers qui ne sont pas corrompus. Nous trouverons un moyen de protéger ton nom, je ne comprends pas comment tu peux abandonner si vite !

Je n'abandonne pas vraiment. Crois-moi, j'aimerais continuer à vivre... Il fait une pause et dévore une part de gâteau à la fraise, puis reprend... mais je ne suis pas du genre à m'acharner pour une cause perdue. Je préfère déléguer l'enquête à quelqu'un de compétent et qui lui restera en vie. Je peux être remplacé alors je préfère passer le peu de temps qu'il me reste à former mon successeur plutôt qu'à tenter l'impossible pour sauver ma peau. Tu sais, n'importe qui trouverais ça admirable de ma part, alors pourquoi as-tu l'air si contrarié ? demande-t-il, sceptique.

C'est que tu comprends, j'ai pensé t'avoir perdu pour je ne sais quelle raison après ta soudaine disparition, et puis alors que je t'ai retrouvé tu m'annonce avec nonchalance que je vais te perdre pour de bon. Comment voudrais-tu que cela me fasse plaisir ? Mon père est mort, la police que je comptais intégrer fièrement est corrompue, et je vais déjà perdre mon seul et unique véritable ami.

Je comprends, sache que tu fus toi aussi mon premier ami, Light, et je t'avoue avoir eu peur de mourir avant que tu ne me retrouves et que je t'explique les raisons de mon attitude récente.

Oui c'est vrai ça. Pourquoi avoir eu ce comportement, tu aurais pu m'expliquer la situation directement avant de partir, je sais que j'avais quelques hésitations mais je pensais tout de même avoir déjà fait mes preuves auprès de toi.

Eh bien, il fallait qu'on croie qu'il n'existait plus aucun lien entre toi et moi. J'ai de bonnes raisons de croire que quelqu'un m'espionnait, et de loin, notre complicité ne ressemblait qu'à une simple amitié entre étudiant. Mais il faut que notre véritable relation demeure secrète Light.

Et pourquoi tant de précautions. Après t'avoir tué ils ne vont pas prendre le risque de faire plus de morts inutiles, cela pourrait paraître suspect. Et je ne vois pas bien comment, après l'annonce de la mort de L au public, je pourrais bien constituer une menace pour Kira.

Figure-toi que la mort de L ne sera jamais confiée au grand public. Ils croiront s'être trompés lorsque L reprendra son enquête même après qu'ils m'aient tué.

Je comprends. Tu as choisi un successeur pour se faire passer pour toi après ta mort. Mais à qui vas-tu confier cet honneur ? Et je ne comprends toujours pas bien ce que cela a à voir avec moi. De plus s'ils pensent après t'avoir fait disparaître qu'ils ont fait une erreur puisque L sera toujours en vie, je ne serai plus soupçonné de rien.

Ne sous-estime pas Kira. Il comprendra bien assez vite que me suis fait remplacé. Ma succession n'a pour but que de préserver la confiance des civils. En comprenant cela, Kira et la police vont tout faire pour trouver la nouvelle identité de L, et pour cela ils vont retrouver tous mes proches et les surveiller. En tant que nouveau L, tu devras avoir l'air le plus naturel possible. Tu dois rester en vie car il n'y a à ma connaissance personne d'autre capable de nous succéder.

Tu veux dire que je ne vais pas seulement entrer dans la cellule d'enquête, je vais même en être le dirigeant ? Cela fait beaucoup à gérer... Mais je te donne ma parole que je ferai de mon mieux ! J'arrêterai cette pourriture et je te vengerai !

Bien, garde cette détermination.

Light reste encore quelques heures dans la chambre d'hotel en compagnie de son ami et de Watari, le majordome. Tandis que Ryuzaki passe ses derniers instant à savourer de délicieuses sucreries, Light lit attentivement les rapports de son père concernant le gouvernement. Tout à coup, une horrible idée lui vient à l'esprit : est-il possible que la police soit derrière l'assassinat de Sôichirô ? Il est plus que probable que ça soit le cas, ça expliquerait pourquoi elle a étouffé l'affaire. Il se précipite vers son ami pour avoir son avis. Mais alors qu'il se retourne pour avancer vers lui, il constate que sa cuillère est au sol. Lawliet ne semble plus bouger, et cette fois-ci Light soupçonne qu'il ne s'agisse pas d'un nouvelle crise de narcolepsie.

Il s'avance à contre-coeur du fauteuil sur lequel L repose et met la main devant sa bouche. Il ne sent aucune respiration. Une larme coule de sa joue alors qu'il cherche en vain le pouls de son ami.