Everything is written.

29

- "T'aimes bien ?"

- "Bof, il y a mieux."

(...)

- "Et celle là ?"

- "J'aime pas du tout, elle te grossit."

(...)

- "Alors ?"

- "Tu as réellement réfléchi quand tu l'as prise ?"

(...)

Elle sort de la cabine vêtue d'une autre robe, et voyant ma grimace, elle ne dit rien et repart sans discuter dans la cabine se changer. Cela fait maintenant plus d'une heure que nous sommes là, et Hana n'a toujours pas trouvé LA robe parfaite. Il ne s'agit pas seulement de choisir une robe qui lui va, il faut trouver LA robe. Je sais que cette soirée compte énormément pour Hana, je veux qu'elle soit parfaite pour la soirée de ses rêves.

Quelques minutes plus tard elle ressort de la cabine cette fois-ci habillé de ses propres habits, et sous le bras toutes les tenues qu'elle a essayé. Après avoir rendue les tenues à la vendeuse, c'est la mine déconfite qu'elle s'assoit à côté de moi sur la banquette.

- "Il n'y a rien d'autre dans le magasin qui puisse te plaire ?"

- "Non, et c'est le seul magasin qui rentre dans mon budget... je vais devoir aller au Bal avec l'ancienne robe de ma soeur."

Elle souffle et baisse sa tête en signe de déception. Je me mets à regarder le magasin, et d'un coup un flash m'apparaît. Je me lève d'un coup sous le regard intrigué d'Hana, et part dans le rayon "tenue de soirée". Je me dépêche d'arriver vers le rayon en voyant d'autres personnes rôder autour et arrive devant l'objet de ma convoitise : la robe rose pâle que j'avais repérer tout à l'heure. Je cherche la taille d'Hana, et heureusement je finis par trouver la robe adaptée. Je tourne la tête à la recherche de chaussures et prend la première paire de talon que je vois, une paire simple, mais très élégante. C'est toute fière de moi que je repars vers les cabines d'essayages où j'ai laissé Hana, qui lève son sourcil en me voyant arriver avec une robe en main et la paire de talon dans l'autre.

- "Qu'est-ce que c'est ?"

- "Va l'essayer, tu m'en diras des nouvelles."

- "Où est-ce que tu l'as trouvé ?"

- "Dans le rayon, elle était dans un coin, et en plus elle est en réduction. Va l'essayer !"

- "Si ça peut te faire plaisir."

Je lui tend la robe qu'elle inspecte quelques instants, et la pousse vers sa cabine impatiente de voir le résultat. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai un bon pressentiment. Impatiente je me mets à tourner en rond, et trouve le temps relativement long. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire ?

Tandis que je regarde mon reflet dans le miroir, j'entends une voix m'appeler. Je me retourne, et là, les mots me manquent. Un sourire se forme instantanément sur mon visage, tandis qu'elle lâche ses cheveux bouclés qui retombent sur ses épaules nues. Elle se met à marcher le long du couloir, et mes yeux ne peuvent s'empêcher de la détailler de la tête au pied : des détails présents sur les petites manches retombants sur ses bras, jusqu'à la longue traine qui frôle le sol, en passant par la forme de la robe qui s'épouse parfaitement avec sa taille et les talons qui met en valeur ses longues jambes.

En d'autre mots et pour faire plus court, elle est parfaite.

- "Qu'est-ce que tu en penses Amira ?" dit-elle en tournant sur elle-même telle une princesse

- "... Parfait."

- "Je n'avais pas vu cette robe comme cela, je ne pensais pas qu'elle serait aussi belle."

- "Non, pas la robe. Toi. Tu es parfaite."

C'est sorti tout seul. Hana baisse la tête gênée et je peux voir de là où je suis ses pommettes rougir. Je ne peux m'empêcher de sourire en la voyant là, debout devant moi. Sa seule présence me rend heureuse.
Elle relève la tête et me regarde avec un sourire en coin. Son fameux sourire en coin.
Cette fois, c'est moi qui suis gêné et fuit son regard : plus le temps passe, plus j'ai du mal à soutenir son regard, ses yeux bleus m'intimident.

J'entends le bruit des talons sur le parquet et relève la tête, d'un coup sans m'en rendre compte je me retrouve dans les bras d'Hana qui me serre contre elle. Elle resserre son étreinte, je fais donc de même et plonge ma tête dans le creux de son cou. Son doux parfum floral m'enivre, je ne me lasserai jamais de cette odeur.

- "Merci pour la robe." me chuchote-elle près de mon oreille.

Je me détache d'elle, et me retrouve à seulement quelques centimètres d'elle. Seulement quelques centimètres nous séparent, je sens le rouge me monter aux joues, tandis que je sens et j'entends la respiration d'Hana s'accélérer. C'est la deuxième fois que l'on se retrouve dans une situation aussi exigüe et intime elle et moi depuis notre journée au lac.
Et comme la dernière fois, une chaleur indescriptible et agréable se met à brûler dans le fond de mon être. Mes yeux lorgnent vers ses lèvres pulpeuses et rosées, tandis que je la vois mordre très légèrement sa lèvre inférieure. Ses yeux louchent vers ma bouche, et la voit se rapprocher tout doucement.

Plus près, encore plus près...

Prise de panique, je me recule lentement, penche ma tête sur le côté et sourit doucement. Je la regarde et la voit sourire à son tour, mais pendant une demie seconde je vois dans son regard une pointe de déception.

Elle s'éloigne de moi et part rapidement se changer dans sa cabine d'essayage, et me laisse là. Je pars m'asseoir sur la banquette et passe mes mains sur mon visage, tandis que l'adrénaline redescend doucement. Que s'est-il passé ? La chaleur disparaît, et je me mets à regarder dans le vide sans trop comprendre ce qui s'est passé : pourquoi me rend-t-elle si... vulnérable ? Si je ne m'étais pas décalé, qu'est-ce que si ce serait passé ?

Se pourrait-il que... Non, il n'y a plus de doutes possible.

Je m'aventure sur une route dangereuse, une route qui m'est inconnue, et surtout une route sur laquelle je risque de perdre le contrôle.