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De retour sur l'herbe, Hana remet son pantalon et son t-shirt, tandis que je remets mon pull et mes chaussures. Je suis encore trempé et j'ai très froid, je reste sur mes positions en disant que c'était une mauvaise idée de se baigner. D'autant plus qu'en quelques minutes, le ciel s'est assombrit et le vent souffle très fort.


- "C'est un signe pour que l'on rentre" dit Hana en rigolant la tête levé vers le ciel.

- "Clairement !"


J'attrape mon sac à dos ainsi qu'un sac plastique où il y a nos déchets et m'avance vers le rivage pour regarder une dernière fois le lac, pensive. J'ai passé une bonne journée. Alors que j'allais me retourner vers Hana pour la remercie de m'avoir fait découvrir son endroit, un flash nous éblouit, et le tonnerre gronde la seconde qui suis. Avant même que l'on s'en rende compte, une grosse averse nous tombe dessus. J'entends Hana crier de surprise, je me retourne et me met à courir vers elle, je lui prend la main et me remet à courir vers les marches en rigolant. 

Elle me suit dans ma rigolade et nous courons toutes deux dans les escaliers et arrivons rapidement vers la voiture qui n'a pas bougé, on se dépêche de la déverrouiller et on rentre dedans. Je suis complètement trempé, je regarde Hana et voit qu'elle l'est également, on se regarde quelques secondes et on explose de rire.


- "Ce fût une journée... intense" finit-elle par dire après s'être calmé.

- "Je confirme ! Merci beaucoup pour aujourd'hui. J'ai passé un très bon moment."

- "Le plaisir est partagé. Tu veux conduire ?"

- "Pas spécialement."

- "Ça marche, attache ta ceinture. Direction la maison !" dit-elle en tournant la clé.


La voiture démarre et nous avançons à travers la foret. Quelques minutes plus tard nous arrivons sur la route de campagne et nous roulons le long de celle-ci, tandis que la pluie continue de s'abattre sur le pare-brise. Nous sommes en silence dans la voiture, pas un silence lourd ou gênant, mais un silence apaisant : pour ma part je me remets de mes émotions, la tête posée sur la vitre et regarde les gouttes d'eaux s'écraser sur celle ci. Je finis par détacher ma tête de la vitre et me tourne vers mon amie qui a les yeux rivés vers la route qui est devant nous. Au moment où mes yeux se posent sur elles, je me remémore ce qui s'est passé quand nous étions dans l'eau tout à l'heure.

Je n'avais jamais ressenti cela, c'était comme une chaleur qui grandissait en moi, qui s'intensifiait au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient : je ne comprenais pas ce qui s'était passé, et je n'aime pas ne pas comprendre. 


- "Tu penses à quoi ?" dit Hana


Je me tourne vers elle surprise, et voit qu'elle me sourit : elle peut lire en moi avec une telle facilité, c'est effrayant.


- "Oh rien, ne t'en fait pas."

-" Je vais faire comme si je croyais à ton mensonge et je vais subtilement changer de sujet." me dit-elle avec un sourire en coin "Dit Amira je ne t'ai jamais demandé."

- "Dis moi."

- "Tu crois en Dieu ?"

- "Tu as vraiment changé de sujet là !"

- "Tu préfères que je revienne sur ma précédente question ?" lâche-t-elle en rigolant.

- "Sans façon." lui réponds-je en rigolant doucement. "Et pour te répondre, oui. Pourquoi cette question ?"

- "Parce que j'ai vu que ta maman est très pratiquante, et je ne savais pas ta position à ce sujet."

- "Oh, d'accord. Et toi ?"

- "Avant non, mais depuis quelques années oui. Enfin depuis la mort de mon petit frère. Après je ne me suis pas encore intéressé de manière plus approfondie aux trois religions principales pour te dire précisément la nature de ma foi."

- "Je vois... À toi de voir à quelle religion tu te sens le plus connecté si tu ressens le besoin d'avoir une spiritualité."

- "Je vais te poser une question encore plus indiscrète, tu te considères musulmane parce que tu as été élevée dans une famille musulmane ou bien parce que tu te sens connecté avec cette religion ?"

- "Je me suis posé cette question beaucoup de fois, mais non. Ma religion me permet de savoir où je vais, c'est comme ma boussole. Même si je me perds, je sais qu'elle sera toujours là."

- "C'est très beau ce que tu dis. J'envie les personnes comme toi".

- "Comme moi ?"

- "Oui, tu as l'air d'être tellement sur de toi dans ta foi, ça inspire le respect. "

- "Pas tout le temps tu sais."


Elle me regarde quelques secondes, puis se re concentre sur la route.


- "Tu penses que j'ai des chances d'aller au paradis s'il y en a un ?"

- "Je ne suis pas Dieu, mais je ne vois pas de raison qui dirait le contraire. Arrête de te rabaisser constamment, tu es..."


Je n'arrive pas à terminer ma phrase, tandis qu'Hana me lance quelques regards curieuses. Je me mords la lèvre frustrée et tourne ma tête vers la vitre : je ne sais pas pourquoi j'ai un tel blocage devant elle, elle m'intimide. D'un coup j'entends un rire et sens une pression sur ma main.


- "Tu n'as pas besoin de dire quoi que ce soit, je sais ce que tu penses de moi."

- "Ah oui ? Et donc ?" dis-je en gardant la tête orienté vers la vitre, évitant ainsi son regard

-Tu le sais déjà... et puis, je pense la même chose de toi." finit-elle par dire timidement.


Je reste immobile quand elle a prononcé ses mots, pourquoi est-ce que cela me fait autant plaisir ? Sa pression sur ma main grandit, tandis que sens le vouloir j'entrelace mes doigts dans les siens et nous rentrons à la maison en ne disant plus un mot. Nos silences parlent plus que nos mots. 

Une heure plus tard nous arrivons devant la maison, la pluie s'était calmé entre temps, et la nuit venait de tomber. Nous sortons de la voiture, prenons nos sacs et marchons jusqu'à la maison. Je fouille dans ma sac, trouve la clé et l'insère dans la serrure. Je fais signe à Hana de ne faire aucun bruit et nous pénétrons doucement dans la maison. Je referme la porte derrière moi et d'un coup la lumière s'allume, je sursaute surprise et me retourne lentement.


- "..."



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