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- « Amira réveille toi tu vas être en retard ! » me crie une voix, qui venait de me réveiller d'un seul coup.


J'ouvre les yeux difficilement et regarde mon réveil qui n'a -encore- pas daigné remplir sa fonction de réveil : c'est à dire sonner le matin. Il est 7h. Je suis en retard. Ma journée commence bien.

Je me redresse, m'étire, regarde par la fenêtre quelques instants et part prendre ma douche, en prenant soin de maudire mon réveil une nouvelle fois. Dix minutes plus tard, je sors de celle-ci, habillé d'un simple jean noir et d'un pull à capuche noir. Je prend ma veste et mon sac, et sors de ma chambre en prenant soin de fermer la porte derrière moi. En descendant les escaliers une délicieuse odeur de menthe et de miel viennent chatouiller mes narines. Arrivée en bas, je tourne la tête et voit ma mère assise, une tasse de thé à la main, avec un plateau remplit de nourriture en tout genre sur ses genoux. Je souris, et me dirige vers elle :


- « Comment tu ferais si je n'étais pas là ? Tu serais encore endormi à l'heure actuelle ! » me dit-elle en souriant, tandis qu'elle ferme les yeux lorsque je l'embrasse sur le front.

- « Merci mama »

- « Dépêche toi de manger, ton déjeuner est sur la table de la cuisine. »


Je vais vers la cuisine et effectivement, voit ma gamelle remplit. Qu'est-ce que je ferais sans ma mère sérieusement.

Je la prend, la met dans mon sac, et repart dans le salon avec un verre de thé entre les mains. Je reste debout à côté d'elle et regarde la télévision avec elle : même si je suis en retard, je refuse de partir en trombe sans passer un petit moment avec elle, ne serait-ce juste cinq minutes. Je jette un oeil sur ma mère et la voit concentrée devant la télé, lunettes aux nez et stylo à la main,  en train de noter une énième recette que la présentatrice présente, dans son petit carnet rouge que je lui ai offert il y a quelques mois de cela.
Chaque matin elle ne loupe pas la fameuse recette de sa cuisinière préférée, elle ne l'a manquerait pour rien au monde. Elle note même les recettes qu'elle ne fera jamais. Je ne peux pas lui en vouloir pour cela : cette émission fait partie des quelques choses qui lui rappelle sa vie d'avant, sa culture, depuis qu'on a déménagé aux Etats-Unis il y a dix ans de cela.

Elle a beau me dire le contraire, je sais qu'elle ne se plaît pas ici, après tout qui s'y plairait : cet endroit est aussi insipide et ennuyant que... je n'ai aucun exemple pour comparer. Cela en dit long.


- « Tu as quoi comme matière aujourd'hui ? » me demande-t-elle les yeux rivés sur la télévision.

- « Histoire, Français, et ensuite du temps libre. Comme tout les mardis. »

- « Bien, tu vas pouvoir leur montrer tes talents de bilinguisme ! »

- « Mama... » soufflé-je en allant poser mon verre vide dans la cuisine.


Elle détourne son attention de la télévision, pose son stylo et son petit carnet rouge sur son plateau et se dirige vers moi, ses mains scotchés sur les roues de son fauteuil.


-  « Tu es exceptionnelle ma fille ! Ne laisse personne te dire le contraire ! »

- « Oui mama. »

- « Bon vas-y tu vas être en retard ! Fait attention sur la route.»


Je me penche vers elle, lui embrasse le front et me dirige vers la porte d'entrée. Comme chaque matin, pendant que je fais ma traditionnelle queue de cheval je prends quelque instant pour regarder un cadre photo à l'entrée.
Je finis par sortir, ferme la porte derrière moi, marche vers ma voiture et la déverrouille. Je jette mon sac sur le siège passager, allume le contact et démarre direction le lycée. J'ai vingt minutes de route devant moi. Comme chaque matin, pour passer le temps j'insère le disque préféré de ma mère, et roule le long de la route de campagne sous les rythmes musicaux maghrébin des années 90. J'ai beau critiquer le trou perdu dans lequel nous vivons ma mère et moi, mais il y a une chose que j'affectionne malgré tout : ce sont les paysages et la nature à couper le souffle. Le peu d'avantage de vivre éloigné de la ville.


Malheureusement, comme toute les bonnes choses ont une fin, je finis par arriver en ville. Je trouve ma place habituelle et m'y gare. Je sors de la voiture, la verrouille et marche les 500 mètres qui séparent ma place de parking du lycée, en prenant soin de boucher mes narines dû aux odeurs nauséabondes des poubelles.

Pourquoi je me gare aussi loin, et surtout à côté des bennes à ordures ? Vous le comprendrez rapidement croyez moi.

J'enfile mes écouteurs et me faufile dans la foule des lycéens pré-pubères, la même odeur vient chatouiller mes narines comme chaque matin depuis que je suis dans ce lycée : l'odeur du déodorant bon marché, du parfum pour certain, de cigarettes pour d'autres, chacun ses goûts. J'arrive rapidement dans le couloir principal et me dirige vers mon casier où je prends mes affaires d'histoire. Ma tête se balance aux rythmes des percussions et des notes de musiques orientales quand je rentre dans la salle d'histoire, qui était déjà rempli. Je m'assois à ma place de d'habitude, au troisième rang à côté de la fenêtre, et attends la professeur, les écouteurs toujours dans mes oreilles pour ne pas écouter les discussions inutiles et inintéressantes des autres élèves.

Je ne suis pas en retard finalement.

Voyant la professeure arrivée, j'enlève mes écouteurs et les rangent dans mon sac. La professeure s'installe, et écrit le sujet du cours d'aujourd'hui. Plus elle écrit, plus je me rend compte que j'aurais pu ne pas venir en cours ce matin.

Vous ne comprenez toujours pas n'est-ce pas ? Patience.

La professeure se décale et nous laisse découvrir le sujet du cours d'aujourd'hui. Je sens certain regard sur moi, comme si la professeure venait d'écrire mon prénom sur le tableau.

Ici, dans cette ville où les habitants sont en majorité racistes et fermés d'esprits, c'est tout comme.

- « Aujourd'hui, nous allons étudié la tragédie du 11 septembre 2001, l'attentat terroriste le plus meurtriers de l'histoire des États-Unis. »


Vous comprenez maintenant ?

Everything is written.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant