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Je lui tourne le dos et marche jusqu'à la voiture, quelques instants plus tard, j'entends des pas venir vers moi et nous marchons ensemble vers ma voiture.

- « Pourquoi tu te gares aussi loin ? »

- « Parce qu'un jour, tes amies ont eu la merveilleuse idée de recouvrir ma voiture d'oeufs et de farine en deuxième année. » dis-je sans la regarder.


Oui, c'est vraiment arrivé. Ce jour là, je pense que je n'ai jamais autant été humilié de ma vie.


- « Je n'étais pas au courant, j'en suis désolé. Si j'avais été là, jamais cela ne se serait produit. » dit-elle le regard dur.

- « C'est du passé, disons que maintenant je prend mes précautions. La voici. » dis-je en pointant du doigt ma voiture derrière la benne à ordure.


Je la déverrouille et monte dedans. Hana va vers le coffre et met le vélo à l'intérieur. Après avoir fermé le coffre elle monte côté passager, et pour la première fois depuis longtemps je jette mon sac sur la banquette arrière. Elle met sa ceinture et regarde attentivement l'intérieur de la voiture.


- « Pour une voiture qui s'est mangé des oeufs et de la farine, elle est cool ! »

- « Bien sûr qu'elle l'est ! Mets ton adresse sur le GPS » lui demandé-je en lui tendant le GPS.


Elle s'exécute, pendant ce temps je retire mes écouteurs, puis j'attache ma ceinture et allume le contact. On finit par démarrer et on roule jusqu'à chez Hana.


- « On en a pour quinze minutes. » dit Hana en posant le GPS sur le tableau de bord.

- « Ça marche. » dis-je en empruntant la grande avenue.


Nous roulons en silence le long de l'avenue principale de la ville, qui cette heure-ci, est déserte. Nous sommes en novembre, les feuilles des arbres commencent à peine à tomber sur le sol. Le ciel est légèrement nuageux, et l'air est ni froid ni chaud. La température parfaite selon moi. Je tourne ma tête de temps à autre vers Hana et la voit en train de scruter le ciel, avec une certaine fragilité dans son regard que j'arrive à discerner une demi seconde seulement. Je reporte mon attention sur la route, et rapidement, nous quittons la ville pour ma route de campagne préférée.

Tandis que nous roulons tranquillement dans un silence apaisant, Ana finit par briser le silence.


- « Pourquoi c'est silencieux ? »

- « Tu n'aimes pas le silence ? »

- « Non pas trop. T'as pas la radio ?

- « Non elle est cassée. »

- « Oh. »


On replonge une nouvelle fois dans un silence, mais il n'a fallut que trois secondes pour qu'Hana le brise une nouvelle fois.


- « T'es pas bavarde toi. »

- « Seulement quand c'est nécessaire. »

- « Je vois, mais moi tu vois je suis tout le temps bavarde. Tu vas devoir t'y habituer. »

- « Et moi c'est l'inverse. Tu vas devoir t'y habituer. » lui réponds-je en souriant.


Je sens son regard sur moi, puis je l'entends rigoler. Elle ouvre la fenêtre, et je la vois passer son bras par celle-ci. Je reporte mon attention sur la route et nous continuons de rouler dans le silence. Cinq minutes plus tard je quitte la route de campagne et et roule vers Shelburne. Grâce au GPS on arrive rapidement à destination, et contrairement à ce que je pensais, on arrive devant une toute petite maison, recouverte de barrière métallique. Je ne fais pas plus de commentaire que cela, me gare, et regarde Hana, qui elle, fixe la maison avec un regard très ferme. Sentant mon regard sur elle, elle me regarde, et d'un coup son regard s'adoucit.


- « Merci beaucoup de m'avoir raccompagner, c'est pas tout le monde qui l'aurait fait. »

- "Même tes copines ?"

- « Surtout mes "copines" » dit-elle en insistant sur le mot copine.


Je l'a regarde détacher sa ceinture et la voit sortir de la voiture, aller vers le coffre, l'ouvrir et prendre son vélo. Elle le ferme, fait le tour de la voiture, et vient devant ma fenêtre que j'ouvre.


- « Demain tu vas faire comment pour aller au lycée ? »

- « Alors là... aucune idée » dit-elle en rigolant.

- « Je serais ici à 7h30. Une minute de retard et je pars sans toi. » dis-je en remontant la fenêtre pour qu'elle ne rajoute rien d'autre.


Elle allait parler, mais au lieu de cela me regarde et me sourit. J'arrive à lire sur ses lèvres qu'elle me dit merci, et me tourne le dos en trainant son vélo, du moins ce qu'il en reste. Je l'a regarde rentrer chez elle, allume le contact et décide de partir pour enfin rentrer chez moi. Sur la route, je mets le disque de ma mère et chante en même temps que le chanteur. Je suis de bonne humeur.


Une dizaine de minutes plus tard j'arrive devant ma maison. Après avoir garé la voiture, je rentre à la maison, enlève mes chaussures et part directement dans le salon à la recherche de ma mère, qui comme je le pensais est allongé sur le canapé et est en train de dormir. Je ramène un drap et la couvre délicatement. Après cela je pars dans la cuisine, me prend un verre de jus et le bois en regardant le ciel par la fenêtre, qui s'était éclairci entre le moment où j'étais en voiture avec Hana et maintenant.

Comment est-ce que j'ai pu faire pour l'avoir ignorer toutes ces années ?


Everything is written.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant